Pailleuses de grande capacité : Elles évitent bien des allers et retours
Sur le chargement et le transport de la paille, les pailleuses de grand volume font gagner du temps. Capables de distribuer tout type de fourrages, elles ont aussi l’avantage de la polyvalence.
Porte arrière ouverte, elles peuvent transporter jusqu’à quatre grosses balles cubiques ou rondes, supprimant ainsi de nombreux allers et retours entre le stockage de paille et la stabulation. Les pailleuses de grande capacité (à partir de 14- 15 m3) trouvent de plus en plus leur place dans les grands troupeaux. Elles distribuent aussi tout type de fourrages. La plupart des constructeurs proposent des modèles de 15 et/ou 18 m3, parfois aussi une machine plus petite (12 m3). La société belge Robert a, depuis peu, à son catalogue un modèle de 22 m3. Ces volumes sont assurés par des hauteurs de caisse allant de 1,80 à 2 mètres. Ces volumes demandent bien sûr des conceptions robustes (châssis, caisse rigidifiée), ce qui en fait des machines lourdes : généralement de 4 à 5,5 tonnes à vide pour les 15 ou 18 m3. Les pailleuses Robert sont beaucoup plus imposantes (6,7 t pour le 18 m3, 7,2 t pour la 22 m3). Les constructeurs indiquent des puissances de traction de 80 à 100 chevaux.
Deux ou trois démêleurs, souvent débrayables
Le fond mouvant est constitué de chaînes (rondes ou plates) et de barrettes démontables. Certaines machines (Kuhn et Robert) sont équipées de deux moteurs d’entraînement : on utilise les deux moteurs (mode lent avec plus de couple) pour distribuer les fourrages lourds comme l’ensilage ou l’enrubanné et un seul (mode rapide) pour le paillage en flux rapide.
La plupart des pailleuses de grande capacité sont équipées de trois démêleurs superposés. Seul le modèle 15 m3 de Kuhn n’en a que deux. « Le troisième démêleur projette la marchandise au-dessus de la turbine plutôt que de la canaliser, justifie Pierrick Blanchard. La différence de dimensions et de positions de nos deux démêleurs à spires concentriques assure un flux de fourrage régulier vers la turbine. Leur profil a une importance capitale. » L’entraînement mécanique des démêleurs est débrayable sur certaines machines (Belair, Jeulin, Kuhn, Robert, Silofarmer…), un équipement souvent en option. On peut ainsi lancer la turbine avant d’envoyer le fourrage.
S’adapter aux différents types de fourrages et de paille
Les démêleurs sont équipés de sections coupantes et de crochets dont le nombre est adapté selon le fourrage à distribuer. « Si l’on ne passe que de l’ensilage, on met moins de sections et davantage de crochets. Et inversement, si l’on distribue plutôt de l’enrubannage ou du foin qu’il faut couper », explique ainsi Stéphane Navarre (Jeulin). De son côté, LucasG propose deux types de démêleurs selon le produit prédominant. « Nous pouvons équiper les machines soit de démêleurs à sections coupantes pour l’enrubanné brins longs, soit de démêleurs avec des disques et des dents pour toutes les autres matières », explique Pierre Grevet (LucasG). La plupart des pailleuses distributrices sont équipées, parfois en option, d’un peigne régulateur hydraulique qui permet de doser l’agressivité des démêleurs, et donc le flux, selon le produit à distribuer et le besoin de couper ou pas. « Nous ne proposons plus de peigne hydraulique parce que nous avons mis des reteneurs plus longs », explique-t-on cependant chez Jeulin. De plus, chez ce constructeur, le « troisième démêleur tourne moins vite pour que la paille ne monte pas ».
