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Les actualités phytosanitaires en vigne pour la saison 2020

La campagne 2020 sera marquée par l’arrivée de nombreux produits de biocontrôle et le retrait de certaines spécialités de glyphosate très répandues. Le point sur les changements au niveau phytosanitaire.

Du cuivre sous toutes les formes

Quatre spécialités font leur apparition dans la lutte antimildiou, qui toutes intègrent des sels de cuivre. Certis étoffe sa gamme de solutions cupriques avec Kocide Flow, une formulation liquide composée de 300 g/l d’hydroxyde de cuivre. Sa formulation innovante permet selon la firme un meilleur étalement de la goutte. Outre le pouvoir couvrant, l’avantage de cette formulation, autorisée à 2,5 l/ha, est une bonne stabilité et une incorporation facile.

Syngenta lance de son côté Cuprocol Duo, une association de 140 g/kg d’oxychlorure de cuivre et de 140 g/kg d’hydroxyde de cuivre. Pour Syngenta, cette combinaison permet une action complémentaire des deux formes de cuivres. La formulation WG est brevetée Fluid Bed, technologie visant à améliorer la dispersion dans l’eau. Cuprocol Duo est homologué contre mildiou et black-rot à 2 ou 2,5 kg/ha selon le stade végétatif.

Une telle association est également proposée par Phyteurop, qui lance la spécialité Airone, composée à 136 g/l d’oxychlorure de cuivre et 136 g/l d’hydroxyde. Homologué également sur mildiou et black-rot à 2 l/ha et pour trois applications par an, Airone possède selon la firme une formulation optimisée avec des particules inférieures à 0,1 micron. Cela se traduirait par une mise en œuvre plus aisée, avec une meilleure couverture, une bonne dispersion et une meilleure stabilité. Phyteurop lance également Fantic A, produit associant du kiralaxyl à 50 g/kg avec de l’hydroxyle et de l’oxychlorure de cuivre tous deux dosés à 150 g/kg. Non CMR, ce produit est autorisé à 2 kg/ha et pour deux applications par an. De par son action systémique, la firme préconise de placer Fantic A plutôt au début du stade végétatif, jusqu’à l’apparition des grappes (BBCH 53). Par ailleurs, Phyteurop annonce attendre pour cette année une AMM concernant des phosphonates.

Arrivée des bacilles contre l’oïdium

Du côté de la lutte contre l’oïdium, toutes les nouvelles solutions proposées pour cette campagne sont des produits de biocontrôle. Avec en première ligne des innovations sur les spécialités à base de soufre. C’est le cas de Whisper, lancé par De Sangosse. Ce produit est le premier soufre biosourcé d’origine agricole. Il provient du sulfure d’hydrogène (H2S) généré par les déchets agricoles lors de la production de biogaz. Le soufre élémentaire est extrait de ce gaz à l’aide de bactéries puis formulé en produit liquide prêt à l’emploi pour protéger la vigne (700 g/l).

Phyteurop lance également un soufre liquide, Lucifère, avec une formulation Sofluid. La firme annonce une micronisation optimisée pour une granulométrie divisée par deux par rapport à la normale (2 microns). Phyteurop parle d’une excellente résistance au lessivage avec 100 % d’efficacité après 60 mm de pluie. L’entreprise préconise un usage compris entre 4 et 7,5 l/ha selon le stade et la pression parasitaire.

Les innovations dans la lutte anti-oïdium résident ensuite dans l’arrivée de spécialités à base de micro-organismes. Bayer a annoncé dès l’été dernier l’homologation de Sonata. Un fongicide de contact composé de souches de Bacillus pumilus QST 2808, utilisable en préventif avant et après floraison. La firme le préconise en alternative au soufre et aux produits conventionnels en début et fin de programme, sur des faibles pressions de maladie. Elle recommande également de coupler son utilisation avec des outils d’aide à la décision comme la PCR, disponible via le Kit diagnostic oïdium de Bayer.

Syngenta de son côté propose Taegro, un produit à base de Bacillus amyloliquefaciens souche FZB24, agissant principalement par compétition spatiale avec les champignons pathogènes. Le bacille colonise rapidement les organes traités et empêche l’installation des maladies. Des actions secondaires biocide et élicitrice sont aussi à l’œuvre, selon Syngenta. Sonata et Taegro sont tous deux sans classement pour l’utilisateur et l’environnement, et autorisés en agriculture biologique.

