Le débat sur les ZNT s’amplifie à la veille du Salon international de l’Agriculture
Sur fond de campagne électorale et d’ouverture prochaine du Salon international de l’agriculture, syndicats agricoles et ONG ne lâchent pas l’affaire sur les ZNT. Générations Futures publie les résultats d’une étude jugeant les distances de 5 m et de 10 m insuffisantes, tandis que les syndicats et le ministère de l’Agriculture se penchent sur les impasses et les compensations envisageables, suite aux nouveaux décret et arrêté publiés en janvier 2022.
Sur fond de campagne électorale et d’ouverture prochaine du Salon international de l’agriculture, syndicats agricoles et ONG ne lâchent pas l’affaire sur les ZNT. Générations Futures publie les résultats d’une étude jugeant les distances de 5 m et de 10 m insuffisantes, tandis que les syndicats et le ministère de l’Agriculture se penchent sur les impasses et les compensations envisageables, suite aux nouveaux décret et arrêté publiés en janvier 2022.
Ce mardi 22 février, Générations Futures a publié un rapport évaluant l’efficacité des zones de non traitement (ZNT) pour protéger les riverains des pesticides agricoles. Il se base sur une étude analysant des mousses pour prélèvements de polluants atmosphériques placées en bordure et à 33 m d’un champ de pomme de terre du nord de la France, du 16 mai au 18 septembre 2021. Sur 77 pesticides recherchés, 20 ont été trouvés, au moins une fois sur la période, dans les prélèvements proches du champ et 15 dans ceux éloignés de 33 m.
L’association fait état d’une quantité de pesticides piégés à 33 m du bord du champ représentant « 52,9% de la quantité piégée dans le capteur en limite de champ pendant ces 18 semaines ».
« A 3 m, 5 m et 10 m du champ investigué ici, nul doute que la quantité de pesticides auxquels les riverains auraient pu être exposés aurait été encore bien plus importante et proche de celle observée en bordure de champ. Ces ZNT sont donc clairement très insuffisantes pour diminuer de manière efficace l’exposition des riverains aux pesticides pulvérisés en agriculture » en conclut François Veillerette, porte-parole de Générations Futures.
L’organisation s’appuie sur ces résultats pour demander à nouveau la mise en place de ZNT d’au moins 100 m, tout en appelant à vérifier que cette distance apporte une efficacité suffisante. Elle annonce la parution prochaine d'un autre rapport, basé également sur des prélèvements par capteurs passifs, mais effectués cette fois-ci dans une zone viticole.
Les pistes envisagées pour compenser les ZNT se précisent
De leur côté, les cinq syndicats agricoles et le ministère de l’Agriculture ont entamé début février une série de réunions bimestrielles faisant suite à la publication, en janvier 2022, du décret et de l’arrêté rectifiant les précédents textes sur les ZNT, suite à l'avis du Conseil d'Etat. Il s’agit de définir les impasses techniques et les modalités de compensation qu’elles impliquent.
« Les situations d’impasse devraient être confirmées pour tous les produits CMR 2 (cancérogènes, mutagènes et reprotoxiques) dont les fabricants n’auront pas déposé de dossier de révision d’autorisation de mise sur le marché (AMM) d’ici le 1er octobre 2022, et s’il n’existe pas d’alternative viable sur les plans technique et économique pour ces produits », indiquent nos confrères d’Agra Presse. « Nous allons travailler d’arrache-pied avec les instituts techniques et nos associations spécialisées pour préciser les choses», a stipulé Christiane Lambert, la présidente de la FNSEA.
Trois options principales de compensation vont être étudiées :
- intégrer les ZNT dans le calcul des surfaces d’intérêt écologique (SIE)
- solliciter les dispositifs de type MAEC ou paiements pour services environnementaux privés
- créer des aides spécifiques au financement de haies, filets ou équipements permettant de limiter la dérive.
En parallèle, « le sujet de la réciprocité pour les aménageurs est aussi en cours, mais il sera long à mettre en œuvre» sur le terrain a aussi souligné Christiane Lambert. Un sujet non moins fondamental, alors que les surfaces agricoles sont toujours plus grignotées par l'urbanisation.