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Guerre en Ukraine
Entre transition écologique et sécurité alimentaire : l’Europe à l’heure des choix

Sébastien Windsor et Thierry Pouch, respectivement président et chef du service études des Chambres d’agriculture, alertent les sénateurs sur l’incompatibilité entre la stratégie de la Ferme à la table et la nécessité de revoir la mondialisation des approvisionnements en blé face à la guerre en Ukraine.

Thierry Pouch et Sébastien Windsor (APCA) devant le Sénat
De gauche à droite : Thierry Pouch, chef du service études, références et prospective à l’Assemblée permanente des chambres d’agriculture (APCA) et Sébastien Windsor devant la commission des affaires économiques au Sénat.
© Capture d'écran Public Sénat

« L’Union européenne souhaite-elle contribuer aux équilibres vitaux de la planète ? Va-t-elle augmenter sa production pour se positionner comme un recours face à la guerre en Ukraine ? », s’interroge Thierry Pouch, chef du service études, références et prospective à l’Assemblée permanente des chambres d’agriculture (APCA) mardi 15 mars, devant la commission des affaires économiques du Sénat. Il s’exprime lors d’une table ronde organisée sur l’impact de la guerre en Ukraine sur les marchés agricoles et la souveraineté alimentaire. La guerre en Ukraine menace la sécurité alimentaire de grands pays importateurs comme l’Egypte (dépendante à 61% de la Russie et à 23% de l’Ukraine pour ses approvisionnements en blé), la Turquie (dépendante à 63% de la Russie et 11% de l’Ukraine), le Liban (dépendant à 51% de l’Ukraine) et la Tunisie (dépendante à 41% de l’Ukraine), rappelle l’économiste. Des pays où des soulèvements de population peuvent se produire si la guerre dure.

La pandémie et la guerre nécessitent de réorganiser la mondialisation

« L’Europe a un rôle décisif à jouer », lance-t-il rappelant que plusieurs études d’impact ont alerté sur la baisse de production qu’allait engendrer sa stratégie de La Ferme à la Table. Selon lui, « la pandémie puis la guerre en Ukraine nécessitent de réorganiser la mondialisation » et de réfléchir au rôle de la France et de l’Union européenne dans les approvisionnements mondiaux.

Pour Sébastien Windsor, président des Chambres d’agriculture, « l’Europe manque de vision sur l’agriculture ». A la différence de la Chine, selon le représentant professionnel agricole l’Union européenne ne s’est pas préoccupée de l’alimentation des populations. Sébastien Windsor déplore ainsi les mesures de la stratégie de la Ferme à la Table qui préconisent jusqu’à 10% de jachère ou encore la réduction des intrants et ce « alors que l’augmentation de la population et le changement de régime font exploser les besoins en protéines ».

 

Faut-il suspendre certaines dispositions de la stratégie Farm to fork ?

La veille lors d’une conférence interparlementaire thématique sur l’autonomie stratégique économique, durant laquelle des parlementaires de 20 pays de l’Union européenne étaient présents, Sophie Primas, présidente de la commissaire des affaires économiques du Sénat, s’est interrogée : « Dans le domaine agricole où la guerre en Ukraine risque de provoquer une crise alimentaire majeure au Maghreb et en Afrique, dans quelle mesure cet objectif d’autonomie stratégique économique s’oppose ou s’articule avec un objectif de transition écologique ? Faut-il suspendre certaines dispositions de la stratégie « Farm to fork », augmenter significativement notre production de céréales européennes tout en maintenant des exigences environnementales les plus puissantes au monde ? ».

C’est de la gnognotte, il faut la supprimer

« Le green deal, la stratégie de la Ferme à la table, c’est de la gnognotte, il faut la supprimer », a réagi lors du débat au sénat Laurent Duplomb, agriculteur, et sénateur de la Haute-Loire, secrétaire de la commission des affaires économiques.

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