Le contrôle de performances par l’éleveur officiellement ouvert en caprins
À partir de la prochaine campagne, les éleveurs qui le souhaitent pourront effectuer eux-mêmes les opérations de contrôle laitier.
Déjà proposé depuis une vingtaine d’années en bovin, le contrôle par l’éleveur, aussi appelé protocole B, se déploie en élevage caprin. « Nous avions effectué plusieurs tests en vue de sa mise en œuvre, le premier confinement de 2020 a accéléré l’expérimentation ! », expose Christophe Lecomte, directeur adjoint de France Conseil élevage.
« Certains éleveurs veulent réduire les coûts, d’autres alléger la contrainte du contrôle et le stress pour les animaux, et pour l'éleveur, d’avoir une personne extérieure (voire plusieurs) dans leur salle de traite, analyse Christophe Lecomte. De plus, les éleveurs commencent à s’équiper de compteurs à lait individuels, donc peuvent récupérer automatiquement la production laitière. »
Les données doivent être fiables
Les organismes de conseil en élevage sont habilités par Capgènes pour fournir les données de contrôle de performance utilisées pour le schéma génétique. « Elles doivent donc être aussi fiables que lorsque le contrôle est effectué par un agent, rappelle Christophe Lecomte. Il faut s’assurer de la conformité des contrôles ainsi réalisés, et nous avons mis en place des procédures de vérification pour limiter le risque d’erreurs. »
Concrètement, les éleveurs sont préalablement formés et le matériel est déposé par l’agent du contrôle laitier, comme pour un contrôle classique : échantillons, TruTest ou installation et programmation des Lactocorder et enlèvement le lendemain. La mise en œuvre est propre à chaque ECEL et à chaque éleveur.
Cette nouvelle possibilité vient s’ajouter à la palette proposée par les organismes de conseil en élevage : nombre de contrôles par an, nombre de traites, ciblage des passages…
Repères
1 565 élevages suivis par les organismes de conseil en élevage en protocole reconnu par Capgènes en 2020
257 chèvres par élevage en moyenne
Héloïse Bouvier, éleveuse à Plessé (44), 175 chèvres
« Plus sereins le jour du contrôle »
« Nous avons souhaité tout de suite réaliser nous-même le contrôle pour des questions de coût et d’organisation ; c’est stressant d’avoir une présence extérieure lors de la traite. Le salarié de Seenovia dépose simplement le matériel. Il faut être deux, et le temps de traite est quasiment doublé. Au départ, nous avons fonctionné avec des TruTest et il fallait tout saisir à la main. Le risque d’erreur est important et c’était vraiment compliqué. Depuis le début de cette année, nous avons adopté un système électronique : nous scannons la boucle des chèvres, le tube d’échantillon et tout est relié à l’ordinateur. Il n’y a qu’à saisir la production de la chèvre. C’est beaucoup moins de stress et beaucoup plus simple. »Benoît Allard, éleveur à Landemont (49), 260 chèvres
« Nous ne reviendrions pas en arrière »
« Au contrôle laitier depuis 2019, nous avons débuté avec le protocole classique, avec agent. Lorsque le premier confinement est arrivé, nous avons commencé à réaliser nous-mêmes les opérations. Et puisque nous avions réussi une fois, nous avons décidé de continuer.
Nous sommes trois à la traite le jour de la prise d’échantillons : l’un bipe, le second branche avec l’échantillon et le troisième saisit les volumes.
Cela reste une contrainte mais nous sommes autonomes à 100 % et nous pouvons nous organiser comme nous le souhaitons tout en faisant des économies. Nos chèvres sont aussi moins bousculées, et la traite n’est pas énormément allongée (15 à 20 minutes de plus). Nous ne ferions pas marche arrière. »
Xavier Hurteau, éleveur à Voide (49), 430 chèvres, livreur
« Nous avons un agent de pesée très compétent »
« Nous étions demandeurs pour tester le protocole B sur notre exploitation depuis deux ou trois ans. Il y avait pas mal de rotation au niveau du personnel de l’organisme de conseil, et nous voulions essayer par nous-mêmes. Nous avons donc réalisé trois pesées seuls. Tout se passait bien techniquement, mais la traite prenait beaucoup de temps et nous devions employer une personne pour nous aider. Le bénéfice était limité en termes économiques. Puis un nouvel agent est arrivé, très compétent et nous avons décidé de revenir au protocole classique ; nous en sommes très satisfaits ! »