« Valoriser l’herbe avec le robot »
Le Gaec des Moulins de Kerollet à Arzal (56) participe à la mise au point du robot LucasG I-Ron Mix depuis le début de l’année. Un équipement qui gère huit rations très diversifiées.
Équipés d’un séchoir polyvalent (plaquettes de bois, fourrage, grain…) depuis deux ans en parallèle d’une unité de méthanisation, les trois associés du Gaec de Kerollet (Bruno et Erwan Calle, Ludovic Jarligant) recherchaient une solution d’alimentation pour valoriser leur foin (herbe et luzerne) de séchage. « Notre mélangeuse Qualimix arrivait au bout et nous souhaitions gagner de la souplesse dans l’organisation du travail. En choisissant le robot LucasG, on conservait un mode de mélange bien connu, tout en prenant le risque d’installer le premier automate du constructeur. Participer à la mise au point a aussi un côté motivant et cela nous permet de coller vraiment à nos besoins », retrace Erwan Calle, associé en charge de l’élevage. Le robot I-Ron Mix fait ainsi ses preuves depuis janvier, les premiers mois ayant été largement dédiés à la mise au point. « Nous avons rangé la mélangeuse depuis mai », précise l’éleveur. L’automate alimente environ 400 bovins répartis dans deux bâtiments, dont 220 laitières Prim’Holstein (1,75 million de litres). Il vient se ravitailler à la cuisine, implantée à part sur 600 m2, où sont préparées les huit rations.
Deux rations pour les VL et trois pour les génisses
« On a paramétré deux rations pour les laitières, une enrichie pour le début de lactation et une appauvrie pour la fin de lactation. Les taries ont aussi droit à deux rations, pour le début de tarissement, puis la préparation au vêlage. Trois rations sont dédiées aux génisses, suivant leur âge (3-6 et 6-15 mois) et si elles sont inséminées. Enfin, la dernière ration correspond aux vaches à l’engrais », détaille Erwan Calle. La gestion des rations s’effectue depuis le logiciel du robot fourni par le spécialiste italien Dinamica Generale. « Nous l’avons fait évoluer pour s’adapter à nos contraintes. Une nouvelle version va arriver à l’automne, l’objectif étant d’aboutir à la version définitive en fin d’année. Actuellement le boîtier de la cuisine communique avec le PC du bureau par GPRS. Par la suite, nous aurons un terminal avec écran tactile reproduisant l’écran du PC, directement disponible au niveau de la cuisine. »
Filoguidé par un câble intégré dans le béton, l’automate de 2,5 m3 réalisait jusqu’à présent deux distributions par jour aux vaches laitières et aux plus grandes génisses. « Nous avons limité le fractionnement le temps de la mise au point et pour nous adapter à l’affouragement en vert, distribué séparément sans le robot. Mais désormais, nous testons quatre distributions par jour pour les VL. Et l’arrivée du sixième stockeur nous permettra de mieux doser l’affouragement en le distribuant au robot sur la journée », indique l’éleveur.
Quatre distributions par jour
Cette organisation de la distribution, associée aux nombreuses repousses (toutes les deux heures lorsqu’il n’y a pas de distribution), a permis de réduire drastiquement les refus et de lisser la fréquentation des trois robots de traite. « Avec une distribution à 2 heures du matin, on améliore la fréquentation la nuit et on limite la compétition aux cornadis le matin », apprécie Erwan Calle. Le robot se distingue également par ses deux trémies de 250 litres pour des produits à faible dosage, difficiles à incorporer au mélange. « On prévoit de les cloisonner pour avoir quatre trémies dédiées au sel, au minéral des taries, au bicarbonate et à la smartamine. » Chargé de 2,5 m3 de mélange, l’automate à trois roues n’atteint pas encore sa vitesse maximale. « De nouveaux capteurs, pour suivre avec plus de précision le fil et les plots avec tags RFID aux changements de zones, vont permettre d’aller plus vite, sans risquer de perdre le chemin. Le constructeur a déjà optimisé la motricité de la seule roue avant motrice et directrice en reculant l’essieu arrière, de manière à mettre plus de poids sur la roue avant. »
En chiffres
• 200 ha de SAU, dont 100 ha de maïs, 16 ha de pois de conserve et 84 ha comprenant luzerne, RGH, prairies de fauche et pâturage, méteil en dérobée.
