ESSAI Chargeur télescopique Fendt Cargo T740 – Une cabine à la vue imprenable
Jean-Marie Toutain, agriculteur dans l’Orne, et son salarié David Couillard, ont testé durant 10 jours le chargeur télescopique Fendt Cargo T740. Ils donnent leurs avis sur cet appareil à l’inédite cabine élévatrice.
Jean-Marie Toutain, agriculteur dans l’Orne, et son salarié David Couillard, ont testé durant 10 jours le chargeur télescopique Fendt Cargo T740. Ils donnent leurs avis sur cet appareil à l’inédite cabine élévatrice.
Les télescopiques Fendt sont produits par la firme allemande Sennebogen spécialisée dans les grues industrielles et portuaires. La gamme se compose des modèles Cargo T740 et T955, dotés systématiquement d’une cabine élévatrice. Le T955, dévoilé à l’Agritechnica 2019, lève à 8,50 m et affiche une capacité de charge de 5,5 t. Pesant 11,8 t à vide, il est animé par un 4 cylindres Cummins de 171 ch. Le T740 essayé (7,70 m, 4 t), lancé début 2022, se contente d’un moteur Cummins 3,8 l de 136 ch. D’un poids à vide de 9,4 t, il est équipé d’une transmission hydrostatique à une seule plage.
Développement conjoint Fendt et Sennebogen
Si le T955 est un pur engin Sennebogen mis aux couleurs de Fendt, le T740 résulte d’un développement conjoint entre les deux marques allemandes. Il profite ainsi d’une structure de cabine spécifique privilégiant la visibilité et d’un aménagement intérieur intégrant les codes couleurs du tractoriste. Le T740 est livré sans circuit de freinage de remorque et n’accède en option qu’à la double ligne pneumatique. Il se complète de différentes options, telles que la suspension de flèche, les feux de travail à leds, une caméra arrière ou un pack deux caméras (arrière et côté droit) et le graissage automatique.
Les plus
+ Visibilité
+ Force de poussée
+ Maniabilité
Les moins
- Proéminence du terminal en cabine
- Pas de freinage hydraulique de remorque
- Performance sur la route
Les conditions du test
Arrivé fin mars, le télescopique Fendt a réalisé une vingtaine d’heures dans l’exploitation laitière de Jean-Marie Toutain située à Lonlay-l'Abbaye (Orne). Il a été utilisé avec une benne multifonction pour curer des bâtiments, vider la fumière, charger des épandeurs à fumier et le bol mélangeur, couvrir le tas d’ensilage d’herbe. Il a aussi servi avec un godet Magsi de 2 500 l pour remplir de concentrés les cellules alimentant les robots de traite.
Au travail « Une transmission précise qui manque de réactivité »
La cabine élévatrice procure une vue imprenable à 360 degrés. Toutefois, levée au maximum, elle rend la conduite assez déroutante, car tous les repères changent par rapport à un télescopique classique. D’en haut, on a par exemple du mal à apprécier si le godet est bien à plat, mais heureusement un automatisme permet de ramener l’outil à une position mémorisée. C’est en revanche idéal pour remplir une benne, une remorque mélangeuse ou une cellule d’aliments, car, avec les yeux à environ quatre mètres du sol, on voit bien où l’on déverse. J’ai aussi apprécié la cabine élévatrice pour couvrir le silo d’herbe, car elle permet de voir par-dessus les murs de 3 m de haut et de déposer au bon endroit les boudins pour lester la bâche. Même s’il n’y a pas véritablement de risque en termes de stabilité, le roulis donne une sensation bizarre lorsque l’on circule dans la cour de la ferme. Finalement, on prend vite l’habitude de rouler avec la cabine à mi-hauteur, afin de bénéficier d’une bonne visibilité lors des manœuvres. On la lève au maximum uniquement au moment de vider le godet ou la benne multifonction. La possibilité de rappeler une position mémorisée, grâce à un bouton sur le joystick, est pratique pour retrouver la hauteur adéquate avant de rentrer dans un bâtiment.
