[ESSAI] Fendt 211 Vario « Un petit tracteur performant et suréquipé »
Florian Morel, éleveur à Plémet dans les Côtes-d’Armor, fait le bilan d’une semaine de travaux avec le tracteur Fendt 211 Vario Profi + de 114 chevaux, équipé d’un chargeur Cargo 3X65.
Le plus petit modèle du constructeur bavarois a été profondément remanié l’an dernier en adoptant notamment des technologies issues des gammes supérieures. En passant au Stage V, son moteur 3 cylindres 3,3 l Agco Power abandonne l’EGR, mais intègre un FAP et un SCR (AdBlue), en plus du DOC. Peu de changements en termes de puissance pour les quatre premiers modèles de 72 à 99 ch. En revanche, le 211 Vario essayé bénéficie désormais d’une puissance additionnelle de 10 ch, délivrée de manière progressive en fonction des besoins, portant sa puissance maxi à 124 ch.
Autre évolution majeure, la cabine gagne 9 cm de hauteur et intègre un pare-brise au sommet arrondi, ainsi qu’un nouveau toit vitré. Dans l’habitacle, le 200 Vario adopte l’univers de commandes FendtOne inauguré par les 300 Vario, qui s’illustre par une centralisation des commandes sur l’accoudoir multifonction et par un joystick à l’ergonomie repensée et aux nombreuses touches personnalisables. Le chauffeur dispose aussi d’un écran 10 pouces non tactile, en lieu et place du traditionnel tableau de bord.
Trois niveaux de finition
Le 200 Vario se décline en trois finitions : Power, Profi et Profi +. La seconde permet d’accéder en option au terminal tactile 12 pouces en bout d’accoudoir, à l’automatisme de bout de champ et au nouveau joystick hydraulique 3L. Cette finition Profi inclut par ailleurs la climatisation manuelle et un circuit hydraulique load sensing. Quant à la Profi + essayée, elle embarque le terminal de série, mais aussi la prédisposition autoguidage, la direction variable, le pilotage Isobus et la documentation Fendt Task Doc.
Ce tracteur accède en option à un relevage frontal à gestion électronique intégrant le contrôle de position, mais aussi un report de charge autorisant un transfert de poids de l’outil sur l’essieu avant. Pesant 4,3 t à vide, il profite d’un PTAC porté à 7,5 t, lui assurant une charge utile de 3,2 t.
Les conditions du test
Mis en œuvre fin avril, l’essai du 211 Vario s’est déroulé au moment de la récolte d’enrubannage et à la préparation des semis de maïs. Il a ainsi tracté un andaineur soleil de 7 m et un outil à dents de 3 m. Il a par ailleurs transporté du fumier avec une benne de 12 t, chargée au préalable en curant une aire paillée avec le chargeur. Le tracteur a aussi manipulé des balles et assuré le paillage de la stabulation.
Les plus
+ Ergonomie des commandes
+ Gestion moteur/transmission
+ Vigueur du 3 cylindres
+ Maniabilité
Les moins
- Distributeurs partagés
- Accès aux radiateurs
- Encombrement du bâti chargeur
- Tarif élitiste
Au travail « Une polyvalence étonnante »
La hauteur de levage du chargeur m’a agréablement surpris pour remplir la remorque de fumier. Je ne m’y attendais pas, vu la taille du tracteur. Malgré l’implantation assez avancée du chargeur, le tracteur est très stable. J’ai même réussi à travailler sans la masse de 1 tonne sur le relevage arrière, alors que le tracteur n’est même pas équipé de masses de roues. Pas de soucis non plus pour pousser et arracher le fumier de l’aire paillée. Le bon débit hydraulique et la transmission à variation continue donnent la possibilité de travailler à bas régime. Le joystick hydraulique avec la commande d’inverseur permet de garder la main gauche sur le volant et de profiter d’une direction réactive, valorisant la maniabilité du tracteur. La hauteur de cabine limitée m’a facilité l’accès aux zones les moins accessibles du bâtiment.
Avec la benne de 12 tonnes chargée de fumier, j’ai été bluffé par la vigueur du petit 3 cylindres. On sent aussi la maîtrise de Fendt dans la gestion de la transmission, qui régule à la perfection la vitesse pour viser le meilleur rendement du moteur. À vide, le régime moteur descend à 1 550 tr/min à 40 km/h, au profit du confort de conduite, qui est excellent avec la suspension très efficace du pont avant, complétée par celle de la cabine.
L’andaineur soleil demande très peu de puissance et là encore, la gestion/moteur transmission vise la conduite la plus économique en travaillant à très bas régime. À une vitesse de 12 km/h, les suspensions du pont et de la cabine sont appréciables pour préserver le confort. Au paillage, j’ai pu travailler à régime constant et ajuster très précisément la vitesse d’avancement à la pédale.
Au travail du sol, même si ce n’est pas son terrain de prédilection, ce tracteur compact s’en sort plutôt bien. Alourdi avec une masse de 900 kg sur le relevage avant, il est bien équilibré pour tirer l’outil à dents planté à 10-15 cm à la destruction d’un couvert. Dans un terrain en pente, j’avance à 7 km/h au régime de 1 600-1 700 tr/min à la montée et 1 400 tr/min à la descente. En le poussant dans ses retranchements, j’ai même réussi à atteindre 9 km/h en montée, avec un régime à 1 800 tr/min.
