30 jours sans pluie en France… Un record
Le 21 janvier 2023 a été le dernier jour pluvieux en France. Depuis, pas une goutte d'eau n'est tombé dans l'Hexagone. Le cumul de 30 jours secs est sans précédent en hiver. Deux régions françaises sont d’ores et déjà en restriction d’usage de l’eau et les anomalies météorologiques depuis début 2022 ne font que s’empiler.
Le 21 janvier 2023 a été le dernier jour pluvieux en France. Depuis, pas une goutte d'eau n'est tombé dans l'Hexagone. Le cumul de 30 jours secs est sans précédent en hiver. Deux régions françaises sont d’ores et déjà en restriction d’usage de l’eau et les anomalies météorologiques depuis début 2022 ne font que s’empiler.
Une situation météo inédite en France
Si les mois de septembre à janvier ont été « globalement proches des normales en termes de précipitations », excepté le mois d’octobre, « ce mois de février est marqué par un manque de pluie extrêmement prononcé », enseigne Simon Mittelberger, climatologue à Météo-France. On considère qu’un jour est sans pluie quand le cumul des précipitations agrégé sur la France est inférieur à 1 mm. « Le mois de février devrait se terminer avec un déficit pluviométrique de l’ordre de 50 %. »
Deux mois d’avance sur l’état des sols
Le météorologue indique aussi que les sols « sont nettement plus secs qu’ils ne devraient l’être à cette période de l’année ». Un état rencontré habituellement mi-avril, « soit deux mois d’avance, pointe le météorologue, c’est remarquable pour la saison hivernale durant laquelle les sols se sont nettement asséchés sur tout le territoire ». L'éleveur Mathieu Mauries a ainsi publié une photo de son sol le 19 février, à Agassac en Midi-Pyrénées.
Pourquoi le manque de pluie de février est-il un « record » ?
Le dernier « record » hivernal était de 22 jours sans pluie en 1989 et la plus longue période sans pluie qu’a connu la France tous mois confondus, avait duré 31 jours, entre le 17 mars et le 16 avril 2020, relate Simon Mittelberger. L’hiver 2023 figurera parmi les 10 hivers les moins arrosés depuis 1959. En plus du manque de pluie, depuis douze mois d’affilée, il fait plus chaud que la norme en France. Le mois de février pourrait être le treizième de cette série inédite. « C’est la première fois depuis 1947, date des premières données, que nous observons une série aussi longue de températures moyennes mensuelles au-dessus des normales. » le climatologue Serge Zaka relève le cumul des anomalies météorologiques cumulées depuis début 2022.
Outre le manque de pluie, l’enneigement des massifs pyrénéens et alpins est aussi nettement inférieur à ce qu'on observe habituellement à cette saison, poursuit Simon Mittelberger, la neige des montagnes, en fondant au printemps, permet une alimentation supplémentaire en eau des rivières proches des montagnes.
Une année 2023 dans le prolongement de 2022
« On fait face à une situation chronique depuis 2017 de manque d’eau, avec l’accélération que l’on a eue en 2022, indique à nos confrères de France inter, Emma Haziza, hydrologue, lundi 20 février, donc en réalité c’est une somme de signaux faibles qui est en train de s’accumuler et qui nous présente une année 2023 qui semble problématique ». Les Pyrénées-Orientales sont dans un état d’aridité « comme jamais », alerte l’hydrologue, « on a un axe depuis Avignon jusqu’à Aix-en-Provence-Marseille, où il n’y a pas une goutte de pluie depuis le 1er janvier, alors que, durant cette période, on avait déjà des anomalies de température très marquées », notamment le mois d’octobre, « le mois le plus chaud jamais enregistré de l’histoire de France ». Ce début d’année 2023 s’inscrit dans le prolongement de 2022, « on est passé dans une période hivernale où on a eu des anomalies de température », poursuit Emma Haziza, qui sont passées complètement inaperçues. Ce sont des formes de canicule d’hiver qu’on ne voit pas venir parce qu’on ne prend pas ça comme un risque ».
Une sécheresse assurée à l’été 2023 ?
La période de mi-mars à fin mars signe la fin de la recharge potentielle des nappes phréatiques, « après, les pluies ne servent plus à recharger les nappes », prévient Emma Haziza. Pour autant, veut rassurer Simon Mittelberger, « la situation pourra donc encore évoluer, surtout en mars. La pluviométrie des trois prochains mois, mars, avril et mai, sera déterminante ».