Pour travailler dans les cours, j’ai toujours opté pour le mode de conduite godet qui permet de bénéficier de toute la puissance du moteur et de circuler à 40 km/h (régime limité à 1 750 tr/min et maxi 20 km/h en mode palette). La transmission hydrostatique est puissante, souple et précise pour les travaux dans les cours, mais elle manque à mon goût de réactivité, notamment lors de l’inversion du sens de marche. Chaussé de pneus de 500 mm de large, le Cargo T740 pousse fort et met un peu de temps avant de patiner. Malgré son empattement de 3,10 m, il se révèle plutôt maniable en mode quatre roues directrices, même s’il fait un peu moins bien que mes deux télescopiques plus compacts (3,5 t ; 6 m). Il faut s’habituer au gabarit, car l’arrière dépasse nettement des roues et à l’approche d’un mur, le rétroviseur arrière est exposé à la casse. L’ancrage haut du bras sur le châssis n’est pas un problème, car il suffit de lever la cabine pour bien voir à l’arrière droit et par-dessus l’imposant rétroviseur droit. Ce dernier, qui dépasse aussi, devra être rabattu avant de travailler le long d’un mur.
Pour les trajets routiers, le mode route, qui oblige à circuler en deux roues directrices, se sélectionne facilement avec la touche M sur la console latérale. Il limite la hauteur de surélévation de la cabine, mais la faible course suffit pour bénéficier de l’amortissement réalisé par une boule d’azote. Combinant des suspensions sur le bras, la cabine et le siège, le télescopique se révèle particulièrement stable et confortable. Je l’ai testé sans outil sur une route avec une côte à 8 % et là, la transmission hydrostatique, devant propulser les 9,4 t à vide de l’engin, a vite montré ses limites. De 40 km/h au pied de la montée, la vitesse a rapidement chuté à 30 km/h, puis s’est ensuite stabilisée à 25 km/h. Le mode deux roues directrices demande de bien anticiper les changements de direction, car il augmente nettement le rayon de braquage. La transmission ralentit bien le télescopique dès qu’on lève le pied de la pédale d’accélérateur et en cas de freinage, il faut bien doser l’appui sur la pédale de gauche, car l’arrêt peut être brutal.
Le Cargo T740 dispose d’un nez de flèche à cinématique en Z, qui procure, selon Fendt, une meilleure force d’arrachement (65 kN). Il est équipé de série du verrouillage hydraulique de l’outil qui s’actionne en agissant avec les deux mains (appuis simultanés sur le bouton dédié sur la console et sur l’interrupteur de troisième fonction du joystick). Pratique, un bouton-poussoir sur le bloc hydraulique solidaire de l’interface d’attelage permet d’annuler la pression dans le circuit, afin de faciliter la déconnexion des flexibles de l’outil.
En cabine « Une vision parfaite à 360 degrés »
La cabine élévatrice, spécifique au Cargo T740, se caractérise par son pare-brise bombé allant du sol au plafond, afin de dégager une parfaite visibilité vers l’avant, y compris avec le poste de conduite tout en haut (plancher à 2,60 m du sol). La colonne de direction, étroite pour ne pas entraver la vue et ajustable en inclinaison, est comparable à celle des ensileuses et moissonneuses-batteuses. Elle bascule vers l’avant à l’aide d’une pédale pour sortir plus facilement du siège. La porte monobloc s’ouvrant à 90 degrés dispose d’une vitre supérieure se rabattant sur le côté. L’accès à bord n’est pas des plus aisés, car le plancher se situe à 95 cm du sol et il n’y a qu’une marche. Il en faudrait une seconde. L’absence de verrouillage automatique de la porte dès que la cabine est levée me surprend en termes de sécurité, mais ceci est réglementaire d’après le constructeur. Il ne faut donc pas oublier de descendre la cabine jusqu’en bas avant de quitter le poste de conduite. En revanche, il est impossible de la bouger lorsque la porte est ouverte. Si la cabine reste bloquée en haut, une vanne au pied du siège et à l’arrière du télescopique permet de l’abaisser manuellement. Les rangements ne sont pas le point fort de ce télescopique, car aucun n’est fermé et, hormis un bac fixé à gauche sur le siège, il n’y a pas de vraie boîte à outils.
