Mieux soutenir les agriculteurs face aux enjeux du climat, voilà ce que propose un rapport du Haut conseil pour le climat
En pleine mobilisation agricole, un rapport du Haut conseil pour le climat propose de réorienter les soutiens aux agriculteurs vers les systèmes d'exploitation bas carbone. Le rapport pointe aussi la hausse des émissions provenant des importations agricoles en France.
En pleine mobilisation agricole, un rapport du Haut conseil pour le climat propose de réorienter les soutiens aux agriculteurs vers les systèmes d'exploitation bas carbone. Le rapport pointe aussi la hausse des émissions provenant des importations agricoles en France.
« Les enjeux climat et agriculture peuvent être conciliés avec plus de soutien, une meilleure planification, et un engagement plus large des acteurs du système alimentaire (transformation, distribution, restauration ». Ainsi Corinne Le Quéré, présidente du Haut conseil pour le climat résume le rapport publié en pleine mobilisation agricole et intitulé « accélérer la transition climatique avec un système alimentaire bas carbone, résilient et juste ».
Les enjeux #climat et #agriculture peuvent être conciliés avec plus de soutien, une meilleure planification, et un engagement plus large des acteurs du système alimentaire (transformation, distribution, restauration) pour valoriser les produits bas carbonehttps://t.co/b6haDCfxsB
— Corinne Le Quéré (@clequere) January 25, 2024
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Le système alimentaire et la production agricole sont en première ligne des défis climatiques, reconnaît le Haut conseil pour le climat tout en soulignant que l’alimentation représente 22% de l’empreinte carbone des Français, une part qui ne diminue pas assez au regard des objectifs climatiques.
Quelles recommandations formule le Haut conseil pour le climat pour l’agriculture ?
Pour réduire l’impact carbone des filières agricoles et agroalimentaires, le Haut conseil pour le climat formule plusieurs recommandations parmi lesquelles :
- Réorienter les financements en augmentant les mesures favorables au climat (mesures agroenvironnementales et climatiques, investissements non productifs, soutien à la formation et à la coopération)
- Augmenter les budgets alloués aux aides couplées et aux interventions sectorielles pour les légumineuses et les fruits et légumes, pour faciliter l’évolution de l’offre de protéines végétales
- Mettre en place des mesures forces pour encourager les réductions d’émissions de méthane entérique
- Renforcer les exigences de l’écorégime
- Renforcer les critères des aides couplées bovines pour les orienter en priorité vers les exploitations d’élevage bas carbone les plus vulnérables
- Octroyer principalement les aides aux installations aux systèmes d’agriculture bas carbone
- Autoriser le stockage d’eau en agriculture « seulement pour les projets économes en eau »
- Encourager les industries agroalimentaires et de la distribution à s’approvisionner auprès de fermes et d’entreprises bas carbone
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Pas de consigne de baisse du cheptel bovin
En revanche dans son rapport le Haut conseil au climat ne donne pas de consigne pour réduire le cheptel bovin, comme a pu le faire récemment la Cour des comptes dans un rapport ayant susciter beaucoup d’émoi dans le monde agricole.
« Cela ne servirait à rien de donner des consignes de taux de diminution du cheptel bovin parce que si la consommation ne diminue pas en parallèle, cela augmente les importations », a estimé lors d'une conférence de presse Marion Guillou, membre du Hautconseil pour le climat, rapporte l’AFP.
« Aujourd'hui, le poids carbone des importations des pays en dehors de l'Union européenne est supérieur au poids carbone des productions européennes bovines », a-t-elle souligné, à l'heure où l'UE négocie des accords commerciaux avec plusieurs pays (Australie, Vietnam, Chili, pays du Mercosur).
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La part des émissions liées aux importations agricoles progressent en France
La part des émissions liées aux importations des produits agricoles a augmenté en France, et compte désormais pour près de la moitié de l'empreinte carbone alimentaire française, selon le rapport du Haut conseil pour le climat.
46% des émissions alimentaires sont des émissions importées
« 46% des émissions alimentaires sont des émissions importées », soit 63 millions de tonnes équivalents CO2, contre 42% en 2010 (61 millions de tonnes). Les importations atteignent ainsi « 40 à 50% » des légumes les plus consommés en France, et la part de fruits, poissons et crustacés importés est également élevée, détaille le Hautconseil pour le climat (HCC).
« Par ailleurs, 20% de la viande bovine et 30 à 40% du porc ou de la volaille consommés en France sont importés » souligne l'organisme indépendant, selon lequel « en vingt ans, les importations de viandes et préparations de volailles ont été multipliées par plus de quatre », pour « en partie répondre à la demande de l'industrie agro-alimentaire » et de la restauration.
Soutenir les éleveurs pour adapter la production
« Les éleveurs ont besoin de soutien pour adapter la production », a affirmé Corinne Le Quéré, présidente du Haut conseil pour le climat ce jeudi 25 au matin sur France info listant plusieurs leviers pour aider à la transformation des exploitations en élevages bas carbone, comme « modifier l’alimentation des troupeaux pour réduire les gaz à effet de serre qu’ils émettent » mais pour cela « il faut des investissements financiers et des risques partagés ». Selon elle, « il faut que les politiques agricoles et les politiques alimentaires soient plus mobilisées en soutien de ces actions pour tout le monde agricole ».
Réduction de la consommation de viande : "Les éleveurs ont besoin de soutien pour adapter la production", plaide la présidente du Haut conseil pour le climathttps://t.co/Cy5dc7cpj2
— franceinfo (@franceinfo) January 25, 2024