« Nos fourrages sont de qualité pour une haute productivité de nos brebis laitières »
En AOP roquefort, l’EARL de Damien Gombert, en système plutôt intensif, permet de dégager près de 3 Smic par unité de main-d’œuvre, grâce notamment à une productivité remarquable du troupeau ovin lait.
Damien Gombert trait en moyenne 300 brebis laitières de race lacaune à Druelle-Balsac, en Aveyron, dans la région naturelle du Ségala. Il embauche un salarié en groupement d’employeurs pour l’équivalent d’environ un tiers-temps. Le lait est collecté par la laiterie Gabriel Coulet, spécialisée dans la fabrication de roquefort AOP. La période de traite dure en moyenne 230 jours étalés de début décembre jusqu’à fin juillet.
En 2022 la ferme a produit 126 200 litres de lait, soit 419 litres par brebis, qui ont été rémunérés à 1 070 euros les 1 000 litres. La ferme possède aussi un troupeau d’une quinzaine de vaches limousines qui valorisent 20 hectares de prairies naturelles éloignées de la ferme. L’atelier bovin représente 9 % du produit brut, contre 73 % pour la production de lait de brebis.
Le pâturage maintient la lactation
Avec un chargement de la surface fourragère principale (SFP) à 1,2 unité gros bovin (UGB), sur sol séchant en limite de Causse, l’assolement dédié aux brebis se divise comme suit : 16 ha de céréales, dont 10 ha d’orge autoconsommé et 6 ha de blé qui permet de faire un échange avec l’aliment destiné aux brebis, 30 ha de luzerne-dactyle, 10 ha de ray-grass hybride et 5 ha de prairies naturelles.
La ferme est équipée d’un séchage en grange. La luzerne est en majorité exploitée en foin, récolté en trois coupes. Entre 3 et 4 ha sont récoltés pour de l’enrubannage puis sont pâturés à la repousse. Les ray-grass sont pâturés, fauchés en deux coupes, et une petite partie est enrubannée. Les prairies permanentes sont essentiellement pâturées.
62 % des surfaces pâturées en été
Les brebis commencent à sortir début mars et vont pâturer sur une dizaine d’hectares au printemps. « Les premières sorties se font pour déprimer les ray-grass, puis dans les prairies naturelles », explique Damien Gombert. Elles passent ensuite l’automne dans la luzerne avant de rentrer pour les mises bas. En moyenne, au printemps 43 % des surfaces sont pâturées, le reste est fauché. En été et à l’automne, le pâturage occupe 62 % de la SFP, le reste est exporté.
Au global, l’alimentation des brebis est composée de 35 % de pâture (quantité estimée), de 40 % de fourrages récoltés et distribués, de 27 % de concentrés.
Le blé paye le concentré
En fonction de la valeur du fourrage, l’éleveur corrige avec de la luzerne déshydratée ou de la pulpe de betterave. L’achat de concentré est financé à environ 50 % par l’échange avec 30 tonnes de blé produit sur la ferme. En année normale, l’élevage est autosuffisant en fourrage et en paille.
Le système d’élevage, économe en alimentation, se répercute dans la composition du coût de production total, dont le premier poste est la mécanisation avec 25 %, suivi de la rémunération du travail pour 23 %. L’alimentation n’arrive qu’en quatrième position, derrière les bâtiments et installations, avec 12 % du coût total.
Vincent Vaysset, technicien troupeau au sein de l’organisme technique Unotec et contrôleur laitier
Une exploitation en autonomie fourragère et des revenus diversifiés
« L’exploitation de Damien Gombert a une très bonne productivité par brebis : 425 litres de lait produit en 2022 contre une moyenne de 356 litres dans les élevages en contrôle laitier officiel (CLO).Elle est aussi caractérisée par une excellente productivité à la main-d’œuvre : 1 100 hectolitres pour 1,3 unité de main-d’œuvre (UMO) à rémunérer, contre 620 hectolitres par UMO de référence. Cela démontre un bon niveau de technicité de la part de l’éleveur.
Une autonomie fourragère à l’épreuve des mauvaises années
En termes de dépense alimentaire, on ne constate pas de réelle différence par rapport à la référence. La conduite alimentaire est caractérisée par des achats de concentrés énergétiques tel que le maïs, pour maintenir le troupeau en état toute l’année, et couvrir des besoins cohérents avec les apports d’azote par le tourteau. L’atout majeur réside surtout dans la qualité des fourrages récoltés en séchage en grange, d’autant que l’élevage est autonome, même lors des années défavorables que nous connaissons de plus en plus fréquemment.
Le coût alimentaire – (charges d’alimentation/produit lait)*100 – est de 24 % contre 28 % en moyenne en 2022 chez les autres élevages en CLO. Certains achats de concentrés pourraient être évités. L’éleveur fait le choix stratégique de vendre du blé pour racheter d’autres produits énergétiques pour diverses raisons (maïs ou pulpe déshydratée). Il pourrait tout à fait garder sa céréale pour son troupeau si besoin.
Récemment, des investissements ont été faits sur l’exploitation ce qui nécessite de tenir encore cette productivité pour couvrir ces nouvelles charges et maintenir un revenu convenable.
En résumé, les atouts de l’exploitation résident dans l’autonomie fourragère, un niveau de production par brebis élevée, des ventes de reproducteurs à la coopérative Ovi-Test générant une plus-value sur les jeunes animaux, ainsi qu’une proximité géographique avec les fournisseurs (proche du chef-lieu). »