Traite : quatre lésions des trayons à reconnaître
Un défaut de réglage ou de fonctionnement lors de la traite peut induire une fragilisation des trayons. Pas toujours faciles à repérer, ces lésions mécaniques constituent des indicateurs qui doivent mettre la puce à l’oreille pour en trouver l’origine.
Un défaut de réglage ou de fonctionnement lors de la traite peut induire une fragilisation des trayons. Pas toujours faciles à repérer, ces lésions mécaniques constituent des indicateurs qui doivent mettre la puce à l’oreille pour en trouver l’origine.
1 L’hyperkératose crée des rugosités à l’extrémité du trayon
L’hyperkératose résulte d’un déséquilibre entre la production et l’élimination de la kératine pendant l’éjection du lait. La kératine est une substance de défense naturellement produite, qui recouvre et obture le canal du trayon. Normalement, à chaque traite, une partie de la kératine (qui est renouvelée en continu) est éliminée, évacuant les bactéries piégées. « En cas de traite trop douce, la kératine s’accumule et forme des rugosités autour de l’orifice du trayon, explique Daniel Le Clainche, d’Innoval. Une traite trop agressive peut aussi induire ce type de lésions, l’excès d’élimination de cette substance engendrant une production anormale et abondante de kératine de remplacement. »
Une excroissance se forme : un anneau à la surface rugueuse et dure à l’extrémité du trayon. Dans les cas les plus sévères, les bords de l’anneau se fissurent créant des crevasses autour de l’orifice qui apparaît en éversion. Ces rugosités entravent le nettoyage correct des trayons et l’exposent aux contaminations et à la prolifération d’organismes pathogènes pouvant entraîner des mammites. Sans oublier l’inconfort de traite pour les vaches atteintes par ces lésions.
Les principaux facteurs de risques sont liés à une surtraite en début ou fin de traite, à un mauvais réglage de la dépose donc, à un niveau de vide élevé sous le trayon, ou encore à un défaut de pulsation et un massage insuffisant.
2 Les pétéchies sont des microhémorragies
Les pétéchies apparaissent sous forme de taches violacées persistantes que l’on retrouve sur l’extrémité distale des trayons. Elles correspondent à des microhémorragies, liées à une accumulation de sang sous la peau en raison d’une différence de pression trop importante exercée au niveau du trayon. Les causes de ces lésions tiennent en particulier à un défaut de pulsation avec une phase de massage trop courte, un niveau de vide trop élevé et une traite trop longue. Les pétéchies sont douloureuses pour les vaches, et toute douleur pendant la traite contrarie l’éjection optimale du lait.
3 L’anneau de compression est souvent fugace
L’anneau de compression se présente comme un épaississement circulaire à la base du trayon, dû à un traumatisme répété causé par la lèvre de l’embouchure des manchons trayeurs. Si celle-ci comprime la base des trayons, il en résulte une inflammation avec une marque rouge et congestive.
Cette lésion douloureuse se traduit parfois par une traite incomplète. « La liaison entre la citerne du quartier et celle du trayon est limitée, ce qui entrave la vidange normale de la mamelle avec un risque de perte de lait après la traite et d’apparition de mammites », précise le spécialiste.
Parmi les facteurs de risque responsables de la survenue d’anneaux de compression, on peut distinguer des manchons inadaptés avec un corps trop large et une embouchure trop étroite par rapport au trayon, souvent associé à un niveau de vide élevé au niveau de la chambre d’embouchure du manchon. La surtraite liée à un défaut du réglage de la dépose peut aggraver le phénomène.
4 L’œdème et l’érythème souvent associés
Ces lésions circulatoires s’observent immédiatement après la dépose des gobelets trayeurs. L’érythème est caractérisé par une coloration rougeâtre ou violacée du bout des trayons, qui disparaît assez vite. Pour ne pas passer à côté, il vaut mieux aussi palper les trayons qui apparaissent alors plus durs. Sous l’effet du vide lors de la traite, l’ensemble des vaisseaux des trayons peuvent se congestionner, la circulation des fluides (sang et lymphe) se voit alors perturbée et donne lieu à un œdème (lymphe) et/ou une congestion (sang) avec enflure et tension cutanée. Outre une traite inconfortable pour la vache, ces phénomènes entraînent une compression du canal du trayon et une mauvaise fermeture du sphincter, ce qui favorise les infections mammaires.
Un niveau de vide trop élevé sous le trayon, un défaut de régulation entre la succion et le massage ou encore une dimension de manchons inadaptée aux trayons, avec un corps trop court ou un diamètre trop étroit, peuvent causer ce type de lésions.
Le saviez-vous ?
L’éversion du canal du trayon est parfois confondue avec l’hyperkératose. Les trayons éversés correspondent à une dégradation des tissus, les sphincters se trouvant aspirés vers l’extérieur en raison d’une traite très agressive. De son côté, l’hyperkératose provient d’un déséquilibre entre la production et l’évacuation de la kératine, lié à une traite qui peut être soit trop douce, soit trop agressive entraînant une sécrétion anormale de kératine.