Alimenter pour garder du lait
Lors de la phase de traite exclusive, la brebis retrouve de l’état et produit du lait. Sa composition peut varier selon l’alimentation.
Au début de lactation, la production laitière augmente rapidement et l’ingestion plus lentement. Cette ingestion limitée entraîne un déficit en énergie et en azote qu’il faut absolument compenser pour permettre aux brebis d’exprimer leur potentiel de production. Heureusement, les femelles laitières ont la possibilité de constituer des réserves en énergie à travers le tissu adipeux dont on mesure l’importance en élevage avec la note d’état corporel (NEC). En revanche, l’animal n’a pas (ou très peu) de réserves en protéines. Ces dernières doivent donc être impérativement apportées en quantité suffisante par l’alimentation.
La mobilisation des réserves corporelles est un phénomène classique en début de lactation. Après le sevrage, les brebis doivent reconstituer progressivement leurs réserves corporelles pour la lactation suivante. Idéalement, pour soutenir le début de lactation, la brebis devrait arriver à la mise bas avec une NEC de 3,0 à 3,5 et ne pas descendre en dessous de 2,0 à 2,5 au moment du sevrage des agneaux.
Le taux d’urée signale un déséquilibre
La composition du lait est fortement influencée par la nature de la ration, ses composants et son équilibre. Ainsi, avec une ration pauvre en fibres et riche en aliments concentrés, la concentration en acétate est faible et le taux butyreux diminue (sans conséquence sur le TP). L’apport de compléments en matières grasses (huiles ou graines oléagineuses) permet alors d’augmenter le TB.
Un apport excessif de protéines ne va entraîner qu’une légère augmentation du TP, mais risque d’augmenter fortement le taux d’urée du lait. L’urée du lait est un bon indicateur du déséquilibre énergie/azote de la ration. Elle peut donc augmenter si l’apport de protéines est trop important ou si le déficit énergétique est trop fort.
Plus de fourrages après la tonte
La tonte intervient généralement en début ou milieu de printemps. Elle a comme conséquence directe d’accroître les quantités ingérées des brebis pendant deux à trois semaines. Il faut donc prévoir de distribuer une quantité plus importante de fourrages à ce moment-là : environ 10 à 15 % selon la situation. Si les brebis sortent au pâturage, que la température extérieure est inférieure à 18 °C et qu’il pleut, les dépenses énergétiques sont plus importantes. Les apports en énergie doivent être légèrement augmentés.
Un flushing pour assurer la repro
Entre un mois avant la mise à la reproduction et trois semaines après la fécondation par insémination animale (IA) ou monte naturelle, la brebis est généralement encore en production même si celle-ci est faible. Les besoins énergétiques et azotés sont modérés et les brebis peuvent reprendre du poids et de l’état corporel.
Pour assurer la réussite de la reproduction et de la prolificité, on va augmenter les apports énergétiques tout en couvrant strictement les besoins en azote et en minéraux. Ce flushing va permettre aux brebis de reprendre du poids et de l’état corporel.
Le flushing peut se pratiquer soit avec un apport de céréales si le fourrage (distribué ou pâturé) est suffisamment riche en protéines (MAT > 9-10 % de MS) ou avec un aliment complet à 15 % de MAT minimum. Ce complément sera apporté chaque jour jusqu’à 3-4 semaines après l’IA ou le retrait du bélier. Cet apport correspond à environ 1,4 fois le besoin d’entretien. Le maintien de cet apport énergétique après la reproduction pendant 3-4 semaines va sécuriser la nidification du ou des embryons.