Caméra obligatoire sur les épandeurs de fumier - Attendez les campagnes de rappel
Le rééquipement des épandeurs de fumier en caméra doit faire l'objet d'une campagne de rappel de la part des constructeurs.
Le rééquipement des épandeurs de fumier en caméra doit faire l'objet d'une campagne de rappel de la part des constructeurs.

À la suite d'accidents graves impliquant des personnes positionnées à proximité des organes en mouvement (hérissons, table d’épandage, portes…) à l'arrière des épandeurs de fumier lors du nettoyage ou de l’épandage, les inspecteurs rattachés au bureau des relations et des conditions de travail en agriculture (BRCTA) du Ministère de l’Agriculture se sont intéressés aux risques que représentent ces machines. Il y a deux, voire trois ans, plusieurs constructeurs d'épandeurs de fumier ont été inspectés pour vérifier la conformité de leurs matériels avec les textes réglementaires, notamment la norme EN690/2013, en application depuis 2014, qui régit les épandeurs de fumier, ou encore la directive machine 2006/42 CE. Dans l'annexe 1, point 3.2.1 de cette dernière, le texte réglementaire indique que la "visibilité depuis le poste de conduite doit être telle que le conducteur puisse en toute sécurité, pour lui-même et pour les personnes exposées, faire fonctionner la machine et ses outils dans les conditions d'utilisation prévisibles. En cas de besoin, des dispositifs appropriés doivent remédier aux risques résultant de l'insuffisance de la vision directe."
Une lecture divergente de la réglementation
La BRCTA a donc envoyé un courrier il y a un an à tous les constructeurs invitant ces derniers à se mettre en conformité par rapport à l'absence de vision directe, y compris sur les appareils déjà vendus depuis l'application de la directive machine. Le syndicat Axema estime que les alarmes sonores ou lumineuses se déclenchant lorsque les organes sont en mouvement et l'épandeur à l'arrêt ou encore les dispositifs ne facilitant pas l'accès à la caisse constituent des solutions suffisantes aux exigences de la directive européenne 2006/42 CE. Cette lecture n'est pas partagée par le BRCTA, qui reste campé sur ses positions et qui fait de la France le seul pays en Europe à exiger l'équipement de solutions alternatives à l'absence de vision directe... sans préciser lesquelles. La caméra couplée à un écran constitue la solution la plus adéquate. Pour répondre aux demandes du BRCTA, le constructeur de Saône-et-Loire Buchet a ainsi rééquipé à ses frais l'ensemble de ses épandeurs vendus depuis 2019, avec une caméra à communication sans fil (pour un coût de 350 euros hors montage), afin de clôturer le dossier avec le BRCTA le 1er janvier 2025. "Pour les appareils placés à proximité de l'usine, le rétrofit a été réalisé chez nous, explique Philippe Buchet, le dirigeant de l'entreprise. Pour les autres, ce sont soit nos concessionnaires, soit les clients finaux, s'ils le voulaient bien, qui ont effectué le montage."
Le rééquipement des épandeurs de fumier à l'initiative et aux frais des constructeurs
Directeur des affaires réglementaires à Axema, Guillaume Bocquet indique que "la campagne de rappel est à l'initiative et aux frais du constructeur, qui peut faire appel à ses concessionnaires pour réaliser le montage". Et comme tous les épandeurs ne sont pas concernés, les utilisateurs finaux (agriculteurs, ETA et Cuma) n'ont pas à s'en préoccuper et doivent attendre le courrier de la part du constructeur.
La caméra présente des avantages

Avec une expérience de près d'un an pour les premiers épandeurs rééquipés de caméras, Buchet met en avant les effets bénéfiques. "Outre les gains en termes de sécurité, la caméra présente des avantages en termes de confort, précise Philippe Buchet. Elle rend les manœuvres plus faciles et réduit considérablement les risques de casse des feux, quand on recule vers un tas de fumier. Nous avons placé la caméra à une hauteur raisonnable pour qu'elle puisse être nettoyée au besoin depuis le sol. Les premiers retours d'utilisateurs sont bons. C'est comme la caméra de recul sur une voiture, quand on y a goûté, on ne fait pas machine arrière."
Attention à l'entretien
Le constructeur de Saône-et-Loire insiste tout de même sur l'obligation d'entretien de ce nouvel équipement. "Si le constructeur a pour obligation de l'installer, l'utilisateur final doit veiller à ce qu'il reste fonctionnel, d'autant plus lorsque l'épandeur est utilisé en Cuma et/ou par un salarié."