ESSAI : Deutz-Fahr 6125C RVShift – « Un tracteur mis en valeur par sa transmission »
Yves-Marie Lavenant, éleveur à Mûr-de-Bretagne dans les Côtes-d’Armor, nous donne son avis sur le tracteur Deutz-Fahr 6125C de 129 chevaux, à l’issue de cinq jours de prise en main.
Yves-Marie Lavenant, éleveur à Mûr-de-Bretagne dans les Côtes-d’Armor, nous donne son avis sur le tracteur Deutz-Fahr 6125C de 129 chevaux, à l’issue de cinq jours de prise en main.
Lancée il y a un an, la série 6C comprend trois modèles dont la puissance maximum s’échelonne de 120 à 136 ch. Ces tracteurs sont motorisés au choix par un 4 cylindres Deutz de 3,6 l comme le modèle essayé ou par un FarmMotion 3,8 l, ces deux moteurs répondant à la norme Stage V (EGR + DOC + FAP + SCR). Ils bénéficient d’un boost de 7 ch disponible au-delà de 15 km/h ou lors des travaux à la prise de force. Les 6C sont disponibles avec trois types de transmission : semi-powershift avec doubleur 40/40 (uniquement sur 6115C) ou tripleur 60/60, RVShift 20/16, au comportement d’une full-powershift, et variation continue TTV. La semi-powershift propose le passage automatique des rapports sous charge, ainsi que la fonction Stop & Go permettant de stopper l’avancement à la pédale de frein.
Une full-powershift proche de la TTV
La RVShift est très proche de conception de la TTV et bénéficie aussi du Stop & Go. Elle intègre en option des vitesses rampantes avec lesquelles le comportement de conduite entre 0 et 5 km/h est identique à celui d’une transmission à variation continue. La TTV compte deux gammes à passage automatique et se décline, comme la RVShift, en version 50 km/h Eco pour circuler à 40 km/h au régime de 1 605 tr/min. Ces deux dernières transmissions s’accompagnent en cabine d’un accoudoir multifonction. Affichant une capacité de relevage de 7 t, les 6C accèdent à différentes configurations de circuit hydraulique délivrant de 55 à 120 l/min sur les versions semi-powershit et de 90 à 120 l/min sur les RVShift et TTV. Ces tracteurs bénéficient de freins à disques immergés sur les quatre roues et accèdent en option au pont avant suspendu.
Les conditions du test
Perturbée par une météo pluvieuse, la semaine d’essai s’est limitée à des travaux de manutention et de transport avec un plateau semi-porté chargé de 8 t de balles rondes. En fin de période, le tracteur a pu faucher avec une machine portée de 3,20 m.
Les plus
Transmission powershift
Maniabilité
Ergonomie des commandes
Confort des suspensions
Les moins
Capot imposant
Rangements en cabine
Multicoupleur du chargeur
Au travail « Maniable et confortable »
Pour les travaux au chargeur, j’ai apprécié la souplesse de la transmission, tant pour l’inverseur que pour le passage des rapports. Dommage qu’il faille appuyer fort sur la pédale de frein pour activer l’arrêt sans utiliser l’embrayage. J’ai pu constater la bonne maniabilité de ce tracteur en déposant des balles enrubannées au cornadis. Un sentiment renforcé par le système de braquage rapide réduisant le nombre de tours de volant. J’ai aussi remarqué que le 6C est bien équilibré, car il reste sécurisant pour manipuler des balles sans masse sur le relevage arrière. Le débit de chantier est favorisé par le débit hydraulique de 120 l/min qui procure des mouvements rapides au chargeur, sans mettre beaucoup de régime moteur. Le chargeur a une bonne amplitude de cavage/bennage et il profite des automatismes bennage éclair et remise à niveau dans une position enregistrée. Seule ombre au tableau, l’emplacement du multicoupleur ne facilite pas sa manipulation. J’aurais préféré qu’il soit orienté différemment et plus éloigné du gros pot d’échappement.
Au transport avec le plateau, le Deutz-Fahr s’est montré à la fois efficace et confortable. Dans la redoutable côte de Mûr-de-Bretagne (passage à 15 %), il a maintenu une vitesse de 10-12 km/h, ce qui est plutôt bien pour sa puissance. Cette transmission powershift semble donc offrir un bon rendement et le petit moteur Deutz ne manque pas de ressources. Autre gros avantage de cette transmission, elle n’a pas de gamme et donc pas de rupture de couple. Les passages de rapports sont à la fois rapides et progressifs. Avec l’automatisme en mode route, l’agrément de conduite n’a rien à envier à celui d’une variation continue. Grâce à son pont et sa cabine suspendus, ce tracteur est confortable. Il lui manque juste une cabine un peu mieux insonorisée. Heureusement que le régime moteur n’atteint que 1 600 tr/min à 40 km/h.
Avec la faucheuse portée, le 6C est apparu comme le tracteur idéal : confortable et maniable en bout de champ. L’étagement de la transmission et le passage rapide des rapports permettent de toujours trouver la vitesse adaptée, aux alentours de 13 km/h. Pour travailler avec un régime de prise de force économique, il faut parfois s’armer de patience pour manipuler le petit levier de sélection des régimes.
Vu de l’arrière, ce tracteur a un gabarit très compact, mais il ne faut pas se fier aux apparences, car le relevage a une capacité maxi de 7 t. L’attelage est bien accessible et profite d’un équipement hydraulique assez garni : deux distributeurs à commande électrique et des prises LS d’un côté du troisième point, et deux distributeurs à commande mécanique de l’autre côté. Les commandes sur les ailes sont bien positionnées sur le côté des feux de position. Dommage que seuls ces derniers soient équipés en leds, les phares de travail n’en profitant qu’en option. La sortie de prise de force assez haute peut compliquer l’attelage de certains outils. Le 6C conserve un système de freinage de remorque à double ligne hydraulique.
