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Le défi de l’autonomie protéique en élevage caprin

Si les élevages caprins français sont en moyenne autonomes à 61 % pour leur alimentation, il n’en est pas de même pour les apports en protéines végétales avec seulement 47 % d’autonomie protéique. Pourtant, il est possible d’accroître la production de protéines en élevage grâce à des légumineuses pures, des prairies à base de légumineuses ou des mélanges céréales-protéagineux. De même, on peut valoriser en élevage les tourteaux et graines d’oléoprotéagineux produits en France et en Europe en lieu et place des tourteaux de soja importés. Le programme Cap Protéines renforce les connaissances agronomiques et zootechniques et veut montrer des exemples réussis d’élevages autonomes. Explication des enjeux.

Avec seulement 47 % d’autonomie protéique en moyenne, les élevages caprins français ont encore des marges de progrès pour produire eux-mêmes les protéines végétales consommées par les chèvres laitières. Par comparaison, les élevages ovins laitiers sont en moyenne autonomes en protéines à 68 % et les bovins laitiers à 70 %. L’élevage allaitant fait encore mieux avec 83 % d’autonomie protéique pour les ovins viande et 86 % pour les bovins viande selon les données d’Inosys-Réseaux d’élevage.

Plus de légumineuses et de tourteaux locaux

Pourtant en produisant des plantes riches en protéines ou en nourrissant différemment ses troupeaux, l’élevage caprin français peut réduire sa dépendance aux importations de soja sud-américain. La France importe chaque année 3,5 millions de tonnes de tourteaux de soja, dont 44 % sont consommés par les ruminants. En important ces plantes riches en protéines, l’élevage français se rend dépendant de ressources étrangères et des fluctuations des marchés mondiaux. En ce moment, les cours élevés des matières premières de l’alimentation animale incitent à valoriser davantage ses propres fourrages riches en protéines (légumineuses, protéagineux, prairies multiespèces…) ou à substituer le soja importé par d’autres tourteaux produits localement. La flambée des prix des engrais azotés peut également favoriser l’utilisation de légumineuses et profiter de leur fixation symbiotique de l’azote.

La flambée des matières premières, initiée depuis plus d’un an et renforcée par la guerre en Ukraine, se traduit par une hausse de 14 % de l’Ipampa caprin sur un an. Et les économistes imaginent un prix encore plus élevé de l’alimentation. Pour les matières riches en protéines, les prix atteignent des sommets. En mars, la cotation du tourteau de soja atteignait le record de 550 euros la tonne en OGM et à 900 euros en non-OGM.

40 élevages caprins dans Cap Protéines

Autre problème, le soja importé en France est principalement produit en Amérique du Sud. Or, sa culture est l’objet de controverses. En effet, son extension se fait aux dépens de la forêt amazonienne, des savanes du Cerrado ou de la pampa argentine. En plus de contribuer à la déforestation, le soja sud-américain se cultive souvent en monoculture, avec des semences OGM et en utilisant beaucoup de produits phytosanitaires. Le bilan carbone d’aliments produits à l’autre bout de la planète n’est pas non plus des plus reluisants. Autant de griefs de moins en moins acceptés par les citoyens-consommateurs européens qui obligent l’élevage à adapter ses pratiques.

L’État français s’est inquiété de cette situation et a lancé l’an dernier une stratégie protéines végétales qui se base sur une aide aux investissements matériels, un appui à la structuration des filières et un vaste programme de recherche et développement. Ce programme Cap Protéines de recherche, innovation, développement et transfert est piloté pendant deux ans (2021-2022) par Terres Inovia et l’Institut de l’élevage. La partie élevage de Cap Protéines comporte une quarantaine d’essais agronomiques et autant d’essais zootechniques, la création d’une vingtaine de plateformes de démonstration dans les lycées agricoles et le suivi de 330 fermes pilotes sur toute la France. Parmi elles, 40 élevages caprins ont été repérés pour leur production de légumineuses fourragères, leur production de méteils, le pâturage de leurs légumineuses en pur ou en mélange ou l’amélioration de la conduite du pâturage. Autant de témoignages et de leviers qui seront à retrouver en fiches et en vidéo sur cap-proteines-elevage.fr et lors de trois portes ouvertes en Vendée, dans la Drôme et dans la Vienne.

40 fermes pilotes, des vidéos et des portes ouvertes

Dans le cadre de Cap Protéines, 31 conseillers des chambres d’agricultures, des Civam, du Conseil en élevage et de l’Itab ont recueilli les données techniques, économiques, environnementales et d’autonomie protéique de 40 élevages caprins de toute la France. En 2022, chacune de ces fermes fera l’objet d’une fiche synthétique présentant le témoignage de l’éleveur ou faisant le focus sur un des leviers techniques mis en œuvre dans l’élevage. Sept vidéos sont également en cours de tournage dans certaines de ces fermes. Enfin, pour mettre en avant des élevages qui mettent en place des leviers techniques pour développer l’autonomie protéique, trois journées portes ouvertes sont prévues en caprin :

 

  • Le 1er juin dans la Vienne dans un élevage bio de 200 chèvres autonome grâce aux légumineuses, au méteil et au séchage en grange ;
  • En juin dans la Drôme, un élevage de 120 chèvres en conversion 100 % autonome grâce à la luzerne, aux céréales et au pâturage ;
  • En Vendée.

 

Plus d’infos sur cap-proteines-elevage.fr

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