Paratuberculose : la vaccination des bovins efficace mais soumise à autorisation
La vaccination des bovins avant 4 mois réduit la probabilité d’excrétion de la bactérie responsable de la paratuberculose. Problème : elle interfère avec le dépistage de la tuberculose. Elle est donc réservée à des élevages très infectés.
La paratuberculose est présente dans beaucoup d’élevages et à l’origine de pertes économiques importantes. La vaccination vis-à-vis de cette maladie contagieuse est possible en France depuis 2014 avec Silirum. Elle reste exceptionnelle et ciblée sur des élevages très contaminés, ayant déjà mis en place des pratiques d’hygiène drastiques vis-à-vis des veaux.
En effet, la vaccination a chez les bovins un important inconvénient : elle interfère avec le dépistage de la tuberculose, en provoquant des réactions croisées avec le test intradermotuberculination. Elle ne peut donc être utilisée que sous autorisation des autorités sanitaires publiques (DDPP) et avec un traçage des animaux vaccinés.
Une étude dans sept élevages infectés
« De nombreux essais terrain ont été réalisés à l’étranger avec les vaccins atténués ou inactivés utilisés dans les autres pays. Ils ont montré des effets bénéfiques. En revanche, il existe très peu de travaux sur Silirum », explique Fabien Corbière, de l’école nationale vétérinaire de Toulouse – UMT PSR.
Pour y remédier, une étude a été mise en place avec le GTV et le GDS de la Meuse dans sept troupeaux infectés et en plan de maîtrise avec des mesures d’élimination des excréteurs. Objectif : évaluer les bénéfices de la vaccination avec Silirum, mais aussi regarder s’il existe un effet de l’âge à la vaccination sur l’excrétion. « En pratique, il semble difficile de vacciner systématiquement les veaux à l’âge de 1 mois, ce vaccin inactivé n’étant pas commercialisé en unidose. »
Il s’agit d’un essai comparatif intra-élevage, avec un lot de vaches non vaccinées et un lot de vaches vaccinées dans chaque élevage. Soit au total 221 vaches non vaccinées et 372 vaches vaccinées dont 30 % vaccinées avant l’âge de 3 mois, 40 % entre 3 et 6 mois et 30 % entre 6 mois et 1 an. Des prélèvements (sérologies et PCR sur fécès) ont été réalisés tous les six mois pendant deux ans et demi, avec une interruption liée au Covid 19.
Disparition complète des cas cliniques
« L’étude montre un effet bénéfique de la vaccination quand les animaux sont vaccinés avant 4 mois, avec une réduction significative de la probabilité d’excrétion mais pas de l’intensité d’excrétion », affirme Fabien Corbière. Les éleveurs ont tous constaté la disparition complète des cas cliniques, ainsi qu’une amélioration de la longévité et de la productivité du troupeau. « La vaccination permet de limiter la pression d’infection et l’exposition des jeunes. Elle doit toujours être associée aux autres mesures de maîtrise. »
L’étude montre par ailleurs une augmentation du niveau d’excrétion chez les vaches de plus de 5 ans. « Cela pose la question de l’utilité de faire un rappel de vaccination, mais pour l’instant il n’existe pas suffisamment d’éléments probants. »
Repères
Les plans de maîtrise de la paratuberculose reposent sur la détection et l’élimination des animaux infectés excréteurs et sur la réduction de l’exposition des jeunes à travers des mesures d’hygiène drastiques. Ils ne sont pas toujours efficaces à cause de la faible performance des tests diagnostics.
Une contamination des jeunes veaux
°La paratuberculose est une maladie contagieuse due à une bactérie - Mycobacterium avium paratuberculosis (MAP) - très résistante dans le milieu extérieur. La source de contamination majoritaire est liée à des bouses contenant une quantité importante de bactéries. Celles-ci se disséminent dans l’environnement et contaminent principalement les jeunes veaux par voie orale. La contamination peut aussi se faire via le placenta et le colostrum.
°Les veaux contaminés deviennent porteurs asymptomatiques. Ils commencent à excréter des bactéries avant d’être malades.
Le plus souvent la maladie se déclenche chez des animaux de plus de 24 mois au moment du premier vêlage ou après un stress.
°L’infection par MAP provoque une inflammation chronique de l’intestin grêle. Elle entraine une diarrhée liquide chronique et un amaigrissement de plus en plus marqué et fatal.