Les mosaïques en déchets de tonnellerie de sœur Samuelle
Découvrir l’univers de la tonnellerie a inspiré à la mosaïste sœur Samuelle d’étonnantes mosaïques composées avec des déchets issus de la fabrication des barriques.

« Le monde de la tonnellerie m’a donné plein d’idées », s’enthousiasme sœur Samuelle. Ébéniste de formation, issue de la prestigieuse école d’arts appliqués Boulle, cette artiste a appris l’art de la mosaïque en Italie. Dans le cadre de son Fonds pour l’art et la forêt, la Maison Charlois, groupe de tonnellerie basé dans la Nièvre, lui a confié la personnalisation d’une barrique bourguignonne de sa manufacture La Grange.
L’univers de la vigne était familier à cette habitante de l’Aube ayant des liens familiaux en Bourgogne, mais pas celui de la tonnellerie. « Sans cette commande, je n’aurais jamais eu l’idée de décorer une barrique », s’amuse-t-elle.
Quand l’intérieur d’une barrique se pare d’une mosaïque
Elle a d’abord imaginé en habiller l’extérieur mais au contact de la tonnellerie La Grange et de ses artisans tonneliers, elle a changé d’idée. « J’ai pris conscience de l’importance de l’intérieur de la barrique à cause de la chauffe et que la raison d’être du fût est ce que l’on met dedans », confie-t-elle.
Elle a donc finalement trouvé que recouvrir l’intérieur du fût avait plus de sens. Un véritable défi qui lui a pris deux mois et pour lequel elle a travaillé la tête dans la barrique en s’éclairant d’une frontale.

Ses matériaux ? Des staves qu’elle a débitées patiemment à la main en petits morceaux. Elle y a ajouté des bouts d’ardoises ainsi que des petits carreaux emprisonnant de la feuille d’or dans du verre, un matériau classique des mosaïques byzantines. Sous le nom d’Orior, la barrique s’est ainsi parée d’un revêtement intérieur spectaculaire.
Le potentiel créatif des déchets de bois de fûts
Sœur Samuelle s’est prise au jeu. Recycler ce bois de très haute qualité issu de chênes d’exception l’a motivée. « Les déchets de bois offrent des variétés de teintes naturelles grâce aux chauffes », apprécie-t-elle. Elle a également ressenti comme très enrichissant d’associer les deux savoir-faire s’inscrivant dans le temps long que sont la tonnellerie et la mosaïque.
Elle a donc poursuivi l’expérience en travaillant à plat pour élaborer des séries de mosaïques utilisant non seulement des staves mais aussi les ronds de bois issus des trous de bondes ou encore des fonds de tonneaux. Ses créations uniques ont été présentées dans l’espace dédié aux expositions de la tonnellerie Le Grange, du 15 juin au 6 octobre 2024 et sur le stand du groupe Charlois au salon Vinitech, du 26 au 28 novembre 2024.

Sa technique confère aux mosaïques de bois une étonnante impression d’ondulation. « Je débite le bois dans le fil, les surfaces ne sont pas plates, ça accroche la lumière de mille et une manières. L’intérieur de la matière est mis en valeur », explique l’artiste. Une façon magistrale de sublimer un déchet !
