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Past’Orale filme le savoir-faire des bergers

Conduit sur deux ans, le projet Past’Orale avait pour objectif de recenser et rendre accessibles les savoir-faire et connaissances des bergers et bergères.

S’il existe des ouvrages recensant les connaissances pastorales, la transmission du savoir-faire des bergers et bergères se fait avant tout à l’oral et in situ. Or si l’apprentissage « sur le tas » a du bon, il est aussi essentiel d’apporter cette connaissance dès que possible dans les formations agricoles. Le projet Past’orale a ainsi été lancé en septembre 2020 dans le but de créer des supports de formation vidéo sur cette thématique. À l’occasion de la fin du projet, qui s’est étendu sur deux ans, l’Institut Supagro de Florac-Trois-Rivières, en Lozère, a accueilli une quarantaine de participants, sans compter les 32 personnes qui suivaient à distance.

Huit enjeux d’apprentissage autour du pastoralisme

« Nous avons en premier lieu réalisé un panorama de l’agrospastoralisme en France, explique Élodie Lelong, en charge de la conduite du projet. Cela nous a servi à recenser les besoins de formation locaux sur les connaissances agropastorales. » Cette première enquête a permis d’identifier huit enjeux d’apprentissage, principalement centrés sur l’alimentation des brebis avec l’organisation, la conduite du troupeau et l’optimisation de la valorisation de la ressource végétale. Le recours au chien de conduite est également un sujet important, savoir doser son intervention au bon moment et à la bonne fréquence. L’intervention humaine sur les animaux, les soins à apporter en cohérence avec ce qui a été observé, sera également abordée dans les vidéos. Pour finir, la dimension agroécologique, avec la conciliation des enjeux zootechniques et la gestion de la végétation a été mentionnée dans ces enjeux du pastoralisme.

Des vidéos pour montrer la diversité du métier

Une douzaine de bergères et bergers se sont prêtés au jeu et ont accepté d’être filmés tandis qu’ils réalisent les gestes du quotidien de gestion du troupeau. Ces mêmes bergers commentent ensuite les vidéos afin d’apporter plus de précisions et d’arguments sur leur manière de faire les choses. « Ces vidéos n’ont pas vocation à servir d’exemple, souligne Elodie Lelong. Ce sont avant tous des bases pour ouvrir le débat avec les apprenants : « auriez-vous fait comme ça ? Qu’est-ce qui peut être amélioré ? ». L’enseignant devra les accompagner pour la bonne lecture de ces vidéos. »

50 vidéos support de formation

En tout, c’est une cinquantaine de vidéos, de quatre à dix minutes qui ont été réalisées. Elles seront toutes mises en accès libre sur le site de l’Institut de l’Élevage, qui prévoit trois parcours d’approche : global, thématique et interactif, avec une vue d’ensemble du ou des sujets abordés dans chaque vidéo.

Toutes les vidéos se déroulent in situ, avec les commentaires en off des bergers et bergères. Le projet couvrait un territoire découpé en trois zones distinctes : la garrigue, les Cévennes et les Causses. « Les profils des éleveurs sont relativement variés du fait des spécificités de chaque zone, mais nous avons essayé de traiter des sujets communs à chacun », reprend Élodie Lelong. Enfin, les vidéos ont été réalisées avec la participation d’une ergonome, qui a su apporter son regard d’expert sur la gestuelle tout en ayant un œil neuf sur les situations. Cécile Barbier n’avait en effet jamais vraiment côtoyé le monde de l’élevage ovin avant cette expérience. « La gestuelle des bergers s’approche de celle des sportifs de haut niveau : on va aller droit au but, un geste pour un objectif, avec une interaction avec le monde (le troupeau, la ressource fourragère, etc.) et une certaine esthétique dans cette réalisation », décrit l’ergonome.

Past’Orale aura une suite, le projet de diffusion des vidéos va être déposé d’ici la fin de l’année. Mais ça ne sera pas Élodie Lelong qui le pilotera, car la jeune femme souhaite à son tour devenir bergère.

Guillaume, un berger motivé par la transmission

Guillaume Constant s’est prêté au jeu des vidéos et apparaît dans plusieurs d’entre elles en expliquant son travail sur des points précis. Il commente ses gestes, ses ordres au chien, ses attentes et ses objectifs pour le troupeau. Fort de son expérience de berger depuis 20 ans dans un groupement pastoral tous les étés, il a à cœur de partager ses connaissances. Pour cela, il est formateur à l’école des bergers du Merle, à l’Institut Supagro de Florac et pour les chambres d’agriculture. « C’est très important pour moi de transmettre, mais de mon point de vue, il faut que j’exerce le métier pour être crédible et légitime auprès des apprenants », soutient-il. Pour lui, « ces vidéos sont un bon support d’animation et de discussion, mais ce ne sont pas des fins en soi. Et il est important d’avoir des informations permettant de recontextualiser ce qui apparaît à l’écran. »

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