Avec quels outils entretenir ses haies en agroforesterie viticole ?
De la haie taillée à la construction multistrate, il existe différentes manières de gérer les haies et rangées d’arbres en agroforesterie viticole. De ce choix découlera celui de l’outil d’entretien.
De la haie taillée à la construction multistrate, il existe différentes manières de gérer les haies et rangées d’arbres en agroforesterie viticole. De ce choix découlera celui de l’outil d’entretien.

À la différence des cultures annuelles, l’agroforesterie viticole doit s’envisager de manière pérenne. Le développement des haies et/ou alignements d’arbres doit être rationalisé pour ne pas impacter les opérations, notamment celles mécanisées, tout au long du cycle cultural de la vigne. Le mode de conduite va dépendre du choix du mode de valorisation de ces haies et de la (ou les) fonction(s) recherchée(s) pour ces haies. « Derrière l’agroforesterie, il y a principalement trois buts recherchés : augmenter la biodiversité, notamment la faune auxiliaire qui est sensible aux perturbations, assurer la protection contre le vent et réguler le microclimat », explique Fabien Balaguer, directeur de l’association française d’agroforesterie.
Pour maximiser ces trois effets recherchés, Fabien Balaguer préconise une gestion en plusieurs strates, avec des haies basses, des arbustes intermédiaires et des arbres bien développés, dont l’impact en termes de filtration du vent et de protection de la sécheresse est plus élevé. Plus la biomasse est importante, plus la faune qui l’accompagne est nombreuse. Multiplier les essences, avec chacune son cortège faunistique, permet d’enrichir également la biodiversité. Le directeur conseille de pas intervenir trop fréquemment et/ou de façon alternée, afin que les parties non taillées servent d’abri pour les auxiliaires et de réservoirs pour réenrichir les essences taillées.
Choisir son outil en fonction des essences
Cependant, plus l’arbre se développe, plus son emprise en termes de surface est élevée. Le viticulteur doit donc réaliser un compromis entre les bénéfices de l’agroforesterie et l’occupation des sols. Il doit également faire un choix quant à la valorisation. Certains viticulteurs sélectionnent des arbres fruitiers, qu’ils taillent en haie, pour une optimisation maximale de l’espace, en tige basse ou en tige haute. Les équipements de taille vont dépendre de la forme que l’on souhaite donner à l’arbre. « Il y a la taille de formation, dans un premier temps, puis la taille d’entretien dans un second temps », précise Fabien Balaguer. Selon les essences, on utilise les tailleuses à lames ou à scies sur engins motorisés et/ou des sécateurs électriques à ouverture plus importante (45 mm) que les sécateurs électriques viticoles. Proposés à des tarifs légèrement supérieurs que les modèles viticoles, car plus puissants, ils utilisent généralement les mêmes batteries.
Ces sécateurs peuvent être montés sur perche pour les coupes en hauteur. Les constructeurs d’outils électroportatifs bien connus du monde viticole disposent également à leur catalogue de scies ou de tronçonneuses/élagueuses sur perche animées par batteries.

Les branches sectionnées peuvent être réduites en copeaux sur place par des broyeurs à sarments, ou, si les branches sont de trop grosse section, un broyeur de branches permettra de valoriser ces résidus sous forme de plaquettes de paillage ou de chauffage.
Les épareuses sont efficaces mais abîment davantage
Lorsque le viticulteur ne porte pas son choix sur des essences fruitières, les résidus de taille sont soit broyés et enrichissent alors le sol en matières organiques, soit exportés sous forme de plaquettes. Le broyage sur place impose des passages réguliers (une à plusieurs fois par an).

La solution la plus simple consiste à s’équiper d’une épareuse qui permet de mettre à l’aplomb et déchiqueter les résidus en un seul passage. Si l’appareil est attelé sur un tracteur étroit, il est préférable d’investir dans des modèles destinés aux tracteurs d’espaces verts, qui peuvent atteindre une portée verticale de 4 m. Il existe également des têtes de broyage adaptables sur les minipelles.

