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Changer de faisceau pour optimiser le temps de traite

Les nouvelles générations de faisceaux trayeurs impliquent une évolution de l’approche des paramètres de traite, répondant à la hausse des débits de lait des vaches hautes productrices et à l’accélération des cadences.

La progression constante du niveau de production des élevages laitiers s’accompagne d’innovations dans la conception des manchons et des griffes, de façon à absorber de gros débits de lait, dans un temps le plus court possible. La taille des troupeaux grandissante, le temps de traite devient un enjeu pour améliorer la cadence des salles de traite, mais aussi pour optimiser la fréquence d’un robot saturé.

Des niveaux de vide plus élevés

Les constructeurs de matériel de traite ont ainsi étoffé leur gamme de faisceaux trayeurs, en travaillant aussi bien sur les manchons que sur les griffes. Ces équipements, qui visent surtout les vaches hautes productrices, s’accompagnent le plus souvent d’une nouvelle approche des paramètres de traite. « Il ne faut plus se fier aux niveaux de vide habituellement rencontrés, assure Yannick Bernicot chez GEA. Avec des troupeaux performants, on peut se permettre d’augmenter significativement les valeurs en se fiant à la mesure du vide sous le trayon, grâce au test de traite dynamique. Avec notre manchon GQ, il est par exemple possible d’aller jusqu’à 39-40 kPa sous le trayon, sans risque de l’abîmer. » Une tendance confirmée par Loïc Léobold, chez DeLaval, « On change la courbe d’extraction du lait, avec un débit qui augmente plus vite et qui chute également plus rapidement. Cela suppose de relever les seuils de dépose, qui sont souvent trop bas, de façon à éviter la surtraite. »

Des nouvelles formes de manchons

 

 
Les manchons de dernière génération autorisent des niveaux de vide plus élevés.
Les manchons de dernière génération autorisent des niveaux de vide plus élevés. © Boumatic

En termes de conception des manchons, plusieurs constructeurs proposent des modèles ventilés dotés d’une buse d’entrée d’air favorisant un écoulement rapide du lait et un vide stable à l’extrémité du trayon avec des débits élevés. De nouvelles formes de manchons sont également apparues au fil des ans, chaque marque y allant de son brevet. Milkrite a été l’un des premiers à ouvrir le bal avec son manchon triangulaire. D’autres ont suivi comme DeLaval et son modèle Clover prenant la forme d’un trèfle et qui a encore évolué avec l’arrivée du faisceau Evanza. Il a désormais la particularité d’être construit en TPE, un matériau plastique, associé à une lèvre en silicone. Boumatic a aussi adopté la forme triangulaire pour ses manchons Magnum Turbo, mais uniquement pour le corps, la tête restant cylindrique pour assurer, selon le constructeur, un meilleur maintien du faisceau. Chez GEA, c’est une forme carrée à bords arrondis, qui a été retenue pour les manchons GQ. L’équipementier avance une pression de flambage (dépression minimale à appliquer à l’intérieur du manchon pour que celui-ci se ferme) importante, qui autorise des niveaux de vide élevés avec moins de risques de contraintes sur le trayon.

Des gobelets plus légers et faciles à démonter

En parallèle des manchons, les constructeurs font aussi évoluer la conception des gobelets, comme DeLaval avec son système à cartouche sur la griffe Evanza ou encore les gobelets GS de GEA et les Impulse Air de Milkrite. Ces modèles fabriqués en matériau composite présentent l’avantage de réduire le poids des griffes, d’éviter la torsion du manchon, mais aussi de simplifier leur montage et démontage.

La griffe doit absorber les gros débits

Dernier élément du faisceau qui participe à la rapidité de traite en assurant une évacuation efficace du lait, la griffe a fait aussi l’objet d’améliorations. « Avec des vaches très productives qui donnent rapidement leur lait, on peut observer des pics de débit atteignant les 8-10 kg/min que la griffe doit pouvoir absorber », indique Yannick Bernicot. La griffe IQ de GEA se démarque par exemple par sa conception intégrant un collecteur par quartier muni d’une entrée d’air calibrée. La griffe Top Flow de DeLaval propose une extraction du lait par le haut et une position penchée à 7 degrés favorisant l’évacuation du lait jusqu’à des débits de 14 kg/min. La conception DeLaval offre aussi un diamètre de 12 mm du début à la fin du faisceau, sans restriction pour la colonne de lait. Du côté de chez Boumatic, la griffe Flo-Star Xtreme propose une évacuation du lait par dépression et non plus par gravité. Le constructeur donne aussi accès à deux diamètres de sortie du lait : 16 ou 19 mm. Il indique que cette nouvelle génération de griffe apporte un vide plus stable à l’extrémité des trayons avec des gros débits de lait. Et plus globalement, les équipementiers travaillent à réduire le poids et l’encombrement des griffes pour le confort de traite.

Les trois paramètres clefs d’une traite rapide

Une fois choisi le faisceau trayeur adapté à son troupeau, il faut agir sur :

- La stimulation avant traite

- Le niveau de vide mesuré sous le trayon

- Le seuil de dépose

« La recherche de vitesse ne doit pas se faire au détriment de la qualité de traite »

Jean-Louis Poulet, responsable de projet "R & D Traite" à l’Idele

 

 
Jean-Louis Poulet, responsable de projet "R & D Traite" à l’Idele
Jean-Louis Poulet, responsable de projet "R & D Traite" à l’Idele © Idele

« On observe trois grands types d’évolution au niveau des faisceaux trayeurs : rapidité de traite, légèreté/compacité et automatisation. Avec des troupeaux très productifs, il est louable de vouloir traire plus vite, uniquement à condition de bien maîtriser les paramètres de traite. Car sinon, il y a un risque pour l’intégrité de la mamelle. Avec des niveaux de vide qui atteignent parfois les 44 kPa en ligne basse, il faut être très pointu, on n’a pas le droit à l’erreur. Il est important de bien ajuster la pulsation et relever les seuils de dépose. Les éleveurs ont tout intérêt à se faire accompagner par un conseiller traite. En effet, ces nouvelles générations de matériels ne sont pas forcément adaptées à tous les troupeaux et à tous les éleveurs. Dans le cas des nouveaux manchons, la tendance est à s’orienter vers des corps de manchons "angulaires", avec un vide rémanent sous trayon, ce qui peut être risqué pour certaines vaches. Avant d’investir dans un faisceau "novateur", il faut se demander si les conditions sont déjà réunies pour une traite de qualité, comme une bonne circulation et l’absence de stress qui pourrait perturber le pic d’ocytocine. L’entretien du matériel est aussi essentiel. Inutile d’investir dans des manchons très performants, s’ils ne sont pas bien utilisés et changés à intervalle régulier. »

 

 

 

 

 

 
La simplification du montage et du démontage des manchons, comme ici le système de cartouche de la griffe Evanza de DeLaval, offre un précieux gain de temps dans les ...
La simplification du montage et du démontage des manchons, comme ici le système de cartouche de la griffe Evanza de DeLaval, offre un précieux gain de temps dans les grandes salles de traite. © DeLaval

 

 

 

 

 

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