Bâtiments d'élevage - Les solutions pour automatiser le raclage
Les racleurs automatiques ou robots de raclage sont devenus incontournables pour se décharger d’une astreinte et améliorer le confort animal. Le choix de l’équipement dépend du bâtiment et de la nature de l’effluent.
Les racleurs automatiques ou robots de raclage sont devenus incontournables pour se décharger d’une astreinte et améliorer le confort animal. Le choix de l’équipement dépend du bâtiment et de la nature de l’effluent.
Avec l’agrandissement des troupeaux et la problématique de main-d’œuvre toujours plus prégnante, le raclage des aires d’exercice est l’une des premières tâches qu’il est possible d’automatiser dans un élevage. En évitant le démarrage d’un tracteur, la manipulation des animaux, l’ouverture de barrières, le raclage automatique permet d’économiser quotidiennement entre 20 et 60 minutes par rapport à un raclage au rabot (deux raclages par jour sur un à deux couloirs), selon l’Institut de l’élevage. Outre le gain de temps et de confort pour l’éleveur, la fréquence plus élevée du raclage permet d’améliorer la propreté des bâtiments et donc la santé des animaux. « Avec les robots de traite, les vaches sont de plus en plus à l’étable et pour avoir une bonne fréquentation, il faut favoriser la circulation et donc avoir des sols propres », souligne André Pot chez Delaval.
Le raclage automatique du fumier moins vulgarisé
Même si la tendance des nouvelles installations s’oriente clairement en faveur des systèmes lisier, le raclage du fumier reste encore présent dans beaucoup de bâtiments. Le raclage du fumier est moins fréquent (2 fois par jour) pour conserver la consistance du produit et nécessite souvent une reprise en bout de bâtiment. Son intérêt de l’automatiser est donc moindre comparativement à un système lisier. Il impose l’utilisation d’un racleur lourd en forme de V ou en U. Au niveau de l’entraînement, les racleurs hydrauliques, gourmands en énergie, laissent la place à des systèmes électriques à chaîne. La puissance demandée reste importante. « Il faut 2 à 2,5 kW en fumier, quand 0,5 à 1 kW suffit en lisier », illustre Nicolas Canteneur, directeur général de Miro, seul constructeur à proposer un robot capable de racler du fumier. « Notre Mirobot est souvent utilisé en conditions mixtes associant des couloirs en lisier et des zones paillées. »
Les robots racleurs plébiscités sur les caillebotis
En système lisier, la concurrence entre racleurs automatiques et robots de raclage est plus marquée. « Le gros avantage des robots est qu’ils peuvent intervenir dans les zones intermédiaires comme les passages entre les logettes et les aires d’attente, reconnaît Bertrand Fagoo de l’Institut de l’élevage. Ils demandent moins d’aménagements (pas de bordure à créer ou de canal central à creuser) pour leur installation et du fait de leur largeur réduite, ils sont également moins sensibles aux irrégularités du sol. »
Dans les élevages sur caillebotis, les robots racleurs ont fait leurs preuves et leur relative simplicité les rend très compétitifs en termes de coût d’investissement face aux racleurs légers à corde habituellement proposés pour ce type de sol, quand il s’agit de racler deux couloirs. « En revanche, la technologie engendrera davantage de coûts de fonctionnement dans le temps. »
Les robots arrivent aussi sur sols pleins
Dans le cas des sols pleins, l’offre en robots est plus récente et l’investissement est plus élevé comparativement au racleur à corde. « On a encore peu de recul sur la durée de vie et le vieillissement de ces automates. Contrairement aux simples robots racleurs pour caillebotis, ils sont plus complexes techniquement et imposent davantage de contraintes. L’appareil ne doit pas faire trop de distance pour décharger le lisier, ce qui peut impliquer la présence d’une préfosse avec homogénéisation et pompe de reprise du lisier, avertit Bertrand Fagoo. Cela impose un surcoût très important (30 000 à 50 000 euros) comparativement à un déversement direct en fosse ou par gravité via un canal à lisier. Toutefois, le préstockage et la reprise sont parfois également nécessaires avec des racleurs pour les grands troupeaux ou quand il est impossible de construire une fosse enterrée à proximité du bâtiment. »
Les robots pour sols pleins sont plus ou moins compatibles avec des lisiers chargés. Les modèles dits « préleveurs » ou « collecteurs » (Joz Barn-e ou Delaval Robot Collect) acceptent jusqu’à 1,5 kg de paille (brins jusqu’à 6 cm) par logette et par jour, tandis que les robots aspirateurs (Lely Discovery Collector et CRD Aspi Concept) ne tolèrent la paille qu’en farine, à de faibles doses. Ces automates demeurent donc peu compatibles avec des logettes profondes ou avec des matelas chargés de litière pour améliorer le confort.
