Agriculture au féminin
« Les femmes doivent oser » affirme la présidente de la commission nationale des agricultrices
Chef d’exploitation agricole. Le métier se conjugue aujourd’hui à près de 25 % au féminin, contre 8 % en 1970. Une belle progression mais qui doit se poursuivre. Des combats restent à mener.
Chef d’exploitation agricole. Le métier se conjugue aujourd’hui à près de 25 % au féminin, contre 8 % en 1970. Une belle progression mais qui doit se poursuivre. Des combats restent à mener.
Le statut de conjoint collaboratrice doit « être transitoire ». C’est Jacqueline Cottier éleveuse en Maine-et-Loire et présidente de la commission nationale des agricultrices (CNA) depuis 2014 qui le dit. Et elle poursuit : « À la CNA, nous souhaitons qu’il soit limité dans le temps, à trois ans en début de carrière. Nous, les femmes sommes plus nombreuses à embrasser le métier plus tardivement. Ce statut doit permettre de voir si les choses sont possibles avant de sauter le pas !». Avec Christiane Lambert, la présidente, la militante est « l’une des deux seules femmes au bureau de la FNSEA », précise l’article de l’Action agricole picarde qui s’intitule « l’agriculture au féminin ». Marie-Cécile Seigle-Buyat y raconte l’évolution du statut des femmes agricultrices et leur combat pour parvenir à une reconnaissance professionnelle. « En janvier 2019 une loi stipule que toutes les agricultrices qui n’ont pas de statut seront réputées de fait salariées, » informe encore Jacqueline Cottier. « Ne pas avoir de statut est un mauvais choix qui a d’importantes conséquences, notamment en termes de couverture sociale ou encore de droit à la retraite.»
« Aujourd’hui, près d’un quart des chefs d’exploitation ou co-exploitants sont des femmes contre 8 % en 1970. » L’évolution est donc importante mais il faut continuer à avancer. Sur le plan financier, notamment. « Comme pour toutes les catégories socio-professionnelles les revenus professionnels agricoles annuels moyens des cheffes sont inférieurs de 29 % à ceux des hommes. Concernant les pensions de retraites des anciennes cheffes d’exploitation, elles sont inférieures de près de 15 % », souligne le journal. Il faut aussi balayer quelques idées reçues. « Il existe encore beaucoup trop de freins pour trouver un stage par exemple. Elles s’entendent trop souvent dire qu’elles ne vont pas y arriver », déplore la représentante de la commission des agricultrices. Pour autant, elle précise sa vision des choses. « C’est ensemble, hommes et femmes, que nous y arriverons, » explique-t-elle. « Nous ne sommes pas là pour prendre leur place, mais bien travailler avec eux. Les femmes doivent oser. Nous devons nous bousculer. Davantage de femmes doivent s’engager syndicalement, politiquement notamment pour les prochaines élections municipales. »
Un financement participatif pour accompagner 20 projets de femmes dans l'agriculture durable
Dans Libération du 3 septembre, il est question aussi des femmes agricultrices. « La féminisation du milieu est un véritable enjeu, » écrit Margaux Lacroux, « tant dans le milieu conventionnel que dans le bio ». Le journal souligne par ailleurs les difficultés d’accès aux prêts que rencontrent les femmes et la difficulté d’obtenir des « coups de pouce » pour les financements. Le quotidien salue donc l’initiative La Cagnotte des Champs qui lance un programme « spécifiquement tourné vers l’aide aux femmes agricultrices ». Pour Paul Dufour, cofondateur de la cagnotte en ligne, « l’accès au terrain et aux prêts bancaires » serait plus compliqué pour les femmes. L’association spécialisée dans le financement et l’accompagnement de projets d’agriculture durable a donc décidé d’orchestrer une campagne de financement participatif pour aider 20 femmes dont les projets ont été sélectionnés. L’opération Cultiv’Actrices a démarré le 1er septembre et est ouverte pendant deux mois.
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