Les icônes sur les différentes commandes sont assez explicites et un code couleurs permet de repérer les familles de fonctions : orange pour la transmission, bleu pour l’hydraulique, gris pour les feux de travail et vert pour les essuie-glaces. Le moteur démarre, après bien sûr avoir mis le contact, avec la clé ou en appuyant sur le bouton orange situé en haut à gauche du clavier multifonction. Pour l’arrêter, il est possible de rappuyer sur cet interrupteur, mais je préfère le stopper avec la clé, afin de bien couper le contact. Le frein de parking s’active en appuyant sur l’interrupteur orange au sigle P, dès que l’on quitte le siège ou après un appui long sur la pédale de gauche. C’est confortable qu’il se retire automatiquement. Le siège à suspension pneumatique, inclus de série, supporte la console multifonction. Celle-ci ne s’ajuste pas, mais l’assise coulisse indépendamment de l’embase pour trouver la meilleure position de la main par rapport au joystick. Les commandes de la climatisation et de l’autoradio, situées sur le montant arrière droit, sont pour moi mal placées, car elles imposent de se retourner pour les régler.
Le moniteur accroché sur le montant avant droit de la cabine affiche les informations essentielles : régime moteur, vitesse, nombre d’heures, niveaux de carburant et d’AdBlue… Il regroupe également tous les témoins d’alerte et ceux indiquant les fonctions sélectionnées. Cet ordinateur de bord pourrait être plus compact et surtout fixé un peu plus bas, car il cache un peu la vue. Pour limiter la consommation de carburant, le ralenti descend à 800 tr/min lorsque la transmission est au neutre ou le frein de parking engagé. Il remonte automatiquement à 1 000 tr/min dès que le télescopique est sollicité.
Entretien – La batterie bien cachée
Le compartiment moteur abrite le 4 cylindres en position transversale. Le vase d’expansion et le filtre à air, comme la jauge à huile, se trouvent à hauteur d’homme. Si le filtre à carburant placé devant le pack de refroidissement est facile à remplacer, celui pour l’huile moteur n’est pas très accessible, car il est caché par le gros tuyau d’admission d’air situé derrière le ventilateur. Pour nettoyer les radiateurs, le condenseur de climatisation bascule vers l’avant après avoir retiré une vis papillon. Trouver la batterie relève un peu du jeu de piste, car elle est montée sur une trappe pivotante, maintenue par deux grosses vis et située sous le châssis à l’arrière. De série, la lubrification de l’ensemble des articulations s’opère via des banques de graisseurs réparties sur l’appareil. Le Cargo T740 essayé profite de l’optionnelle centrale automatique limitant le graissage manuel aux seuls croisillons de l’arbre de transmission. Ce télescopique bénéficie de l’inversion du ventilateur pour nettoyer les grilles d’entrée d’air, qui s’active manuellement ou automatiquement toutes les 20, 40 ou 60 minutes.
Fiche technique chargeur télescopique Fendt Cargo T740
HOMOLOGATION
Vitesse maxi : 20 km/h en standard (30 ou 40 km/h en option)
Poids à vide : 9 400 kg
PTRA : 30 000 kg
Capacité de remorquage : 18 500 kg
MOTEUR
Cylindrée : 3 800 cm3 (4 cylindres)
Puissance nominale : 136 ch à 2 200 tr/min
Couple maxi : 550 N. m à 1 500 tr/min
Norme et système antipollution : Stage V/DOC + FAP + SCR
Intervalle d’entretien : 1 000 h ou 1 an
TRANSMISSION
Type : hydrostatique à une seule plage
CIRCUIT HYDRAULIQUE
Débit : 170 l/min
CAPACITÉS DE FLÈCHE
Hauteur de levage (point de pivot) : 7,70 m
Capacité maxi : 4 000 kg
Portée avant maxi : 3,72 m
Charge maxi à hauteur maxi : 2 600 kg
Charge à la portée maxi : 1 700 kg
DIMENSIONS
Capacité du réservoir à carburant/AdBlue : 160/16 l
Hauteur hors tout (cabine baissée/levée) : 2,47/4,40 m
Garde au sol : 0,40 m
Empattement : 3,10 m
Rayon de braquage extérieur aux roues : 4,15 m
Monte pneumatique du modèle essayé : 500/70 R24
BUDGET
Tarif au 01/06/2023 sans/avec options : 166 707/201 762 euros HT