[ESSAI] Claas Arion 450 Hexashift – « Un tracteur taillé pour la polyculture élevage »
Loïc Toullier, agriculteur à Juvigny-le-Tertre dans la Manche, fait le bilan d’une trentaine d’heures passées aux commandes du Claas Arion 450 de 125 chevaux doté d’un chargeur FL 120.
Loïc Toullier, agriculteur à Juvigny-le-Tertre dans la Manche, fait le bilan d’une trentaine d’heures passées aux commandes du Claas Arion 450 de 125 chevaux doté d’un chargeur FL 120.
Lancée en 2021, la troisième génération de tracteur Claas Arion 400 adopte une motorisation répondant à la norme Stage V (DOC + SCRF) et s’enrichit d’un septième modèle pour offrir une gamme de puissance de 90 à 145 ch. Le moteur FPT 4 cylindres 4,5 l gagne en couple et bénéficie d’une puissance additionnelle de 10 ch, sauf sur les deux premiers modèles (410 et 420). Ces derniers sont également privés de la transmission semi-powershift Hexashift à 6 rapports sous charge, disponible sur le reste de la gamme, à l’image de l’Arion 450 essayé. De base, tous les Arion 400 reçoivent la version Quadrishift à 4 rapports sous charge. Généreusement doté, le tracteur testé dispose d’un circuit hydraulique load sensing optionnel de 150 l/min (110 l/min de base). Pour les usages moins intensifs de l’hydraulique, un circuit à centre ouvert de 60 ou 100 l/min est proposé.
Joystick multifonction pilotant le chargeur
La finition CIS + se caractérise en cabine par le levier multifonction Electropilot en bout d’accoudoir et l’écran couleur 7 pouces sur le montant droit. La cabine en version Panoramic s’illustre par son pare-brise monobloc sans barre transversale le séparant du toit vitré.
Dans les autres évolutions, les cinq plus gros modèles d’Arion 400 accèdent en option à une capacité de relevage de 6 250 kg et affichent un PTAC de 9 t.
Les conditions du test
Mis à l’épreuve en mai, le Claas Arion 450 a préparé les terres à maïs avec une charrue 4 corps, un outil à dents de 3 m, une herse rotative de 3,50 m et a enfin passé un rouleau de 8,50 m derrière le semoir. Le tracteur est aussi intervenu avec une herse étrille de 8,50 m dans une prairie. Il a fait ses preuves à la manutention en tassant un silo d’herbe, en chargeant un épandeur à fumier et en manipulant des balles rondes. Il a aussi épandu du fumier avec un épandeur de 14 m3 et transporté l’ensilage d’herbe avec une benne de 25 m3.
Les plus
Visibilité au chargeur
Capacité de traction
Maniabilité
Moteur performant
Les moins
Matériaux en cabine
Manque de rangements
Sifflement de la transmission
Au travail « À l’aise en traction comme à la manutention »
Avec les outils de travail du sol, ce tracteur à l’empattement assez long est stable. La masse de 900 kg sur le relevage avant était même presque superflue. Cela s’est confirmé dans les pentes avec l’épandeur à fumier, où je me suis senti en sécurité. Sa bonne capacité de traction valorise bien le moteur, qui a de la ressource. L’Arion s’avère aussi très maniable pour les manœuvres en bout de champ, bien aidé par le système qui permet de réduire le nombre de tours de volant.
Au chargeur, l’Arion impressionne par sa visibilité en hauteur, grâce au toit vitré en continuité avec le pare-brise. Les capacités du chargeur et de sa large multibenne sont très bien valorisées par le gros débit hydraulique, qu’il faut d’ailleurs penser à limiter pour les outils peu gourmands. Je ne mets pas longtemps à remplir l’épandeur à fumier, sans mettre beaucoup de régime moteur ! Avec une masse sur le relevage arrière, l’équilibre est bon, mais pour manipuler des balles rondes, il suffirait d’avoir des masses de roues. Et cela rendrait le tracteur encore plus stable dans les pentes avec une lourde remorque. La fonction d’arrêt à la pédale de frein, sans toucher à l’embrayage, n’est valorisable que sur le plat. Car dès qu’il y a de la pente, le tracteur se met en roue libre avant que les freins n’agissent vraiment.
Sur la route avec la benne ou l’épandeur, le pont avant suspendu à bras indépendants fait vraiment du bon travail, la suspension de cabine complétant le confort. Le moteur coupleux s’accorde bien avec l’automatisme de transmission, qui change les rapports à 1 500 tr/min. Le passage des vitesses manque toutefois un peu de souplesse, et surtout, il reste la rupture de charge entre les gammes. Ça peut surprendre dans les côtes et quand on suit l’ensileuse… La cabine est mieux insonorisée contre les bruits du moteur que contre ceux de la transmission, qui sont un peu trop présents à vive allure.
L’attelage arrière est doté de commandes accessibles et complètes sur les ailes, avec notamment deux boutons pour la mise en route et l’arrêt de la prise de force. Le tracteur reçoit d’office un freinage pneumatique double ligne, dont les réserves d’air sont un peu encombrantes. Je trouve que la course du relevage manque un peu d’amplitude, obligeant parfois à manipuler les chandelles. Quant au piton d’attelage, il est assez haut par rapport à celui de mon tracteur de gabarit identique.
