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Maraîchage bio : une « bifurcation » qui prend fin pour Benjamin Polle

Il y a sept ans, Benjamin Polle a commencé à se former au maraîchage. Il y a 3 ans, il en a fait son métier secondaire. En novembre, il a prévenu ses clients qu’il allait cesser cette activité et s’en est expliqué sur Linkedin dans un long message. 

Benjamin Polle avec une courgette
Benjamin Polle : « Un jardin par 43°C, accrochez-vous à votre slip ! »
© DR

Jusqu’à il y a peu, Benjamin Polle était maraîcher bio à Sault-de-Navailles dans les Pyrénées-Atlantiques. L’aventure avait commencé il y a 3 ans quand il a décidé de développer cette « activité maraîchère bio secondaire » dit-il dans son post sur Linkedin du 23 novembre 2023. Auparavant, le journaliste et formateur a travaillé pour le site Consultor de conseil en stratégie. Il a également co-réalisé le webdocumentaire « Et maintenant, nos terres » sorti en 2015. 

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Des réussites dont il peut être satisfait

Alors pourquoi a-t-il quitté ce métier de maraîcher vers lequel il avait été attiré et pour lequel il s’était formé ? Avant de répondre à cette question, Benjamin Polle explique pourquoi il avait choisi cette « bifurcation ». Il évoque une « éco-anxiété de plus en plus présente » qui le « poussait à agir ». L’agriculture lui avait paru alors être « un bon angle d’attaque ». En tant que non issu du milieu agricole, il pensait pouvoir y « jouer un rôle, peut-être réaliste et crédible ». Il parle des « figures de proue » qui lui ont donné envie de monter son projet mais aussi de toutes celles et ceux moins connues qui y ont contribué. Et « malgré la rudesse du métier » et « le peu de perspective économique que cela offre », il s’est installé et son choix lui paraissait « évident ». 

« Je suis resté loin d’un agriculteur professionnel ».

Trois ans plus tard, pourtant, ses objectifs n’ont pas été atteints : « je suis resté loin d’un agriculteur professionnel », constate-t-il. Pourtant, il estime avoir réussi certaines choses. Sur ces 500 m2 de « terre de prairie plutôt argileuse et bien caillouteuse », il a réussi à faire pousser bon nombre de légumes. Il a appris à faire des plants de ces variétés de légumes en choisissant les bons terreaux, les bonnes graines. Il s’est équipé et a autofabriqué. Il a installé une serre, une marre et un système d’irrigation… Il s’est constitué une clientèle. Et il a été labellisé bio

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Beaucoup de « trucs qui foirent »

Mais il y a eu aussi tous les aspects négatifs : « toutes les dépenses effectuées à pure perte », « le corps pas mal défoncé », « la solitude à la tâche » qui peut conduire parfois à la « déprime », « les 12 000 trucs qui foirent » comme les maladies et les ravageurs, « limaces bonjour », les gros aléas climatiques… Il s’est pris « un bon gros choc de réalité dans la figure » et au final, tout ses efforts lui ont rapporté « trois francs six sous ». Le dernier chèque encaissé, d’un montant de 14,80 €, « a une saveur un peu particulière », témoigne-t-il. Saveur amère. 

« Toutes les dépenses effectuées à pure perte »

Pour toutes ces raisons, il a décidé de ne pas poursuivre cette activité. Il aurait fallu « engager des investissements beaucoup plus importants » mais il ne se voyait pas « porter le niveau d’endettement qui venait avec ». Et ne pensait pas pouvoir « assumer sur le long terme » le « niveau de contraintes » de ce métier, incompatible avec « une vie de famille ou des loisirs personnels ». Il reconnaît pourtant qu’il se sent « rarement mieux qu’après une journée à désherber, tuteurer, récolter ». Mais il sait aujourd’hui qu’il a eu tort de vouloir mener son projet seul. « Si je devais en refaire une activité, ce serait forcément en collectif », affirme-t-il. 

« Un bon gros choc de réalité dans la figure »

Après « 7 années de bifurcation », il conseille une « immense prudence à celles et ceux qui voudraient critiquer la manière avec laquelle la nourriture arrive sur la table ». Son conseil : « trouvez un maraîcher près de chez vous et proposez-lui de l’aide pour certaines plantations, récoltes ou désherbages (…) ». A la lueur de son expérience, il le sait : l’écart entre le monde agricole et « un monde urbain et tertiaire est vertigineux parfois ». Le passage récent de la tempête Ciaran l’a conforté dans cette idée et poussé à écrire ce témoignage. 

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Alimenter le débat

Relayé par Sud-Ouest, le post de Benjamin Polle a dépassé la sphère de son réseau de clients qu’il voulait informer. 

Interrogé par Réussir sur les réactions que pourrait susciter ce message, l'ex-maraîcher se dit satisfait d’avoir partagé son expérience. « Dans le fond, je suis content que ce bilan circule même si je trouve que toute l'attention devrait aller à celles et ceux qui font ce difficile métier avec une si faible reconnaissance de la société. Je me fais allumer sur les réseaux en tant qu'incarnation du bobo naïf qui est allé se piquer d'agriculture, quand il faudrait laisser les pros s'en occuper. Mais ça, ce n’est pas grave et j'imagine que ça alimente le débat. »

 

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