Ces solutions sont à privilégier pour les pousses de l’année dont la section ne dépasse pas 2 cm de diamètre. Fabien Balaguer leur préfère les solutions à coupe franche, comme les lamiers à couteaux (ou fléaux, sur le principe des rogneuses) ou à scies. « Les épareuses déchiquettent le bois, explique-t-il. Au bout des branches, c’est un carnage, avec des plaies sur plusieurs centimètres. Ce sont des vrais nids à maladies qui mettent en péril la pérennité et la productivité de ces haies. »
Montés sur bras d’épareuse ou tout type d’engin de manutention, les lamiers à couteaux offrent une coupe plus nette, mais sont à réserver à des sections de 2 cm maximum, donc à des coupes régulières (tous les un à deux ans). Ce type de lamier limite la vitesse d’avancement autour de 2,5 km/h, contre le double pour les épareuses.
Les grappins coupeurs sont adaptés aux trognes
Pour des intervalles de coupe plus espacés, les sécateurs hydrauliques sur bras d’épareuse sont un système de coupe à sections et contre-sections. Ils acceptent des diamètres de bois jusqu’à 8 à 10 cm et évoluent à une vitesse limitée de 1 à 2 km/h. Lorsqu’ils sont montés sur une épareuse, il est préférable que le tracteur soit doté d’équipements de protection contre la chute des branches. Pour cette raison, ces sécateurs hydrauliques constituent bien souvent le pré carré d’entreprises spécialisées. Ces équipements de coupe peuvent également être montés sur des pelles mécaniques ou des engins de manutention comme les chargeurs télescopiques.

Il en est de même des lamiers à scies, qui acceptent des diamètres encore plus gros et donc des intervalles de coupes plus élevés. Enfin, derniers équipements de taille, les grappins coupeurs se montent souvent sur des pelles mécaniques : le grappin assure la préhension de la branche qui est déposée au sol après avoir été coupée.

Le débit de chantier est certes moins élevé, mais cette méthode autorise une coupe plus chirurgicale. Elle se prête bien aux têtards (ou trognes), ce mode de taille des arbres qui consiste à ne laisser que le tronc. Selon le diamètre, le bois tombé est repris à l’aide d’une tronçonneuse ou directement par un broyeur à branches.
Des coûts d’utilisation qui varient du simple au nonuple Caractéristiques techniques des matériels d’entretien des haies | ||||
Épareuse à rotor | Sécateur | Lamier à couteaux | Lamier à scie | |
Largeur de travail | 1,2 à 1,5 m | 2 à 2,5 m | 1,8 à 2,5 m | 1,8 à 2,5 m |
Prix d’achat HT | 18000 à 30 000 € | 8 000 à 10 000 €(1) | 8 000 à 10 000 €(1) | 10000 à 12 000 €(1) |
Diamètre de coupe | < 2 cm | 10 cm maxi | < 2 cm | 3 à 20 cm |
Fréquence de passage | 1 à 2 fois par an | 1 à 5 ans | 2 ans | 4 à 8 ans |
Vitesse de travail | 3 à 5 km/h | 1 à 2 km/h | 2 à 3 km/h | 0,5 à 2,5 km/h |
Coût d’utilisation | 20 €/km(3) | 150 à 180 €/km | 150 à 180 €/km | Lamier : 80 €/h |
(3 passages) | (3 passages) | + ramassage : 160 €/h(2) | ||
(1) Le prix du sécateur et des lamiers n’intègre pas l’investissement dans l’épareuse à bras hydraulique (2) Ramassage avec un chargeur télescopique et deux opérateurs (3) Prix par passage (compter d’un à quatre passages pour l’épareuse d’une largeur de travail de 1,20 m). Source : Fédération régionale des Cuma de Normandie |