En cabine « Un joystick pour tout faire »
La cabine en version Panoramic de cet Arion 400 porte bien son nom avec son grand toit vitré relié au pare-brise sans barre transversale. Il ne lui manque qu’un capot un peu plus plongeant pour mieux voir l’outil du chargeur posé au sol. La visibilité sur l’attelage arrière est dans la moyenne, même si l’on est un peu aidé par un rétroviseur sur le hayon. À l’extérieur, les rétroviseurs grand angle en deux parties sont compacts et donc pas trop exposés aux chocs dans les bâtiments. Par contre, ils n’offrent pas le même confort que les modèles de grande taille. L’espace dans l’habitacle est suffisant, y compris avec un passager. On apprécie le rangement ventilé sous le siège passager, capable d’accueillir une bouteille. En revanche, c’est le seul espace fermé et de bonne contenance. La climatisation manuelle s’est montrée efficace. Assez bonne dans l’ensemble, la qualité des matériaux est perfectible à certains endroits de la cabine. À gauche du siège, le grand levier de frein à main n’est pas des plus pratique pour moi qui suis habitué à une position parking sur le levier d’inverseur.
Les commandes sont réparties entre la console de droite et le joystick. Monté en bout d’accoudoir, ce joystick ergonomique permet non seulement le pilotage du chargeur, mais aussi celui de la transmission, des relevages, des distributeurs électrohydrauliques… Sur le dessus, le bouton rotatif sert au changement des rapports, des gammes, et à l’inverseur en appuyant simultanément sur un bouton à l’avant du levier. Deux boutons sont dédiés à un rapport de manœuvre et à un régime moteur enregistré. Les quatre autres boutons sont personnalisables pour le relevage, les fonctions hydrauliques du chargeur ou encore pour un outil Isobus. Très agréable au chargeur, ce levier l’est aussi avec des outils. Au labour, je gardais la main dessus en permanence pour toutes les fonctions. Les commandes de relevage et de transmission sont répétées sur la console de droite à l’aide d’un pavé de touches actionnées avec le pouce. À droite des trois commandes mécaniques de distributeurs, sont répartis de nombreux boutons dont le code couleur n’est pas suffisamment marqué pour se repérer rapidement. Les commandes de relevage et de régime de prise de force alignées sur le montant sont en revanche bien identifiées et pratiques à utiliser.
L’écran couleur sur le montant offre un affichage intuitif avec les informations sur la transmission en partie haute, l’hydraulique et le relevage en dessous et les fonctions programmées du joystick tout en bas. La navigation dans les menus se fait à l’aide d’une molette. On règle rapidement le débit des distributeurs électrohydrauliques ou encore les nombreux paramètres de la transmission : trois modes pour l’automatisme (auto, PDF, et manuel), progressivité de l’inverseur et rapport de démarrage. Il manque juste la possibilité d’ajuster la souplesse de passage des rapports powershift. L’affichage est complété par le tableau de bord qui ne sert plus qu’aux jauges, à la vitesse et aux régimes moteur et de prise de force.
Entretien « Un chargeur bien intégré »
Le capot monobloc dégage entièrement l’accès au compartiment moteur, sans retirer de panneaux latéraux. À l’avant du moteur, le filtre à air implanté devant les radiateurs se démonte très facilement. Le nettoyage des radiateurs est tout aussi aisé, grâce à des vérins à gaz qui les maintiennent déployés. En dessous du filtre à air, un plan nous indique les principaux points de graissage du tracteur et notamment ceux trop nombreux du pont avant suspendu. Je note au passage le soin apporté à l’intégration du relevage avant, propice à l’angle de braquage. D’ailleurs, il est nécessaire de tourner les roues pour accéder, sur la gauche du moteur, à la jauge d’huile et aux filtres à gazole. Le filtre à huile se situe du côté droit où l’on observe le montage bien pensé du chargeur MX. Le multicoupleur est très accessible et le bâti ne gêne aucun accès. Le catalyseur SCR logé au pied de la cabine permet de dégager l’espace et profite à la visibilité. Du même côté, en pivotant le marchepied, on accède à la batterie et à une grande caisse à outils. Il faut se rendre à l’arrière du tracteur, au-dessus de l’attelage, pour démonter sans difficulté le filtre de cabine, qui est toutefois exposé aux poussières émises par l’outil.
Fiche technique
Claas Arion 450
Moteur
Puissance au régime nominal (norme ECE R120) : 120 ch à 2 200 tr/min
Puissance maxi sans/avec boost (norme ECE R120) : 125/135 ch à 2 000 tr/min
Couple maxi sans/avec boost : 540/573 Nm à 1 500 tr/min
Cylindrée : 4 500 cm3
Norme et système de dépollution : stage V avec DOC + SCRF
Capacité d’huile du moteur : 12,3 l
Espace entre chaque vidange : 600 h
Transmission
Type : semi-powershift à 4 gammes robotisées et 6 rapports sous charge
Nombre de rapports (av/ar) : 24/24
Nombre de rapports entre 4 et 15 km/h : 12
Régime moteur à 40 km/h : 1 840 tr/min
Régimes de prise de force et régime moteur correspondant :
540/540E/1000 à 1 920/1 560/1 964 tr/min
Circuit hydraulique
Type : load sensing
Débit et pression : 150 l/min à 200 bars
Volume d’huile hydraulique exportable : 30 l
Nombre de distributeurs AR de série : 2
Relevage
Capacité maxi aux rotules (arr./av.) : 6 250/4 314 kg
Dimensions
Capacité du réservoir (GNR/AdBlue) : 190/22 l
Hauteur hors tout : 2,71 m (toit haut)
Empattement : 2,53 m
Rayon de braquage mini : 4,90 m
Poids à vide : 5 300 kg
PTAC : 9 000 kg
Monte pneumatique : 14.9 R28 & 18.4 R38
Budget
Prix catalogue du modèle essayé (sans le chargeur) au 01/10/22 : 143 650 euros HT