Label rouge et IGP
Des agneaux occitans médaillés et renforcés
La filière label rouge d’Occitanie veut renforcer le lien de confiance entre éleveurs et consommateurs en étoffant le cahier des charges et en proposant de nouveaux modes de consommation.
Et de cinq. Les agneaux fermiers sous signe officiel de qualité (label rouge et/ou IGP) d’Occitanie ont obtenu quatre médailles et un prix d’excellence au dernier Concours général agricole de Paris(1). La fierté est certaine au sein d’Oviqual, la structure qui fédère les associations qualité et gère le label rouge agneau fermier dans la région, décliné sous différentes marques, et les IGP. La communication se cristallisera autour de ces médailles durant les mois qui viennent. Au-delà de la qualité des produits, ces prix récompensent le travail mené par la filière occitane pour recréer du lien entre éleveurs et consommateurs et répondre à leurs interrogations. Oviqual a lancé dans ce sens en 2018 un plan stratégique, qui décline sur le terrain la réflexion lancée au niveau national par Fil rouge (Interprofession des viandes sous signes officiels de qualité). Trois axes de travail ont été mis en avant : identifier des leviers pour améliorer la marge de l’éleveur, analyser les atouts et faiblesses du label pour capitaliser sur les premiers et progresser sur les seconds et, enfin, rapprocher éleveurs et consommateurs. Le premier axe de travail a été confié à Coop de France Occitanie qui est en train d’élaborer des tableaux de bords et des outils de suivi de la performance de la filière. Ils permettront d’établir des indicateurs pour la construction du prix de l’agneau.
Un cran d’avance sur les OGM
Les médailles du Concours général confirment que la qualité supérieure des marques d’agneau fermier d’Occitanie n’est plus à prouver. Mais, encore faut-il « harmoniser la qualité perçue avec la qualité réelle », explique Gilles Bernat, président d’Oviqual. Une réflexion est donc en cours sur plusieurs thèmes chers aux consommateurs (bien-être animal, environnement, antibiotiques, OGM, pâturage) pour bien les qualifier et éventuellement les intégrer progressivement au cahier des charges au travers d’indicateurs précis. « L’idée est de valoriser auprès du consommateur le travail qui est fait avant d’ajouter de nouvelles contraintes », indique Gilles Bernat. Oviqual participe sur ces thèmes aux travaux menés au sein de Fil rouge et de l’Inao (Institut de l’origine et de la qualité) sur les conditions communes de production. Sur les OGM, la filière occitane a un cran d’avance : depuis le 1er janvier dernier, les agneaux sont obligatoirement nourris avec des aliments non OGM. Reste tout de même à résoudre la question réglementaire de l’étiquetage dans la mesure où les brebis ne sont pas soumises à une alimentation sans OGM. Une étude juridique est en cours au niveau national.
Mesurer des pratiques de pâturage hétérogènes
Le pâturage est un sujet complexe pour les labels d’Occitanie tant la variété des modes de productions est grande d’un bout à l’autre du territoire, du Ségala aux Causses en passant par les Pyrénées. Comment s’engager notamment sur une durée minimale de pâturage ? Le premier travail va consister à mesurer les différentes pratiques de pâturage. Un projet tutoré, basé sur des enquêtes (éleveurs, techniciens, consommateurs) a été confié à des étudiants sur le pâturage et les antibiotiques. Il a montré que la durée de pâturage est très variable (moins de 7 à plus de 11 mois) et que les consommateurs y sont très attachés. « Le but est de commencer à toucher du doigt ce qui se fait dans les élevages et ce qu’en pensent éleveurs et techniciens sur ces sujets, explique Sophie Huby, directrice d’Oviqual. Nous allons mesurer les pratiques de pâturage. Ensuite, nous verrons si elles sont suffisantes pour pouvoir communiquer ou s’il est nécessaire de monter un peu les exigences, voire d’introduire des indicateurs de pâturage dans le cahier des charges. » En matière d’antibiotiques, si aux yeux des éleveurs et vétérinaires, il paraît difficile de les supprimer complètement, bien qu’une large majorité de consommateurs le demande, l’idée est de valoriser « les pratiques actuelles vertueuses ». À savoir la réduction de leur usage et l’utilisation progressive de méthodes alternatives.
Innovation produit et vente directe organisée
Dans son plan stratégique, la filière prévoit également de travailler sur l’innovation produit en vue de ramener notamment les jeunes consommateurs vers l’agneau en leur proposant des produits transformés. Ce qui suppose une extension du cahier des charges aujourd’hui limité à la viande. Un projet mené notamment avec les services recherche et développement des entreprises d’aval. La filière s’interroge également sur l’intérêt de mettre en place de la vente directe organisée d’agneau label rouge. Un autre projet tutoré a été mené dans ce sens. Les éleveurs se disent très intéressés par de la vente directe en complément des ventes à la coopérative. Par contre, ces dernières sont assez réticentes. « La vente directe est une tendance forte de consommation. Nos organisations doivent être à l’affût de ces évolutions », prévient Gilles Bernat. Les enquêtes des étudiants ont néanmoins montré des approches différentes chez les consommateurs. Ceux qui achètent dans des magasins de circuits courts, tels que les Halles de l’Aveyron, estiment à leur très grande majorité que la caution du label rouge est très importante. En revanche, ceux qui achètent en magasins de producteurs ou sur les marchés estiment que le lien de confiance avec le producteur se suffit à lui-même. Réflexion à poursuivre.
« Harmoniser la qualité perçue du label et la qualité réelle »
Rendre toutes les fermes visitables
Oviqual a engagé une réflexion sur la « visitabilité des fermes ». « Nous sommes partis du constat que ses consommateurs peuvent venir dans une ferme avec leur smartphone et prendre des photos. Nous ne voulons pas être pris en défaut par rapport à l’image haut de gamme du label rouge », explique Gilles Bernat. Une grille de visitabilité est en cours d’élaboration. Elle portera sur les abords, le rangement à l’intérieur comme à l’extérieur, la récupération des déchets… Cent points qui ne se veulent pas une contrainte supplémentaire mais un « outil de progrès » avec lequel Oviqual souhaite entraîner tous les éleveurs « vers quelque chose de satisfaisant sur les aspects visuels ».