Combien coûte l’affouragement en vert ?
L’étude sur les pratiques d’affouragement en vert menée auprès de quinze exploitations par les chambres d’agriculture de Bretagne fournit une estimation sur les temps de travaux et les coûts de mécanisation relatifs à cette technique.
L’étude sur les pratiques d’affouragement en vert menée auprès de quinze exploitations par les chambres d’agriculture de Bretagne fournit une estimation sur les temps de travaux et les coûts de mécanisation relatifs à cette technique.
L’affouragement en vert intéresse les éleveurs qui souhaitent intégrer de l’herbe fraîche et appétente dans la ration de leurs animaux, afin notamment d’améliorer leur autonomie alimentaire. Il permet de valoriser les prairies éloignées, ainsi que les cultures dérobées, mais aussi de réduire le recours à l’enrubannage, une technique onéreuse et consommatrice de film plastique. La distribution de fourrage frais s’accompagne aussi de contraintes. Elle demande d’investir dans du matériel spécifique assez coûteux, mobilise un tracteur et constitue une astreinte quotidienne. Se pose également le souci de la portance des sols en cas de fortes précipitations. Ces avantages et inconvénients ressortent clairement de l’étude sur les pratiques d’affouragement en vert que viennent de finaliser les chambres d’agriculture de Bretagne. Réalisé de 2015 à 2017, le suivi de quize exploitations bretonnes, qui, en moyenne, produisent 570 000 litres de lait et traient 80 vaches, a permis de mettre des chiffres sur cette technique, tant sur le plan du temps de travail que sur l’aspect économique.
Des investissements allant du simple au double
Dans l’élevage type, l’herbe affouragée constitue un quart de la ration et une quantité annuelle de 122 tonnes de matière sèche (tMS). Elle est apportée 233 jours par an et son acheminement représente 53 minutes quotidiennement, en récoltant dans un rayon de trois kilomètres. Le chantier se décompose en 21 minutes de route, 18 minutes de fauche et 14 minutes dans l’exploitation. Pour l’affouragement, deux types de matériels sont retenus : remorque autochargeuse avec système de coupe intégré ou combinaison d’une faucheuse frontale avec une autochargeuse. Dans le premier cas, l’investissement en neuf atteint, selon l’étude, 45 000 euros au maximum. Dans le second, il avoisine 80 000 euros. Les autochargeuses tout-en-un ne s’utilisent que pour l’affouragement en vert et ont l’avantage d’effectuer un ramassage direct, écartant tout contact du fourrage avec le sol, et d’être équipées d’un système de distribution. Ces modèles affichent en revanche une largeur de fauche limitée à 2,20 mètres et une capacité de chargement généralement plus faible que celle d’une remorque autochargeuse. L’ensemble composé d’une faucheuse frontale et d’une autochargeuse présente l’atout de la largeur de travail plus importante : 2,80 à 3,10 mètres. Ce critère garantit un meilleur débit de chantier et réduit la surface de prairie soumise aux passages de roues.
Des machines à l’entretien régulier impératif
Le recours à deux outils distincts impose cependant de posséder un tracteur pourvu à l’avant d’un relevage et d’une prise de force. Il demande au quotidien davantage de manipulations lorsque le tracteur effectue d’autres tâches. Cette solution apporte en revanche de la polyvalence, en donnant la possibilité de valoriser la faucheuse avant pour les chantiers de foin et de fourrage préfané, en solo ou en combinaison avec une unité arrière. La remorque autochargeuse peut, pour sa part, être utilisée pour l’ensilage d’herbe, ainsi que pour le transport de maïs. Les frais d’entretien retenus pour l’approche du coût de revient varient de 158 à 3 450 euros par an, avec une moyenne de 966 euros par an. Ils sont issus des factures fournies par les agriculteurs pour les machines d’avant 2015 et estimés à 150 euros par an pour les matériels plus récents. Comme le révèle l’étude, « tous les éleveurs s’accordent pour indiquer qu’il s’agit de machines fragiles et qu’un entretien régulier est impératif ». Toutefois, les remorques tout-en-un s’avèrent les plus sensibles.
Un coût de revient entre l’ensilage d’herbe et l’enrubannage
Les ensembles avec faucheuse frontale, plus chers et plus récents, affichent un coût d’utilisation horaire plus élevé (41 €/h contre 24 €/h pour les remorques faucheuses autochargeuses), mais ils procurent un débit de chantier plus important et travaillent davantage. Ce chiffre est à revoir à la baisse en cas de valorisation en solo, pour d’autres chantiers, de la faucheuse ou de la remorque autochargeuse. Le coût du tracteur est lui estimé à 19 euros par heure, carburant compris, tandis que les charges de main-d’œuvre et les frais relatifs à la production de l’herbe ne sont pas pris en compte. Ainsi, pour une utilisation de 233 jours par an, soit 206 heures, et la distribution annuelle de 122 tonnes de matière sèche, l’affouragement en vert revient en moyenne à 85 €/tMS. Ce coût varie de 30 à 178 €/tMS selon les exploitations, en fonction du montant investi dans les machines (de 3 000 à 78 950 € selon l’achat neuf ou d’occasion), du tracteur utilisé et de sa puissance, ainsi que de la distance entre les parcelles et l’auge. Se référant aux prix de revient des Cuma, les chambres d’agriculture de Bretagne considèrent que l’affouragement en vert se situe, en termes de coût moyen, pour un fourrage rendu à l’auge, entre l’ensilage d’herbe (70 €/tMS) et l’enrubannage (92 €/tMS).
Plus de 2 000 km parcourus par an
Durant l’étude sur l’affourragement en vert, les chambres d’agriculture de Bretagne ont équipé trois exploitations avec leur outil Tractor Can Watch, qui récupère via le bus CAN les données du tracteur et géolocalise le matériel à l’aide d’une tablette numérique équipée d’un système GPS. Les informations collectées ont permis de connaître la distance annuelle parcourue pour cette activité, de 925 à 2 210 kilomètres, ainsi que la consommation en GNR du tracteur, de 9,5 à 13,8 litres par heure. Elles ont ainsi contribué à optimiser l’évaluation des coûts en se basant sur des conditions réelles.
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