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Maîtriser le parasitisme des troupeaux bovins tout en respectant l’environnement

Plusieurs structures animatrices de sites Natura 2000 auvergnats se sont regroupées autour de la problématique des traitements antiparasitaires des troupeaux pour trouver des solutions adaptées, en réduisant l’impact sur l’environnement.

Les préconisations médicamenteuses et agronomiques ont été adaptées à chaque exploitation afin d’administrer des traitements ciblés.
Les préconisations médicamenteuses et agronomiques ont été adaptées à chaque exploitation afin d’administrer des traitements ciblés.
© F. d'Alteroche

De nombreuses études scientifiques démontrent que l’utilisation d’antiparasitaires peut avoir de multiples impacts négatifs sur les écosystèmes aquatiques ou terrestres. Certaines molécules de ces traitements ne sont pas entièrement transformées par le métabolisme de l’animal et se retrouvent alors dans les déjections. Or, bon nombre d’insectes trouvent le gîte et le couvert sur les bouses et sont susceptibles de s’intoxiquer (coléoptères, certaines espèces de papillons, abeilles…). De manière indirecte, la réduction des populations d’insectes coprophages et d’invertébrés aquatiques amoindrit les ressources alimentaires de certaines espèces menacées (chauves-souris, pies grièches…) pour lesquelles l’Auvergne a un rôle de préservation important à jouer. De plus, une utilisation non raisonnée des médicaments antiparasitaires est susceptible de favoriser l’apparition de parasites résistants aux traitements et, à assez court terme, de conduire à leur inefficacité. « Aussi, a-t-on voulu mutualiser les moyens des animateurs Natura 2000 pour monter un programme sur l’ensemble des sites auvergnats et essayer de réfléchir à une meilleure gestion du parasitisme et ce, en collaboration avec les vétérinaires et les éleveurs. D’où le lancement du projet "ELeVE"

 
en 2017. Son but : rationaliser l’utilisation des produits pour restreindre l’impact sur l’environnement, tout en maîtrisant le parasitisme des troupeaux et en limitant les coûts. Le projet est ainsi porté par le groupement technique des vétérinaires Auvergne (GTV), pour l’aspect vétérinaire, en partenariat étroit avec la LPO (ligue pour la protection des oiseaux) Auvergne-Rhône-Alpes (Aura), pour l’approche naturaliste », rapporte Clément Rollant, chargé de mission LPO Aura.

 

Un suivi individualisé

Une première phase du projet a permis de recruter 54 élevages sur plusieurs secteurs à forts enjeux environnementaux, de l’ancienne région Auvergne (sites Natura 2000, réserves naturelles, sites à enjeux Pies-grièches). Dans ces élevages, une trentaine de vétérinaires a réalisé des audits parasitaires poussés (sérologie et coprologies) et un suivi fin des pratiques de pâturage. Durant la période de pâture, vaches et coléoptères étaient surveillés. « Ce travail a permis d’établir un plan de gestion propre à chaque élevage, tenant compte des méthodes de pâturage et des parasites présents sur l’exploitation. Les préconisations médicamenteuses et agronomiques ont été adaptées à chaque exploitation afin d’administrer des traitements ciblés permettant de limiter les phénomènes de résistance et ainsi de préserver leur efficacité sur le long terme. Le risque parasitaire est très différent d’un élevage à l’autre et toutes les molécules disponibles ou les différents modes d’administration ne sont pas aussi impactant, il y a donc des possibilités d’améliorations », souligne Pierre Rigaud, vétérinaire et responsable du projet Eleve pour le groupement technique vétérinaire Auvergne.

Les analyses de laboratoire ont relevé une grande hétérogénéité de l’infestation des élevages, tant par les strongles gastro-intestinaux que par la grande douve ou le paramphistome. Le nombre d’élevages fortement infestés par les strongles digestifs était faible, alors qu’il était élevé pour la grande douve, particulièrement en 2018. « Concernant celle-ci, la moitié des cheptels infestés n’était pas traitée contre ce parasite, alors que la moitié des cheptels peu ou pas infestés avait l’habitude d’être traitée ce qui met en évidence l’importance du diagnostic parasitaire », informe Pierre Rigaud.

Réduction du coût pour l’éleveur

Le coût financier des traitements effectués par l’éleveur a également été étudié. Il était de 8,50 euros par UGB au lancement du projet. Il a été réduit de 38 % en 2019 pour s’afficher à 5,30 euros par UGB. « Ceci représente pour les éleveurs une économie substantielle mais insuffisante en l’absence d’aide financière qui pourrait compenser à la fois le coût des analyses de laboratoire (300 euros/élevage) et la rémunération du conseil du vétérinaire (600 euros/élevage) », précise Pierre Rigaud.

Des actions individuelles sur les troupeaux ont été mises en place (bonne alimentation, traitement sélectif après coprologie et sérologie, gestion de la mise à l’herbe selon l’âge des animaux) ainsi que des mesures agronomiques sur les pâturages. En effet, un certain nombre de pratiques de gestion du pâturage permet de réduire le risque parasitaire. « Parmi ces mesures on peut citer l’alternance fauche - pâture, la meilleure gestion des zones d’abreuvement (empierrement, abreuvoirs, captage source…), les rotations de pâtures différentes (moins longtemps sur les mêmes parcelles), le mélange d’espèces (génisses-chevaux) ou l’ébousage », note Clément Rollant.

Cette première phase a pour objectif de servir d’exemple et d’être diffusé à un plus grand nombre.

Des solutions pour-on plus nocives

Une étude sur les insectes coprophages (qui sont les plus impactés par la rémanence de certaines molécules) a également été réalisée par la LPO Auvergne sur certaines parcelles de 11 élevages. Ce suivi consistait en un piégeage des coléoptères coprophages pour les identifier, les compter et les peser. Les résultats n’ont pas permis de mesurer l’impact des traitements antiparasitaires sur les populations d’insectes coprophages, mais il en ressort que les formulations pour-on sont plus nocives pour les insectes coprophages que les solutions injectables et que les populations d’insectes coprophages sont plus abondantes sur les parcelles exploitées de manière extensive mais aussi que ces populations sont fortement dépendantes des conditions météorologiques et du type de paysage agricole

Le projet Eleve

 

L’objectif d’ELeVE est d’accompagner et de conseiller les éleveurs pour une meilleure utilisation de traitements antiparasitaires dans le but de limiter les effets négatifs sur la faune. Il est ainsi porté par le groupement technique des vétérinaires Auvergne, pour l’aspect vétérinaire, en partenariat étroit avec la LPO Auvergne, pour l’approche naturaliste et d’autres structures sur les sites Natura 2000 d’Auvergne (Syndicat mixte du Parc des Volcans d’Auvergne, Conservatoire des espaces naturels, Groupement de défense sanitaire, chambres d’agriculture du Cantal et du Puy-de-Dôme).

 

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