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Le Mouton Vendéen planche sur son gène d’hyperprolificité

Identifié par l’Inra chez le Mouton Vendéen, le gène majeur d’hyperprolificité pourrait avoir des conséquences sur la stratégie du schéma de sélection.

Originaire des Pays de la Loire et Poitou-Charentes, la race Mouton Vendéen est agréée en 1967. Déjà le premier président de l’Association des éleveurs de Mouton Vendéen soupçonne un caractère d’hyperprolificité héréditaire chez ses brebis. En 2015, l’Inra de Toulouse commence un programme de recherche sur la détection de gènes dits « majeurs » (c’est-à-dire ayant un effet important sur le contrôle de la prolificité). L’Inra identifie un polymorphisme du gène BMP15, déjà connu en race Grivette. Il se situe sur le chromosome sexuel X, et est responsable d’une hyperprolificité, expliquée par une hyperovulation. Les femelles porteuses de la mutation (hétérozygotes ou homozygotes) sont plus prolifiques que les non porteuses. L’état homozygote induit une plus forte prolificité, et pas de stérilité. « En moyenne, la prolificité du Mouton Vendéen est de 1,77, précise Charline Rousseau, animatrice de l’organisme et entreprise de sélection (OES) Mouton Vendéen. Avec la mutation, on a une augmentation de 0,3. Les brebis porteuses de l’allèle muté auront, au cours de leur carrière, au moins une fois une portée multiple de trois ou quatre agneaux en naturel. »

En attente des études pour l’intégrer dans le schéma de sélection

La mutation bénéfique n’est pas transmise de manière systématique d’une mère hétérozygote à sa descendance. Cela peut entraîner des variations importantes de performances de prolificité entre individus d’une même lignée. L’OES souhaite que l’information de ce gène majeur soit intégrée à terme à l’index prolificité pour corriger la performance des animaux en fonction du statut porteur ou non porteur de la mutation. « Cette prise en compte va prendre un peu de temps car elle nécessite de connaître le génotype d’un nombre très important d’animaux de la base de sélection, ce qui n’est pas encore le cas. » explique Agathe Cheype, chef de projet sélection ovin viande à l’Institut de l’élevage. La fréquence et les effets de l’allèle muté ainsi que les corrélations avec les autres caractères en sélection sont encore au stade de recherche par l’Inra et l’Institut de l’Élevage. Par ailleurs, le schéma devra définir une stratégie collective de gestion de ce caractère d’hyperprolificité, pour l’instant, les avis des éleveurs divergent. « Plus d’agneaux, c’est bien mais c’est aussi beaucoup de travail, donc tout dépend de l’orientation technique des éleveurs », explique Charline Rousseau.

Vers une indexation européenne ?

La race Mouton Vendéen n’est pas implantée qu’en France. On la trouve aussi en Irlande, avec un schéma de sélection spécifique au pays. « Il y a peu d’échanges avec l’Irlande malheureusement. On voudrait bien des reproducteurs ou des semences dans un objectif de diversité génétique mais leur modèle de sélection n’est pas le même » explique Charline Rousseau. Le mouton à la couleur gris souris est aussi implanté en Bulgarie depuis l’année dernière avec l’exportation de 250 agnelles et dix béliers. L’importateur a pour projet de monter un cheptel de 8 000 brebis. Il souhaite gérer ce troupeau en race pure et rester dans la base de sélection. « Cela demandera un contrôle qualité important. Mais le fait de garder la race en pure est intéressant pour notre indexation génétique. En France nous avons 7 500 brebis dans le schéma de sélection, son cheptel doublerait nos effectifs », déclare Charline Rousseau.

Avec l’entrée en vigueur au 1er novembre 2018 du règlement zootechnique européen et le démarrage du projet de recherche Smarter (projet européen H2020 porté par l’Inra), les initiatives de collaboration européennes sont favorisées. Ce projet devrait permettre d’évaluer les intérêts et de tester la faisabilité d’une indexation européenne. « On est au tout début de la réflexion avec nos collègues de l’Inra, explique Agathe Cheype. Nous allons échanger sur l’organisation des schémas de sélection de nos voisins et sur la manière dont les performances et les généalogies des animaux sont enregistrées et mesurées avant de pouvoir comparer des données entre pays. » Un index à l’échelle européenne permettrait de baser les échanges avec l’Irlande et la Bulgarie sur une valeur génétique commune par exemple.

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