Portée de paillage de 18 à 25 mètres
Les turbines sont parfois de même diamètre que sur de plus petits modèles, parfois un peu plus grandes (1,7 à 1,8 m). Tous les constructeurs garantissent une portée de paillage d’au moins 18 mètres avec la goulotte latérale à droite. Sébastien Robert affirme qu’elles peuvent projeter jusqu’à 25 mètres. Toutes peuvent être équipées d’une goulotte orientable. En option, selon les marques, elles peuvent être munies d’un système de pesage, d’une trémie mélangeuse, de différents types de goulottes, d’un kit anti-poussière… Les prix publics de ces pailleuses distributrices de grande capacité (15 et 18 m3) se situent dans une fourchette de 30 000 à 33 000 euros, mais peuvent monter jusqu’à 50 000 euros pour le modèle 22 m3 du constructeur Robert.
Gain de temps sur le chargement et le transport
En matière de paillage, par rapport à des pailleuses de plus petit volume, ces machines font gagner du temps surtout sur le chargement et le transport de la paille. Etienne janvier, chez Belair, estime que l’on gagne également « 10 à 20 % de temps sur le paillage lui-même ». Elles ont aussi l’avantage de la polyvalence, même si on ne peut bien évidemment pas les comparer à une mélangeuse. Certains éleveurs, généralement des naisseurs dans le Massif Central, les utilisent uniquement pour le paillage, mais elles semblent majoritairement assurer les deux fonctions (paillage et distribution), surtout quand il y a de l’engraissement. Certains modèles peuvent même être équipés d’une option recyclage. Mais, précise Pierrick Blanchard, chez Kuhn, « les grandes exploitations allaitantes préfèrent souvent avoir une mélangeuse et une pailleuse pour pouvoir travailler à deux personnes en même temps ». A contrario, d’autres exploitations, plutôt des élevages engraisseurs de taille plus modeste, font le choix de la polyvalence, mais privilégient le rationnement avec un bol pailleur. Recommander une taille de cheptel à partir de laquelle se justifierait l’achat d’une pailleuse distributrice de grande capacité n’est pas aisé tant les besoins sont différents d’une exploitation à l’autre. Pierre Grevet, chez LucasG, risque néanmoins une indication : « Dix bêtes par mètre cube en paillage seul, huit bêtes par mètre cube en distribution ».
Uniquement pour le paillage
Le Gaec de la Clarié, dans le Tarn, vient de renouveler son ancienne pailleuse de 10 m3 pour un modèle 14 m3 de Jeulin. Cet élevage de 120 Limousines, avec engraissement des mâles et des vaches de réforme, utilise une mélangeuse de 22 m3 pour l’alimentation. Les deux frères, Vincent et François Pépin, se répartissent ainsi le travail, paillage et distribution prenant à peu près le même temps. La nouvelle pailleuse, chargée de trois bottes cubiques de 330 kg, permet de pailler les quatre bâtiments en deux tours au lieu de trois. Le chargement est effectué à la fourche crocodile après avoir enlevé les ficelles au sol, en prenant les bottes en deux fois. Les accès aux bâtiments sont difficiles par endroits. D’où leur choix de cette pailleuse, avec un essieu assez centré. De plus, elle a été rehaussée de sept centimètres. Au départ, les démêleurs étaient un peu trop agressifs pour la paille. Des sections ont été remplacées par des crochets. « Cela dépend des qualités de paille, explique Olivier Monpeu, inspecteur commercial Jeulin Sud-Ouest. Parfois, elle est longue, parfois brisée. La difficulté, quand les éleveurs achètent la paille, c’est qu’il y a des écarts importants selon la provenance. »
Gyrax repense le chargement
Le constructeur Gyrax propose un nouveau modèle de pailleuse (Big Confort 22700) de grand volume (23 m3), très innovante en matière de chargement. Elle peut recevoir huit balles cubiques. La partie arrière de la caisse est fixe. En revanche, les côtés s’abaissent pour former une plateforme de chargement. Une fois les bottes déposées sur ces ridelles, on enlève les ficelles, un profil dentelé évitant qu’elles ne se retrouvent bloquées sous les balles. Des bielles se positionnent ensuite à l’extrémité des ridelles pour maintenir les balles. Il ne reste plus qu’à actionner les vérins hydrauliques pour relever les côtés et charger les bottes.