L’école supérieure d’agriculture d’Angers fait apparaître trois modèles de développement pour les jeunes agriculteurs.
En 2019, l’Esa d’Angers a réalisé une enquête auprès de 52 jeunes agriculteurs afin de mieux connaître ce qu’était, pour eux, la réussite professionnelle. L’analyse des résultats fait apparaître trois groupes. Le premier groupe (21 % des enquêtés) rassemble des agriculteurs ayant des objectifs de réduction des charges de structure, ou de mise en place d’une pratique sanitaire ou technique alternative. Ils sont attentifs à la diminution de leur taux d’endettement, et à une optimisation fiscale. Dans un contexte économique qu’ils jugent durablement difficile, ces agriculteurs cherchent à s’adapter, en s’inspirant d’autres secteurs. Ils veulent des gains d’efficacité au travers de l’organisation du travail, et sont fiers d’importer dans leur élevage des techniques vues ailleurs. Le second groupe (6 % des enquêtés) souhaite améliorer la productivité, et à améliorer son revenu. Pour cela, ces agriculteurs travaillent sur les coûts d’achat et la performance technique. La qualité de vie est très importante pour eux, avec la volonté de disposer de temps libre en dehors de l’exploitation. Enfin, les agriculteurs du troisième groupe (73 %) envisagent un accroissement de la taille de l’exploitation, tout en conservant une marge de sécurité financière. Contrairement aux éleveurs du premier groupe, ils ne voient pas l’exploitation agricole comme une entreprise « comme les autres », mais comme un secteur à part, avec une culture et un mode de vie singulier. Tout comme les éleveurs du deuxième groupe, ils sont attachés à leur qualité de vie. Mais contrairement à eux, ils ne cherchent pas forcément à séparer nettement les espaces et les temps personnels et professionnels.
Avis d’expert : Caroline Depoudent, chambre d’agriculture de Bretagne
« La vision traditionnelle est toujours dominante »
« Plus qu’une typologie, cette étude apporte un éclairage sur l’évolution des visions du métier d’agriculteur au sein de la profession. La vision « traditionnelle », basée sur une transmission d’une génération à l’autre avec un agrandissement progressif, et des univers familiaux et professionnels imbriqués, reste dominante. Néanmoins, on voit se développer une vision plus entrepreneuriale, avec une volonté de performance organisationnelle, et pas seulement technique. On voit aussi se développer l’idée que le métier d’agriculteur peut être celui de toute une vie, mais aussi qu’il est possible d’en changer s’il ne convient plus. Une nouvelle idée des carrières en agriculture. »