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L’usage de la colistine en question

La découverte d’antibiorésistances plasmidiques à la colistine pousse à remettre en cause son usage vétérinaire et certains cahiers des charges à l’interdire.

les voies de dissémination potentielle des gènes de résistance plasmidique à la colistine sont nombreuses
© infographie Réussir

En médecine vétérinaire, la colistine a beaucoup d’avantages. Elle est active contre les bactéries gram négatif, surtout E. Coli ; elle présente une efficacité clinique globale intéressante ; son délai d’attente est très court (un jour en volaille et aucun en œuf) ; elle présente peu de résistance bactérienne et le coût du traitement est modeste. Il n’est donc pas étonnant qu’elle soit l’antibiotique pour lequel l’exposition de la volaille est la plus importante.

Un avant et un après novembre 2015

La vision du monde médical est tout autre. Cet antibiotique était boudé par les médecins en raison de sa toxicité rénale, puis il a été réintroduit en traitement de dernier recours sur des patients infectés en milieu hospitalier par des bactéries multirésistantes à d’autres molécules. L’utilisation vétérinaire (depuis les années 50) et humaine n’a pas posé de problème jusqu’à la publication d’une découverte scientifique en novembre 2015.

Un premier mécanisme de résistance (noté « mcr1 ») transférable par un plasmide à d’autres entités différentes (Salmonella, Klebsiella, Shigella…) a été découvert en Chine sur des E. Coli de porcs, de poulets et de patients. D’autres mécanismes de résistance plasmidique ont ensuite été décelés sur d’autres souches et sur tous les continents. Les médecins et scientifiques se sont donc interrogés sur le risque d’une sélection à la suite de l’usage sur l’animal. Fallait-il réserver cet antibiotique à la médecine ou fortement le réduire en vétérinaire ? En 2016, des experts européens ont préconisé un niveau maximal exposition et une réduction de 65 % de son usage en 3-4 années. Ce niveau s’établit à 5 mg/PCU (population correction unit) pour les pays européens fortement utilisateurs et à 1 mg/PCU pour les moins utilisateurs. Les autorisations de mises en marché ont été retirées par l’Europe et par la France pour les spécialités associant la colistine à d’autres antibiotiques. En octobre 2016, l’Anses a recommandé de réduire son usage de 50 %, ce qui a été repris par le plan Ecoantibio2 avec un objectif à 5 ans. Résultat, en 2017 l’exposition avicole à la colistine a diminué de 48 % par rapport à 2014-2015, mais reste néanmoins à améliorer. En effet, en 2017 la valeur moyenne d’exposition était de 6,85 mg/PCU pour la volaille, contre 2,22 mg/PCU pour l’ensemble des animaux, encore au-dessus de la limite.

Trouver des alternatives pour continuer à traiter

Ces mesures ont aussi poussé les clients à demander à leurs abattoirs fournisseurs de réduire l’usage d’antibiotiques critiques, voire de les supprimer. Les cahiers des charges « sans antibiotique » ne seront pas handicapants tant que les lots traités trouveront preneurs ailleurs. C’est l’arrêt imposé à toute une filière qui est plus contraignant. En 2017, McDonalds a demandé de retirer les antibiotiques classés critiques par l’Organisation mondiale de la santé. Le retrait de la colistine sera effectif en 2019. Elle semble avoir peu de remplaçants réunissant autant de qualités (sensibilité, spectre d’activité, rapidité d’action, coût, délai d’attente). Les filières vont s’orienter sur la recherche de solutions alternatives sanitaires à base de plantes notamment, techniques, et prophylactiques, notamment la désinfection permanente de l’eau de boisson. En poulet de chair, deux laboratoires viennent d’obtenir l’autorisation de mise en marché de l’apramycine. Cet aminoglycoside est efficace contre les bactéries Gram négatives (Salmonella et Escherichia coli). Son activité est localisée à l’intestin, mais son absorption peut être augmentée en cas de perturbation de la barrière intestinale. En revanche, des résistances ont été décrites.

 

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