Les robots ont d’autres avantages par rapport aux racleurs. Ils ne créent pas de vague de lisier, qui peut déranger des vaches et souiller leurs pattes. Leur trajet configurable à souhait permet de s’adapter aux écarts de salissement des différentes zones du bâtiment.
Le racleur à corde fait de la résistance
Face à la montée en puissance des robots, les racleurs sont encore bien présents. « Dans les bâtiments très ventilés et en période de fortes chaleurs, les racleurs tirent leur épingle du jeu face aux robots, grâce à leur poids supérieur permettant de venir plus facilement à bout du lisier séché, sans devoir arroser », relève André Pot. Le racleur droit est le plus courant en lisier. Il est de plus en plus souvent associé à des brosses. « Attention à les nettoyer régulièrement pour qu’elles conservent leur efficacité », prévient Nicolas Canteneur. Les racleurs à corde semblent prendre l’avantage sur les modèles à chaîne ou à câble. « La corde est plus facile à réparer et ne devient pas blessante pour les animaux quand elle s’use, contrairement au câble. » Outre une largeur de couloir minimale (4,5 m à l’auge et 3 à 3,5 m pour les autres couloirs), Bertrand Fagoo préconise d’avoir deux couloirs de même longueur pour limiter les coûts. « Au-delà de 70 à 90 mètres de long, il faut parfois un collecteur intermédiaire pour limiter la vague. Il est aussi préférable de faire débuter le racleur près des robots de traite. »
Augmenter la fréquence de raclage
En fumier, la fréquence de raclage est moindre pour conserver un produit consistant, manipulable en plateforme. Elle sera fonction de la quantité de matière à racler et de la régularité du paillage. Les racleurs hydrauliques ou à chaîne tournent rarement plus de deux fois par jour.
Pour le lisier, plus la fréquence de raclage est élevée, plus l’humidité ambiante sera réduite et les vaches seront propres. Selon les configurations, il est possible de passer toutes les deux à trois heures en journée. « Avec une salle de traite, il est préférable de racler avant la traite et de laisser les vaches tranquilles trois à quatre heures après », indique Bertrand Fagoo de l’Institut de l’élevage. Les armoires de pilotage peuvent être associées à des capteurs autorisant l’ajustement de la vitesse du racleur selon des zones. La maîtrise des horaires et des trajets reste le grand point fort des robots racleurs.
Un sol uniforme et en pente
Avant de choisir un équipement, il est nécessaire de s’assurer de la qualité du sol à racler. « En sol plein, il faut éviter au maximum les irrégularités et s’assurer qu’il y ait une pente suffisante et linéaire », rappelle Bertrand Fagoo de l’Institut de l’élevage. Une pente longitudinale de 1 à 2 % est la préconisation mais n’est pas toujours possible. Dans l’idéal, une pente transversale de 1,5 à 2 % favorise la séparation des urines qui sont ramenées dans la rigole centrale, d’autant plus efficacement quand le sol est rainuré en V. La confection d’un canal central peut aussi améliorer l’évacuation des urines. Cette approche vaut surtout pour de nouveaux bâtiments, mais la mise en œuvre de la maçonnerie demande un certain savoir-faire et le racleur doit pouvoir s’adapter. Dans les bâtiments existants, lorsque la qualité des bétons fait défaut, il est possible de les ragréer ou de les recouvrir d’un tapis. Attention toutefois, le tapis ne résout pas les problèmes de pente.
« Les tapis rainurés associés à un racleur avec ergots assurent un drainage efficace et limitent les émissions d’ammoniac, un critère qui sera d’autant important dans les années à venir. Sur le même principe, les plaques de béton rainurées préfabriquées sont aussi intéressantes. Mais ces deux solutions imposent un surcoût de 50 à 80 euros au mètre carré », avertit le spécialiste.
Dans le cas des caillebotis, si ce n’est pas forcément le sol le plus confortable pour les vaches, il a l’avantage d’évacuer rapidement les effluents et permet d’obtenir des sols plus secs. Mais pour que les vaches conservent des pieds propres, il est essentiel de les racler, notamment à proximité des seuils de logettes.