Le botrytis mis en compétition

Le produit Taegro de Syngenta, présenté ci-avant, est également homologué contre le botrytis. Ce n’est pas la seule nouveauté de la saison dans la lutte contre la pourriture grise, puisqu’un autre produit naturel, Noli, est lancé par l’expert du biocontrôle Koppert. Il s’agit de souches de levures Metschnikowia fructicola NRRL Y-27328, qui fonctionnent aussi par compétition spatiale. Cette levure œuvre également par effet antagoniste en inhibant la germination des conidies de Botrytis cinerea et en stimulant les défenses de la plante par production de radicaux libres. C’est donc un préventif strict, à utiliser en association dans un programme conventionnel ou biologique. À noter également dans la lutte antibotrytis, la solution de biocontrôle Mevalone commercialisée par SumiAgro, à base de terpènes, est dorénavant utilisable en agriculture biologique.

Les trichogrammes contre cryptoblabes

La solution Tricholine Vitis n’est certes pas nouvelle, mais son usage est appelé à s’étendre cette année puisqu’elle a montré son efficacité la campagne dernière dans la lutte contre le papillon Cryptoblabes. Les diffuseurs de trichogrammes ont permis d’atteindre 85 % d’efficacité dans la difficile lutte contre ce papillon, là où la référence chimique n’affiche que 34 %. Tricholine Vitis, propriété de Bioline (InVivo), sera désormais distribué par Phyteurop. Nufarm annonce par ailleurs attendre pour le début d’année l’AMM de la solution de phéromones pulvérisables contre Eudemis développée par la société M2i.

Sévères coupes dans le glyphosate

L’Anses a retiré le 9 décembre dernier les AMM de 36 spécialités à base de glyphosate, sur les 69 autorisées actuellement en France. Parmi elles figurent de nombreuses spécialités utilisées en viticulture comme l’Azural Xpress de Monsanto et les Round’up Innov, 720 et Vision, ainsi que les Gallup Super 360 et Xtra 450 de Barclay Chemicals, le Buggy Greenline de Phyteurop, les Chiraka Duo et Katana Duo d’ISK Biosciences ou encore les Cosmic et Guild d’Arysta Lifescience. Leur vente est autorisée jusqu’en juin et leur utilisation jusqu’à décembre.

voir plus loin

Lancement du premier adjuvant thixotrope

L’entreprise De Sangosse commercialisera également pour la première fois son tout nouvel adjuvant, le 846, aussi vendu sous la marque Oliofix. Il s’agit d’un produit thixotrope, c’est-à-dire qu’il a la capacité d’être plus ou moins visqueux selon l’énergie qu’on lui apporte. Fluide au niveau de la buse, il devient de plus en plus visqueux avant d’arriver sur la feuille et colle davantage au végétal. La firme annonce moins de déperdition et une meilleure pénétration, permettant de baisser les doses des produits utilisés ou d’en augmenter l’efficacité. Vendu en solo, cet adjuvant est utilisable à 1 % dans la limite de 10 l/ha.

Aladin, plateforme de commande en ligne d’Invivo

L’union de coopératives InVivo a lancé fin décembre une plateforme d’achats en ligne Aladin (www.aladin.farm). Cet outil a été élaboré avec neuf coopératives parmi les 201 que compte le réseau, dont Maïsadour et Océalia. Conçu comme une alternative au commerce digital proposé aux agriculteurs, il est dédié pour l’heure aux intrants et à quelques services. Une trentaine de structures est attendue pour l’an prochain, pour un volume d’affaires de 100 millions d’euros auprès de 100 000 agriculteurs. Pour accéder au service, l’agriculteur doit faire partie d’une coopérative partenaire et se connecter avec son numéro d’adhérent. Cela lui permettra de voir les stocks disponibles dans sa région, de choisir une livraison au dépôt ou au champ, et de payer soit en direct soit avec son compte coopérateur. À terme, Aladin couvrira aussi l’agroéquipement.

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