Avenir de l'agriculture
L'agroforesterie contre le réchauffement climatique - Des paroles et des actes
Le réchauffement climatique va t-il faire décoller l'agroforesterie ? Les expériences se multiplient. Exemple en Auvergne. Pâturages et châtaigniers, c’est le schéma retenu par un groupe d’éleveurs bovins du Cantal. La technique devrait leur permettre de mieux faire face aux épisodes de sécheresse de plus en plus fréquents et donner l’opportunité de réimplanter une culture traditionnelle. De l'ombre pour les vaches et de beaux paysages.
Le réchauffement climatique va t-il faire décoller l'agroforesterie ? Les expériences se multiplient. Exemple en Auvergne. Pâturages et châtaigniers, c’est le schéma retenu par un groupe d’éleveurs bovins du Cantal. La technique devrait leur permettre de mieux faire face aux épisodes de sécheresse de plus en plus fréquents et donner l’opportunité de réimplanter une culture traditionnelle. De l'ombre pour les vaches et de beaux paysages.
Christian Dupraz, chercheur à l’Inra, travaille depuis de longues années sur l’agroforesterie. En 2017, lors d’une conférence organisée par Fermes d’avenir à Paris, il faisait pourtant le constat d’une recherche « faible et balbutiante » et regrettait qu’ils ne soient qu’une « petite poignée » à y travailler dans le centre de recherche, alors que ces sujets sont « prioritaires ». En 2014, il observait aussi que « ça fait des paysages qui parlent à tout le monde », mais peu savent que c’est de l’agroforesterie. « Aujourd’hui, on doit être à 1 % de la population française qui a une idée à peu près correcte de ce que c’est », estimait-il il y a cinq ans.
« Je dis souvent que l’agroforesterie gagnera quand une personne Lambda interrogée dans la rue saura ce que c’est » disait encore le chercheur à cette époque. Et si le rapport 2019 du GIEC, le Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat, présenté le 8 août, était en train de permettre cette avancée à pas de géants ? Il est en effet fortement question d'agroforesterie dans les pages de ce volumineux document et le terme est largement repris par les médias.
Pour apprendre à mieux connaître cette pratique, les chambres d'agriculture viennent d'éditer un guide. Vrai ? Faux ? Idées reçues ou vérités ? Faites le test.
Des paysages de vaches et châtaigniers
L’Union du Cantal du 29 juillet présente un modèle expérimenté par des éleveurs de bovins : la réintroduction du châtaignier dans les pâtures. Benoît a démarré cette année cet « investissement pour l’avenir ». Jacqueline et Gilles ont plus de recul puisqu’ils ont commencé il y a huit ans. Ils témoignent dans le journal départemental des vertus de la technique : « On a de plus en plus de sécheresse, ces arbres permettent aux vaches d’être à l’ombre ». Ils préviennent cependant : « Les premières années, à la plantation, ça prend du temps. Il faut arroser, protéger les plants contre les cervidés, élaguer… ». Romain Laveissière s’est lancé lui aussi dans l’aventure par « passion » et « attachement patrimonial », analyse le journal, et pour « venir en relais des châtaigniers multicentenaires ».
A la chambre d’agriculture du Cantal, la conseillère Laurence Bruel observe : « Ici, on a essentiellement des éleveurs et il faut vraiment conserver l’utilisation du sol pour les animaux tout en mettant des arbres en production sachant qu’au-delà de l’ombre, d’une pousse d’herbe favorisée sous les arbres, ces derniers sont de sacrés pièges à carbone ! »
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