• Ration VL d’été distribuée au robot : 4 kg MS d’ensilage d’herbe, 11 kg MS de maïs, 0,5 kg de tourteau de colza, 1,5 kg de tourteau de soja, 5 kg de pommes de terre, 2 kg de foin de luzerne, 300 g de minéraux, auxquels s’ajoutent 4 kg d’affouragement en vert.
Cinq tables de dosage et une mélangeuse à poste fixe
Les associés ont souhaité conserver une mélangeuse à pales Qualimix pour sa qualité de mélange et son respect de la fibre. D’un volume de 15 m3, elle est surdimensionnée par rapport aux besoins du robot. « Sept mètres cubes auraient suffi, mais le constructeur ne propose pas plus petit, sauf à passer sur un bol… » Elle est alimentée par deux convoyeurs qui reçoivent la matière issue de cinq tables de dosage de 20 à 40 m3 équipées d’un fond mouvant et de démêleurs. Une table est destinée à l’ensilage de maïs ou d’herbe désilé en cubes, trois accueillent la fibre (paille, foin de luzerne, foin standard) et la dernière est polyvalente (pommes de terre, maïs épi ou ensilage de qualité médiocre). Une sixième table de grand volume (60 m3) sera prochainement installée pour accueillir l’herbe fauchée chaque jour à l’autochargeuse pour l’affouragement en vert, 5 à 6 mois de l’année. Le reste du temps, elle permettra d’augmenter l’autonomie du stockage d’ensilage. Avec une seule table, cette dernière est d’une journée et demie. « Je recharge l’ensilage quotidiennement l’hiver, tous les deux jours en période d’affouragement, à l’heure qui me convient. Cela me prend environ vingt-cinq minutes. Je passe autant de temps une fois par semaine pour remplir les deux stockeurs de foin et une fois par mois pour la paille. Globalement, on peut évaluer le temps de gestion des stocks à 35-40 minutes par jour. En termes d’organisation, je peux désormais m’occuper seul de l’élevage, alors qu’auparavant, avec trois heures passées chaque jour à l’alimentation, j’étais tributaire de la disponibilité du salarié. » La cuisine accueille par ailleurs sept silos ou trémies pour les tourteaux, les minéraux, l’urée ou des additifs, du maïs grain broyé… Enfin, deux pompes à aliments liquides complètent l’équipement. « On introduit de l’eau quand le maïs est trop sec. »
Plus de robots sur roues
Le marché du robot d’alimentation a été directement impacté par la crise laitière l’an dernier. De nombreux projets d’équipements sont restés en attente ou ont été abandonnés faute de perspectives économiques favorables. Les constructeurs notent toutefois un regain d’activité depuis ces dernières semaines. En termes d’évolutions produit, l’an dernier sont apparues de nouvelles déclinaisons de robots sur roues chez deux constructeurs (Trioliet et Rovibec) qui ne proposaient que des automates suspendus à un rail. Installer un rail porteur peut en effet être contraignant, voire impossible dans certains bâtiments. Ces deux constructeurs conservent toutefois un rail d’alimentation électrique offrant plus de puissance que des batteries pour disposer d’un robot mélangeur d’un certain volume, et qui facilite le guidage.
Nouvel entrant sur le marché, LucasG a fait également le choix d’un robot sur roues. Il est en revanche alimenté par des batteries et n’assure que la distribution, en association avec une mélangeuse à poste fixe.
Chez les autres constructeurs, les améliorations portent surtout sur les systèmes informatiques de gestion du robot. GEA a renouvelé le logiciel de son robot MixFeeder afin d’offrir une gestion plus précise des mélanges et distributions. Lely a connecté son robot Vector au logiciel T4C de gestion de son robot de traite, afin de simplifier la gestion et d’optimiser le suivi global du troupeau.
À noter l’arrivée d’un nouveau système de coupe polyvalent pour les tables de stockage du robot Trioliet. Un dispositif annoncé moins énergivore et plus économe en maintenance.