Mauvaises récoltes 2024 : « On rogne sur notre rémunération et sur l’entretien du matériel, faute de trésorerie suffisante »
Mathieu Beaudouin est agriculteur à Évry-Grégy-sur-Yerre, en Seine-et-Marne. Il témoigne de ses difficultés depuis un an liées aux conditions météo.
« Depuis un an, il est tombé 1 300 mm de pluies contre 600 habituellement dans notre secteur. En octobre, à cause du passage de la tempête Kirk, j’ai encore eu des parcelles inondées. La particularité de l’année est qu’aucune culture ne nous permet de compenser. En blé, les pertes de rendement vont de 30 à 75 % selon les parcelles. Au total, la perte de chiffre d’affaires dépasse les 30 %. En betterave, l’humidité ambiante a favorisé le développement du rhizoctone brun. Les rendements et la richesse en sucre ne s’annoncent pas très bons. En maïs, la rentabilité va être dégradée par les frais de séchage importants, que j’estime à 40 euros par tonne, et les prix bas.
Si on regarde les 10 dernières années, le bilan n’est pas très bon. 2021 et 2022 se distinguent par de bons résultats qui nous ont permis de renouveler un peu le parc matériel. En 2024, on a investi en crédit-bail dans un tracteur d’occasion pour en remplacer deux qui avaient beaucoup d’heures. Je regrette de ne pas être parti sur un prêt classique, car j’aurais pu décaler les premières annuités. On a aussi renouvelé l’épandeur d’engrais, qui avait 26 ans, en utilisant de la déduction pour épargne de précaution et de l’autofinancement à hauteur de 20 000 euros. Il fallait le faire, mais c’est autant de trésorerie que nous n’avons plus pour financer la nouvelle campagne. On sait déjà que le rendement de l’an prochain est menacé par les conditions de semis difficiles et la pression des limaces. C’est très compliqué de se projeter dans ce contexte. On rogne sur notre rémunération et sur l’entretien du matériel, faute de trésorerie suffisante. J’ai aussi un prêt de campagne à court terme pour financer les achats d’intrants et payer certaines factures. »