Moins de pertes au silo avec les godets trancheurs
Les godets désileurs trancheurs s’utilisent pour reprendre le fourrage au silo en assurant une découpe franche du front d’attaque. Ils servent aussi à sectionner les balles rondes, mais pour cette opération il existe également des pinces spécifiques.
Les godets désileurs trancheurs s’utilisent pour reprendre le fourrage au silo en assurant une découpe franche du front d’attaque. Ils servent aussi à sectionner les balles rondes, mais pour cette opération il existe également des pinces spécifiques.
La reprise de l’ensilage au tas avec une fourche à grapin ou une benne multifonction présente l’inconvénient de faire entrer de l’air dans le silo, de relancer la fermentation et d’engendrer des pertes par moisissure. Les godets désileurs à fraise rotative limitent ce phénomène, mais ils ont tendance pour certains à défibrer le fourrage. Ils trouvent aussi leur limite d’efficacité dans l’ensilage d’herbe, notamment en cas de brins longs issus de la récolte à la remorque autochargeuse. Ils sont également plus exigeants en entretien. Pour s’affranchir de ces problèmes, de nombreux fabricants proposent des godets trancheurs à système de coupe rigide (AP, BVL, Manitou, Redrock, Robert, Tanco…). Emily se démarque avec le modèle Scie’Rex à mouvement alternatif, dont le principe de fonctionnement assure une découpe nette, mais impose davantage de pièces en mouvement. Ces équipements, agissant comme une tenaille, garantissent une découpe franche du front d’attaque et s’utilisent aussi bien pour charger une remorque mélangeuse qu’un système d’alimentation automatisé. Certains éleveurs les exploitent également en déposant directement les cubes d’ensilage devant les cornadis des génisses, par exemple. Dans ce cas, comme le fourrage n’est pas détassé, il ne s’échauffe pas et se conserve plusieurs jours.
Les doigts plus adaptés à l’ensilage d’herbe
Les godets trancheurs sont construits sur la base d’une fourche « type fumier » ou d’une benne. Leur partie tranchante demande un affûtage régulier des couteaux pour garder toute son efficacité. Elle est actionnée par des vérins dont la taille et la position définissent la plus ou moins grande capacité à couper l’ensilage. Plus leur fût est gros, plus ils sont puissants, à condition toutefois de disposer d’un engin de manutention fournissant suffisamment de pression hydraulique (180 à 200 bars). Les mouvements sont généralement plus lents et désiler avec un godet trancheur prend davantage de temps qu’avec une benne à grapin. L’acier employé et la conception sont déterminants dans la longévité, car l’équipement doit résister à de fortes contraintes. En fonction des marques et du dimensionnement, le prix de ces équipements varie de 4 000 à 15 000 euros. Les plus robustes coûtent deux fois plus chers qu’un godet multifonction de taille équivalente. Les modèles sur base de fourche sont particulièrement adaptés à l’ensilage d’herbe. Les doigts pénétrant entièrement dans le tas permettent d’extraire de gros blocs et donc de désiler rapidement. Ces variantes peuvent être complétées d’un éjecteur qui facilite le déchargement à plat. Elles sont parfois préférées aux désileuses de cubes pour remplir la cuisine d’un robot d’alimentation, car elles garantissent un meilleur débit de chantier et engendrent moins de frais d’entretien en raison de leur simplicité de conception. Les godets trancheurs à bennes présentent l’avantage, par rapport aux modèles à fourche, d’éviter les pertes durant la manipulation, surtout avec l’ensilage de maïs. Comme ils rencontrent des difficultés à pénétrer dans les silos d’herbe bien tassés, ils se remplissent par petites tranches, ce qui augmente la durée de désilage.
Des pinces spécifiques pour couper les balles
Les godets trancheurs s’emploient également pour couper les balles rondes avant de les charger dans la remorque mélangeuse. Cette pratique réduit le temps de démêlage et permet d’apporter des quantités précises de foin ou d’enrubannage. Philippe Coudeville, représentant de Redrock en France, met en garde par rapport à cette utilisation, car le risque est grand d’abimer la structure du godet si la balle n’est pas bien centrée par rapport au système de coupe. Il recommande alors de n’effectuer cette opération qu’avec des modèles de faible largeur. Par ailleurs, l’ouverture de la lame tranchante peut être insuffisante pour happer correctement la botte. Pour découper les balles rondes, il existe des pinces spécifiques proposées par différentes marques : AP, Eurofarm (AB), Göweil, McHale, Pronar, Tanco… Ces équipements s’accompagnent généralement d’un système retenant le film plastique et le filet, qui évite à l’opérateur de quitter la cabine à chaque botte distribuée. Ils sont plébiscités par les agriculteurs distribuant du fourrage enrubanné. Ces pinces ne sont en revanche pas toutes adaptées à la reprise directe au tas d’ensilage, en raison de l’écartement important entre les doigts de la fourche de certains modèles. Elles sectionnent la balle avec une lame pourvue de grosses sections. Comme pour les godets trancheurs, la capacité de coupe dépend de la taille des vérins et de l’état des couteaux, ainsi que de l’engin sur lequel ces outils sont montés. L’utilisation sur une chargeuse ou un télescopique donne généralement satisfaction, car ces automoteurs disposent d’un circuit hydraulique performant. Ceci n’est pas toujours le cas avec un tracteur équipé d’un chargeur frontal et mieux vaut s’assurer des débits et pressions réelles avant d’investir, afin d’éviter de mauvaises surprises.