Lavande : malgré une bonne récolte, la filière reste en souffrance
Longtemps premier producteur mondial de lavande, la France s’est fait détrôner par la Bulgarie mais reste sur la première marche du podium pour la récolte du lavandin. Confrontée à la surproduction, à la concurrence étrangère, aux ravageurs et aux incidents climatiques, la filière n’est pas encore sortie de la crise.
Longtemps premier producteur mondial de lavande, la France s’est fait détrôner par la Bulgarie mais reste sur la première marche du podium pour la récolte du lavandin. Confrontée à la surproduction, à la concurrence étrangère, aux ravageurs et aux incidents climatiques, la filière n’est pas encore sortie de la crise.
Les Chambres d’agriculture qui viennent de faire un point sur la production hexagonale rapportent que la France qui a été longtemps le premier producteur mondial de lavande, se dispute désormais cette place avec la Bulgarie. En 2023, 8 082 hectares de lavande et 22 144 hectares de lavandin ont été cultivés en France dans les Alpes de Haute-Provence, Hautes-Alpes, Drôme et Vaucluse, ce qui a permis la production de 1 550 tonnes d'huile essentielle de lavandin et 90 tonnes d’huile essentielle de lavande.
Une enveloppe de 10 millions d’euros pour soutenir la filière lavandicole
En dépit de l’attaque de chenilles de noctuelle (Helicoverpa armigera), ces chiffres demeurent élevés malgré les arrachages qui ont démarré. Afin d’enrayer la surproduction causé par une croissance des surfaces (avec par exemple des agriculteurs qui ont décidé d'opter pour cette production jusque dans la Beauce) et un essoufflement de la demande, le Parlement avait voté en 2022 une enveloppe de 10 millions d’euros pour soutenir la filière lavandicole qui devait normalement être consacrée à l’arrachage. Cette mesure a été difficile à mettre en place, notamment du fait de l’opposition des instances européennes puisque toute intervention sur les marchés est contraire aux règles de libre concurrence.
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Aider les exploitations en difficulté
Cette aide à l’arrachage s’est en partie convertie en aide exceptionnelle à la trésorerie pour les exploitations lavandicoles spécialisées les plus en difficulté. Six millions d’euros ont ainsi été versés aux lavandiculteurs en 2023. La filière souhaiterait conserver les 4 millions d’euros qui restent pour financer des projets de recherche (sélection variétale, lutte contre les ravageurs).
La chenille de noctuelle fait des ravages
Selon les Chambres d’agriculture, le pic de production de lavandin a été atteint en 2020, avec presque 2500 t d'HE, alors que la production oscillait autour de 1000 t entre 1960 et 2015. Et si les surfaces arrachées sont significatives, les estimations tablent sur deux années de stock. Outre les incidents climatiques (sécheresse et pluies excessives), la chenille de noctuelle a provoqué d’importants ravages en 2023, avec une perte de 30 % de la production de lavande par rapport à 2022 et de plus de 60 % par rapport à 2021. La récolte 2024 s’est déroulée sous de meilleurs auspices, même si la production est en baisse à cause des pluies excessives du printemps.
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D’importantes surfaces de lavande et lavandin cultivées en bio
Pour se distinguer de la concurrence, notamment bulgare, chinoise et espagnole, et valoriser sa très haute qualité, une AOP a été décernée à l'huile essentielle de lavande de Haute-Provence. Les surfaces concernées se répartissent dans 284 communes des quatre départements historiques. Par ailleurs, 32 % des surfaces de lavandin et 25 % des surfaces de lavande sont cultivées selon les principes de l’agriculture biologique, ce qui est élevé ( 11% pour la moyenne nationale toutes cultures confondues).
La filière lavandicole connaît la pire crise de son histoire
Pour autant, la filière lavandicole traverse depuis quatre ans la pire crise de son histoire avec un marché saturé, très peu de ventes ou alors à des prix très inférieurs au coût de revient… De plus en plus de surfaces sont arrachées, et selon les experts, le retour à un contexte favorable n’est pas attendu avant quelques années.