Trois enrouleuses-dérouleuses pour la manutention des voiles antigel au vignoble
Plusieurs machines sont en test dans le vignoble afin d’installer et d’ôter les voiles antigel. Tour d’horizon.
Plusieurs machines sont en test dans le vignoble afin d’installer et d’ôter les voiles antigel. Tour d’horizon.
Si l’Inao autorise l’usage des voiles contre le gel, il faudra pouvoir les mettre en place ainsi que les enlever rapidement. Des sociétés planchent donc sur la mécanisation de cette tâche, à l’instar de l’entreprise ligérienne Idmat, en collaboration avec des constructeurs locaux. Pour ce faire, elle a tout d’abord réfléchi aux accessoires de pose des voiles intissés PP30, pour que ces derniers « tiennent sans se détériorer ni abîmer le palissage », introduit Yoann Michenet, directeur technique d’Idmat.
Après plusieurs campagnes d’essai, son choix s’est porté sur un chapeau de protection à disposer sur les piquets et des élastiques permettant au palissage de résister au vent. « L’élastique emmagasine l’énergie cinétique du vent sans la restituer au palissage », se réjouit Yoann Michenet. La durée de vie des voiles est alors d’environ trois ans. Parallèlement à cela, l’enrouleuse-dérouleuse est au stade prototype et devrait faire l’objet de tests cet hiver. Elle comprend un axe motorisé sur lequel on dispose un mandrin métallique avec une couronne de chaque côté. L’objectif serait de pouvoir mener deux rangs de concert, à raison de 5 hectares par jour. La machine vaudrait au maximum 8 000 euros.
Une enrouleuse-dérouleuse pour enjambeur
La SAS Scylla, à Vignoles, en Côte-d’Or, est plus avancée. En collaboration avec la société Boisselet, elle propose les voiles antigel géosynthétiques Vinotex et une dérouleuse-enrouleuse à fixer sur un enjambeur. Ici, pas besoin d’accessoires pour disposer le voile, car il est particulièrement résistant grâce à sa composition (géo-film en polyéthylène à base de résines recyclées et géotextile). Selon Arnaud Cheront, président de l’entreprise Scylla, la durée de vie moyenne de ces voiles est de l’ordre de dix ans. « Et ensuite, le client peut se tourner vers des entreprises de travaux publics comme Eurovia, qui pourront les lui prendre et les mettre sous les routes par exemple », informe-t-il. Ce qui permet de limiter au maximum l’impact sur l’environnement.
Avec la machine mise au point par Boisselet, le déroulage et l’enroulage du textile se font rang par rang à environ 3 km/h, à raison de deux ou trois personnes ; soit un hectare en 3 h 30. La bâche se dépose sur les piquets de palissage. L’opérateur à pied qui suit l’enjambeur actionne une manette qui entraîne la dépose d’un cavalier de lestage à cheval sur le rang pour éviter que le voile ne s’envole. Cette machine, composée d’un palonnier simple s’arrimant à l’arrière de l’enjambeur et d’un enrouleur couplé à l’hydraulique de l’engin agricole, télécommandé par le chauffeur, s’installe sur un cadre de fixation qui diffère selon les enjambeurs. Un dévidoir automatique télécommandé permet de distribuer les cavaliers et une barre de relevage en amont guide la couverture pour que son enroulage soit régulier et soulève le géosynthétique afin qu’il n’exerce aucune contrainte sur les palissages. La machine vaut environ 10 000 euros ; le film 4,30 euros du mètre carré. « Ce qui revient à 3 300 à 3 400 euros par hectare avec l’amortissement », calcule le président.
De l’autoconstruction dans le Bordelais
Dans le Bordelais, un domaine s’est lancé dans l’autoconstruction l’hiver dernier : le Château de Cruzeau, à Saint-Médard-d’Eyrans. Mickaël Besse, chef d’équipe du château, revient sur la genèse de cet outil téléscopique pour enjambeur, conçu pour déployer des genres de bâches en toile de jute sur 4 rangs (largeur interrang de 1,30 m) à la fois. « Avec Stéphane Seuve, chef d’atelier du Château Bonnet faisant partie du même groupe, nous avons commencé par prendre un axe central, sur lequel s’installe la bobine de toile, décrit-il. Puis nous avons monté des tubes de renfort avec un système de chaînes pour régler et maintenir les 6 m de toile. »
Ils ont ajouté un vérin central pour soulager l’axe du poids de la bâche et un plateau. Puis ils ont installé un roulement d’un côté et un roulement avec un petit moteur hydraulique de rogneuse de l’autre côté. « Mais par moments, il patine un peu, donc je vais installer un moteur plus puissant cette année », complète Mickaël Besse. Pour dérouler la toile, cette machine s’installe à l’arrière de l’enjambeur, mais pour l’enrouler, elle se place à l’avant. En déroulage, l’enjambeur peut progresser à environ 3 à 4 km/h, avec des personnes de part et d’autre qui accrochent la toile sur les rangs adjacents. L’hiver dernier, l’installation mécanique des bâches a mobilisé sept personnes. Cette année, Mickaël Besse espère pouvoir passer à trois. Ce bricolage leur a pris environ deux semaines.