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Le lait de brebis impacté par le Covid-19

La collecte de lait de brebis se poursuit mais les marchés fromagers ont été bouleversés par la crise du Coronvavirus.

La fermeture des marchés, des cantines, des restaurants et des rayons coupe a bouleversé la distribution du fromage. © D. Hardy
La fermeture des marchés, des cantines, des restaurants et des rayons coupe a bouleversé la distribution du fromage.
© D. Hardy

La filière lait de brebis a, elle aussi, été impactée par la crise du Covid-19. Les transformateurs, artisans et producteurs fermiers ont subi la fermeture de la restauration hors domicile, que ce soit dans les cantines scolaires ou d’entreprises ou dans les restaurants. La fermeture, puis la réouverture progressive, des marchés de plein vent a aussi perturbé le marché fromager. Des volumes ont aussi perdu à l’export.

Dans les grandes surfaces, les fromages en libre-service ont connu une croissance du fait de la hausse de consommation domestique. A contrario, les fromages les plus haut de gamme et traditionnels, les fromages fermiers et ceux sous appellation ou vendus au rayon coupe ont connu des baisses d’achat. La fermeture des rayons traditionnels dans certaines grandes surfaces a impacté la consommation alors que 30 % des fromages au lait de brebis sont vendus par ce rayon coupe.

Recentrage de la consommation et absentéisme

Un sondage OpinionWay pour le Cniel réalisé début avril confirmait le reformatage des choix alimentaires des Français avec un recentrage sur l’essentiel en préférant des valeurs sûres et des produits connus et éprouvés. Si les produits laitiers sont globalement valorisés pour leur caractère essentiel et parce que leur intégration en cuisine les rend particulièrement recherchés, « le choix s’opère sur la base des qualités de conservation des produits, des références personnelles, de la capacité de choisir très vite le produit en rayon, de l’absence de manipulation préalable et en magasin et du prix, ce qui n’est pas favorable aux fromages de tradition ou à la coupe », note l’étude.

Dans les laiteries, un absentéisme de 15 à 20 %, lié aux arrêts maladie et aux gardes d’enfants, s’est couplé à la réorganisation pour garder les distances sociales et a ralenti la cadence des lignes de fabrication alors en plein pic de collecte. Le transport de lait d’un territoire à l’autre a aussi été perturbé quelque temps. Les entreprises ont eu peur de ne pas arriver à absorber tout le lait et certaines ont demandé à leurs producteurs de temporairement fournir moins de lait. Pour le roquefort et l’ossau-iraty, les fromageries ont heureusement pu allonger quelque temps la durée d’affinage pour s’adapter à la demande. Quelques entreprises pourraient aussi profiter du dispositif européen de soutien au stockage de produit laitier.

Fromagissons pour les fromages de qualité

Le Cnaol, le Conseil national des appellations laitières, s’est alarmé de la situation des fromages sous appellation d’origine protégée qui ont connu une baisse de 60 % des ventes entre le 15 mars et le 15 avril. Si le stockage, la baisse de la production laitière ou les dons ont permis de s’adapter, le Cnaol a appelé à « Fromagir » pour soutenir les AOP. « Durant les premières semaines de cette crise sanitaire, les Français se sont détournés de nos fromages AOP, allant vers des produits utilitaires et de première nécessité, regrette Michel Lacoste, le président du Cnaol. Pendant ce temps, nos entreprises laitières et producteurs fermiers ne peuvent plus écouler leurs produits. Nous demandons des mesures d’urgences aux pouvoirs publics et appelons les Français à manger du fromage sous signe de qualité et à retrouver leurs habitudes alimentaires d’avant la crise ».

À travers l’appel « Fromagissons », contraction de « fromage » et « agissons », les filières laitières ont fédéré près de 200 chefs cuisiniers, chroniqueurs, auteurs, journalistes, scientifiques, sportifs ou encore chefs d’entreprise autour d’une « consommation solidaire pour sauver le patrimoine fromager français ».

Le roquefort modifie temporairement son cahier des charges

L’AOP roquefort a modifié provisoirement son cahier des charges pour faire face aux perturbations et au manque de main-d’œuvre. La monotraite a été autorisée. Le délai maximal d’empresurage passe de 48 à 72 heures après la traite la plus ancienne. Enfin, d’autres produits fromagers peuvent être stockés dans les installations de Roquefort-sur-Soulzon.

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