L’attelage arrière est équipé de trois distributeurs hydrauliques, dont l’un est dédié au troisième point, un plus pour le confort, mais une option superflue sur un tracteur de ce gabarit. Lorsque le chargeur est utilisé, deux distributeurs arrière sont condamnés. Il aurait été préférable de disposer de lignes dédiées au chargeur et de faire l’impasse sur les prises load sensing peu utiles sur ce tracteur. Le réglage des stabilisateurs ne m’a pas convaincu. Les commandes sur les ailes sont complètes, mais les boutons sont un peu petits. On n’a pas le choix dans le freinage de remorque double ligne, qui est uniquement pneumatique.
En cabine « Un espace bien valorisé et suréquipé »
L’aménagement de cette cabine compacte offre une bonne sensation d’espace. On y accède avec un large marchepied et le passager y est à l’aise sur un siège confortable. La visibilité sur l’avant est plutôt bonne, notamment en hauteur, grâce au sommet de pare-brise arrondi et au large toit vitré. Le bâti massif du chargeur encombre un peu la vision sur les côtés du capot, mais cela impacte peu la vision sur l’outil du chargeur. Vers l’arrière, il faut se lever un peu du siège pour bien voir l’attelage. J’ai particulièrement apprécié le pare-brise ouvrant qui permet d’avoir une ventilation naturelle efficace et d’éviter l’utilisation de la clim. Cette dernière est quand même très utile, quand on ferme toutes les vitres pour profiter de la bonne insonorisation de la cabine. À noter, la présence de nombreux rangements, dont un refroidi. Rien à redire non plus sur la qualité des matériaux, mais vu le prix du tracteur, on n’en attend pas moins.
L’accoudoir regroupe quasiment toutes les commandes du tracteur. Il n’y a plus aucune commande mécanique, mis à part celle du frein à main, ce qui est plutôt rare sur ce gabarit de tracteur. L’ergonomie est très travaillée, tout comme l’identification des fonctions par un code couleur. Le levier multifonction intègre, sur le dessus, un ensemble de boutons facilement personnalisables depuis le terminal. On peut leur affecter de nombreuses fonctions : hydraulique, relevage, guidage, séquences… Regroupés sur le côté du levier, plusieurs boutons sont dédiés à la transmission (TMS, mode pédale), à deux vitesses et deux régimes mémorisés. Au-dessus, se trouve une molette pratique pour régler la vitesse cible. Le second joystick, que j’ai utilisé pour le chargeur, mais dont les fonctions sont aussi personnalisables, est agréable à manipuler.
Le terminal Vario est hyper complet, tout en restant assez intuitif pour naviguer dans les différents menus. On peut personnaliser l’affichage des différentes pages défilantes avec un découpage modulaire jusqu’à 6 zones. Je me suis rapidement pris au jeu de rentrer dans les paramètres, avec une mention particulière pour la personnalisation des boutons du levier et le réglage des distributeurs. Je n’ai pas pu mettre à profit les séquences de bout de champ et l’autoguidage, mais leurs menus de réglage m’ont semblé intuitifs. Ce grand écran tactile donne même accès aux commandes des feux de travail, de la climatisation et de la radio. Reste à évaluer si ce terminal n’est pas superflu sur un tracteur d’élevage, le grand écran du tableau de bord assurant déjà l’essentiel.
L’écran du tableau de bord solidaire de la colonne de direction est très lisible et affiche la plupart des fonctionnalités que l’on retrouve sur le terminal de l’accoudoir. La différence est qu’il n’est pas tactile, obligeant à utiliser le pavé de commandes à droite du volant. Celui-ci est très pratique avec sa molette de navigation, mais un peu éloigné du siège, selon moi. Cette molette permet aussi de piloter le terminal Vario. La commande d’inverseur au volant demande une certaine habitude avec sa petite gâchette.
Entretien « La compacité impose des compromis »
Tout a été optimisé pour faire rentrer un maximum de choses sous le capot moteur, ce qui a ses limites, à commencer par l’accès aux radiateurs fixes. À l’avant de ceux-ci, le filtre air se démonte très aisément. Tout à l’avant, je suis surpris de trouver le réservoir d’AdBlue. Même si on peut l’atteindre sans ouvrir le capot, la hauteur de remplissage n’est pas des plus pratique et je crains de renverser de l’AdBlue sur le capot. Sur les côtés du moteur, les panneaux latéraux se démontent facilement, mais le bâti du chargeur prend beaucoup de place. Cela complique l’accès aux filtres, mais aussi à la jauge d’huile moteur, qui est cachée derrière la jauge d’huile de transmission. Sur la droite, le multicoupleur hydraulique et électrique du chargeur est accessible, grâce à un système de dépollution peu encombrant. Je note d’ailleurs que l’attelage du chargeur ne m’a pas posé de difficulté. Du même côté, on accède à la batterie en retirant un capot à côté du marchepied. Du côté gauche, j’ai bien aimé la grande boîte à outils intégrée au réservoir. À l’arrière du tracteur, on accède au filtre d’habitacle sous le toit de cabine et au niveau d’huile hydraulique, qui est séparée de celle de la transmission.