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Quels équipements sur la tonne à lisier pour stopper les pertes d’azote ammoniacal à l’épandage ?

Les odeurs dégagées lors des apports de lisier sont synonymes de pertes ammoniacales par volatilisation. Pour les limiter, les buses à palettes sont à bannir au profit des enfouisseurs, injecteurs et rampes d’épandage.

Lors de l’épandage de lisier, plus ça sent, plus il y a d’euros qui s’envolent. Si les nuisances olfactives proviennent des acides gras volatils et d’autres composants odorants, elles s’accompagnent inévitablement de la volatilisation d’unités d’azote ammoniacal. Les buses à palette sont les plus mauvais élèves, car elles engendrent des pertes considérables allant de 20 à 100 % selon les conditions. Elles semblent cependant vivre leurs dernières campagnes d’utilisation en France et sont d’ailleurs déjà interdites dans certains Länder allemands, en Belgique et depuis longtemps aux Pays-Bas. Dans l’Hexagone, le plan national de réduction des émissions de polluants atmosphériques (Prépa), défini par l’Arrêté du 10 mai 2017, prévoit en effet de supprimer l’utilisation des matériels les plus émissifs à l’horizon 2025, afin de réduire la volatilisation de l’ammoniac liée aux épandages de matières fertilisantes. Pour mieux valoriser le lisier, l’utilisation d’outils adaptés est incontournable. Les agriculteurs l’ont compris, car les constructeurs enregistrent une nette progression des ventes d’équipements d’épandage. Le développement des unités de méthanisation booste aussi les investissements.

1- L’enfouisseur de cultures le plus performant

Assurant simultanément l’incorporation du lisier et le travail du sol, les enfouisseurs de cultures, à dents ou à disques, luttent le plus efficacement contre la volatilisation de l’azote ammoniacal, avec des pertes inférieures à 5 %, voire quasi nulles. Ils s’utilisent généralement en l’absence de culture et peuvent par conséquent exposer les éléments fertilisants au lessivage. Les enfouisseurs à dents sont les moins chers, mais les plus tirants. Ils doivent toutefois bénéficier d’une conception robuste pour résister à l’augmentation des vitesses d’épandage. Les modèles à disques se présentent sous différentes versions. Par exemple, le Terradisc de Joskin est construit sur la base d’un déchaumeur à disques indépendants et assure deux opérations simultanément : déchaumage et fertilisation. Il est en revanche particulièrement gourmand en puissance : la variante de 5 m demande un tracteur de 300 ch pour rouler au champ à 8 km/h avec la tonne à lisier. Pourvu de disques lisses, le Pichon EL71, conçu pour évoluer sur chaumes, ne perturbe pas le sol et se valorise aussi sur prairie. Toutefois, l’écart entre disques de 400 mm ne permet pas d’obtenir le même résultat qu’avec un injecteur prairie aux interlignes de 200 mm, car toutes les racines ne peuvent pas capter les unités fertilisantes.

2- L’injecteur à disques idéal sur prairie

Les injecteurs à disques spécifiques aux prairies présentent des niveaux de pertes oscillant entre 5 et 10 %. Leurs principaux inconvénients sont le manque de polyvalence et de débit de chantier en raison de la largeur de travail limitée, les plus grands mesurant de 8 à 9 m. Les éléments d’injection à disques espacés de 20 cm garantissent une bonne valorisation des unités fertilisantes par les plantes. Exerçant chacun une pression au sol d’environ 200 kg, ils créent un sillon étroit, de 4 à 6 cm de profondeur, mettant le lisier en contact avec la terre. Ce procédé limite l’exposition à l’air et réduit par conséquent les nuisances olfactives. Il présente aussi le grand avantage de ne pas salir la plante et facilite ainsi la gestion du pâturage. Dans le cadre de fauche pour le foin ou l’ensilage, la fertilisation avec l’injecteur prairie évite de récolter de l’herbe souillée. Le système de gestion de la profondeur doit être performant, afin de ne pas déposer le lisier trop profond, ni le déverser en surface. Le montage des éléments d’injection sur pivot est à privilégier, car il permet de contourner les obstacles et évite ainsi que les disques aient un effet cover-crop.

3- Les rampes à patins dans l’air du temps

Les rampes à patins sont à la mode en ce moment et étaient d’ailleurs omniprésentes au salon Agritechnica sur les stands des spécialistes de l’épandage du lisier. Ces matériels disposent de sabots chacun plaqués au sol par une pression de 10 à 15 kg pour mettre le lisier en contact avec la terre. Ils affichent des niveaux de pertes par volatilisation allant de 10 à 15 % de l’azote ammoniacal. Les rampes à patins, déclinées de 7,5 à 30 m d’envergure, procurent de bons débits de chantier et demandent peu de puissance de traction supplémentaire par rapport aux modèles à pendillards classiques. Plus complexes de conception que ces derniers, elles sont aussi plus coûteuses. Leur architecture revêt une importance en termes de qualité de travail. Le châssis doit intégrer un mécanisme efficace pour le suivi du terrain, afin que les sabots restent constamment plaqués au sol. La présence de roues de jauge et d’un système de correction de dévers est à privilégier sur les équipements de grande envergure.

4- La grande polyvalence des rampes à pendillards

Les rampes à pendillards affichent des niveaux de pertes d’azote ammoniacal de l’ordre de 15 à 20 %. Elles sont les championnes en termes de débit de chantier grâce à leur grande envergure, jusqu’à 36 m chez Vogelsang. Elles conviennent parfaitement pour les apports sur culture, comme les céréales ou le maïs. Dans ce cas, elles permettent d’apporter le lisier au moment où la plante en a besoin. Sur prairies, les tuyaux des rampes déposent la matière organique tous les 25 à 30 cm, créant des cordons qui souillent les plantes. L’idéal est d’intervenir avant la pluie pour une bonne assimilation des unités fertilisantes et un nettoyage naturel du feuillage. En l’absence de précipitation, le lisier séché peut nuire au pâturage ou se retrouver dans le fourrage récolté. Le grand inconvénient des rampes à pendillards est le suivi du sol dans les terrains vallonnés, notamment pour les modèles de grande largeur.

L’azote ammoniacal très volatil

L’azote contenu dans les effluents d’élevage se retrouve principalement sous deux formes : organique et ammoniacale (NH4). L’azote organique constitue généralement la part la plus faible. Sa disponibilité à plus ou moins long terme dépend de l’activité microbienne du sol. En revanche, l’azote ammoniacal est immédiatement assimilable, car il se transforme rapidement en nitrate. Les lisiers en contiennent une proportion assez élevée : 40 à 60 % de l’azote total pour les effluents d’origine bovine, 50 à 80 % pour ceux des élevages porcins. Cette forme ammoniacale a la fâcheuse tendance à se volatiliser dans les cinq heures suivant l’épandage. Il convient donc, pour éviter les pertes, de l’appliquer au plus près du sol, de l’enfouir au moment de l’épandage ou de l’incorporer dans la foulée avec un outil de travail du sol.

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