L’Ifip teste l’intérêt des fibres et de la pulpe de betterave en engraissement pour plus de bien-être
L’intérêt des fibres dans l’aliment des porcs charcutiers pourrait être relancé par la prise en compte du bien-être animal.
L’intérêt des fibres dans l’aliment des porcs charcutiers pourrait être relancé par la prise en compte du bien-être animal.
L’apport de fibres aux porcs charcutiers est en général limité car elles diminuent la digestibilité des aliments. Cependant leur intérêt peut être de nouveau examiné dans le contexte actuel de prise en compte du bien-être animal (arrêt de la castration, arrêt de la coupe de la queue, enrichissement du milieu, apport de substrat). Un essai réalisé à la station de l’Ifip à Romillé, en Ille-et-Vilaine, démontre qu’un aliment enrichi en fibres apportées par de la pulpe de betterave réduit fortement les interactions négatives entre les animaux. L’effet le plus notable concerne les griffures et les plaies. Ainsi le nombre de griffures est réduit de 44 % avec 10 % de pulpes de betteraves dans l’aliment et de 66 % avec 20 % d’incorporation. Le nombre et la sévérité des plaies sont également diminués de 70 % dès l’incorporation de 10 % de pulpes de betteraves. Les porcs avec pulpes apparaissent néanmoins plus sales en relation avec la couleur plus foncée et la consistance différente de leurs fèces. Les porcs, quel que soit l’aliment, consacrent une très grande partie de leur temps au repos (environ 70 %). Le reste du temps consacré à l’alimentation, à bouger et à interagir avec les autres porcs de la case ne varie pas selon les régimes. Les résultats indiquent des performances zootechniques pratiquement équivalentes entre les trois régimes même si les porcs alimentés avec 20 % de pulpes peinent à consommer des quantités d’aliment équivalentes à celles de leurs congénères en début d’engraissement. Logiquement le rendement de carcasse est diminué d’environ 1 point avec 20 % de pulpes de betteraves dans la ration, comparativement au témoin, du fait de l’augmentation du poids des viscères due à l’apport accru de fibres. Ce rendement n’est cependant pas modifié avec moitié moins de pulpes.
Réduire les interactions négatives entre les animaux
Le taux élevé de 20 % de pulpes de betteraves a été retenu de façon à pouvoir être en mesure de discriminer d’éventuelles différences et d’étudier les effets sur les animaux d’un taux d’incorporation considéré comme maximal. Le taux intermédiaire testé (10 %) est le plus envisageable en pratique. L’aliment témoin ne contenait pas de pulpe de betterave. La comparaison des trois traitements est effectuée avec des aliments de mêmes valeurs nutritionnelles (teneurs en énergie, acides aminés…) et distribués dans les mêmes conditions. Ces résultats ouvrent des voies quant à l’utilisation des fibres pour réduire les interactions négatives entre animaux ou limiter leur impact. Ces effets sont à mettre en perspective avec les évolutions sur la prise en compte du bien-être : production de mâles entiers présentant un risque d’agressivité accru, ou élevage de porcs à queue entière. Même si une solution unique et simple à mettre en place n’existe sans doute pas, la conduite alimentaire et la composition des aliments constituent des leviers qui peuvent être actionnés parmi une panoplie d’autres techniques à rechercher ou à promouvoir. Si dans cet essai, l’aliment avec fibres a été proposé pendant toute la durée de l’engraissement, on peut imaginer une utilisation pendant une durée plus courte correspondant à une période jugée critique du point de vue du comportement animal.
En savoir plus
La pulpe de betterave est riche en fibres digestibles
Les pulpes de betteraves déshydratées utilisées dans cet essai se caractérisent par leur richesse en fibres dont une grande partie se trouve sous forme de pectines, considérées comme les fibres les plus digestives. Elles sont généralement réservées aux truies, voire aux porcelets car leurs fibres ont des effets variés : source d’énergie, lutte contre la constipation, satiété et réduction des stéréotypies pour les truies, développement du côlon et du cæcum pour les porcelets en prévention des diarrhées.