En cabine « Des commandes bien placées dans un habitacle étroit »
La cabine à quatre montants donne une bonne impression d’espace au premier abord. Mais lorsqu’un passager embarque, on se sent vite à l’étroit. Le manque de volume est aussi visible en termes de rangements : on doit se contenter de plusieurs petits espaces, sans compartiment fermé de grande taille, ni ventilé. On apprécie la visibilité en hauteur au chargeur avec le grand toit vitré. Dommage de ne pas pouvoir l’occulter avec une trappe coulissante, plutôt qu’avec un simple pare-soleil peu efficace. La visibilité sur l’avant est impactée par le capot moteur imposant et la faible largeur du pare-brise. Celui-ci est de plus séparé en deux par une barre transversale. Avec le chargeur attelé, impossible de voir correctement les roues. La climatisation manuelle m’a donné satisfaction, avec des bouches de ventilation bien réparties.
Les commandes sont facilement identifiées par un judicieux code couleur. Elles sont majoritairement regroupées sur un petit accoudoir multifonction et sur la console de droite. Le petit levier de transmission offre un pilotage très intuitif : on pousse pour monter les rapports et on tire pour les descendre. Un basculement sur la gauche permet d’enclencher le régulateur avec une vitesse mémorisée pour la marche avant et la marche arrière. Ce levier dispose aussi de trois boutons et d’une molette personnalisables, auxquels on peut affecter de nombreuses fonctions. Tout aussi pratique à utiliser, le joystick hydraulique pilote le chargeur ou deux distributeurs à l’arrière. Il profite également de boutons programmables permettant de passer les rapports sans changer de levier. J’aurais pu aussi lui affecter l’inverseur, mais j’ai préféré le garder à la main gauche. Sur l’accoudoir, figurent d’autres commandes pour deux régimes moteurs, les fonctions de la transmission, le relevage et la prise de force. Sur la console, on retrouve la gestion des ponts, deux commandes mécaniques de distributeurs bien placées et tous les réglages de relevage. Pour protéger les molettes de ce dernier, Deutz-Fahr a ajouté une coque en plastique qui s’escamote. Ce n’est pas très pratique selon moi, et ça ne devrait pas durer très longtemps. De l’autre côté de la cabine, à la base du siège, subsiste un levier pour la sélection des régimes de prise de force. Une sélection électrique serait préférable, surtout dans cette version haut de gamme. À côté, le petit levier de frein à main est au contraire très pratique. Il vaut mieux, puisque l’inverseur ne dispose pas de position parking.
L’écran couleur du tableau de bord offre un affichage très clair de toutes les fonctions du tracteur. Et comme le tableau de bord est solidaire de la colonne de direction, il est toujours bien orienté. On navigue dans les menus au moyen d’une molette placée sur la console de droite. Cet ordinateur de bord est complet. J’ai particulièrement apprécié les nombreux paramètres et automatismes de la transmission, qui permettent de vraiment personnaliser la conduite. Tout est réglable, presque aussi bien que sur une variation continue.
Entretien « Des détails à peaufiner »
Le capot moteur ne se relève pas très haut, mais cela n’a pas d’incidence sur les accès aux points d’entretien. À l’avant des radiateurs, le filtre à air se démonte très facilement. Seul le radiateur de climatisation coulisse. Les autres sont fixes et il faut se contenter de deux tamis pour simplifier leur nettoyage. À droite du moteur, une découpe dans le bâti de chargeur facilite l’accès à la jauge à huile. En revanche, il sera moins évident d’atteindre l’orifice de remplissage de l’huile moteur. Du même côté, sont regroupés les filtres à huile et carburant que l’on atteint après avoir retiré le panneau latéral, non sans mal en présence du bâti de chargeur. Derrière le marchepied, une petite trappe donne un accès rapide aux bornes de la batterie. Du côté gauche, on profite de deux petites caisses à outils, l’une reposant sur le réservoir d’AdBlue, l’autre étant fixée contre le bâti de chargeur. La cabine dispose de deux filtres d’habitacle de chaque côté du toit.
Fiche technique
Deutz-Fahr 6125C RVShift
Moteur
Puissance au régime nominal (norme ECE R120) : 123 ch à 2 200 tr/min
Puissance maxi sans/avec boost (norme ECE R120) : 129/136 ch à 2 000 tr/min
Couple maxi sans/avec boost : 463/440 Nm à 1 600 tr/min
Cylindrée : 3 620 cm3
Norme et système de dépollution : Stage V avec EGR + DOC + FAP + SCR
Capacité d’huile du moteur : 7,5 l
Espace entre chaque vidange : 500 h
Transmission
Type : full powershift
Nombre de rapports (av/ar) : 20/16
Régime moteur à 40/50 km/h : 1 605/1 910 tr/min
Régimes de prise de force et régime moteur correspondant :
540/540E/1000 à 1 960/1 593/1 960 tr/min
Circuit hydraulique
Type : load sensing
Débit : 120 l/min
Nombre de distributeurs AR de série : 4
Relevage
Capacité maxi aux rotules (ar./av.) : 7 000/3 000 kg
Dimensions
Capacité du réservoir (GNR/AdBlue) : 160/12 l
Hauteur hors tout : 2,86 m
Empattement : 2,51 m
Rayon de braquage mini : 4,80 m
Poids à vide : 5 500 kg
PTAC : 8 500 kg
Monte pneumatique : 380/70 R28 & 480/70 R38
Budget
Prix catalogue du modèle essayé au 1er janvier 2023 : 142 000 euros HT