L’Aude et l’Hérault obtiennent une dérogation pour traiter les vignes par aéronef
Par un arrêté publié au Journal officiel le 22 mai dernier, le traitement par voie aérienne des vignes à la bouillie bordelaise est temporairement autorisé dans les départements de l’Aude et de l’Hérault. Quelques 10 000 ha de vignes sont concernés par cette dérogation valable jusqu’au 5 juin.
Par un arrêté publié au Journal officiel le 22 mai dernier, le traitement par voie aérienne des vignes à la bouillie bordelaise est temporairement autorisé dans les départements de l’Aude et de l’Hérault. Quelques 10 000 ha de vignes sont concernés par cette dérogation valable jusqu’au 5 juin.
« En cas de danger sanitaire grave qui ne peut être maîtrisé par d'autres moyens, la pulvérisation aérienne de produits phytopharmaceutiques pour lutter contre ce danger peut être autorisée temporairement par arrêté conjoint des ministres chargés de l'environnement, de l'agriculture et de la santé », indique l’article L253-8 du code rural. Depuis le 18 mai, la profession viticole[1] des départements de l’Aude et de l’Hérault manifeste son besoin de recourir aux épandages aériens pour protéger les vignes rendues inaccessibles par les fortes pluies du mois de mai.
Une forte pression mildiou, black rot et oïdium
« Entre mi-avril et mi-mai, nous avons eu de fortes pluies, dont le cumul en quelques jours a atteint 300 mm dans certaines zones » expose Nathalie Mailhac, cheffe du service viticulture et œnologie de la chambre d'agriculture (CA) de l'Aude. Conséquence : les sols ne parviennent pas à se ressuyer, et à de multiples endroits, l’Aude déborde dans la plaine, inondant les terres agricoles et les chemins permettant d’accéder aux parcelles de vignes. « La vigne est en avance, la végétation est vigoureuse et la grêle d’avril ajoutée à ces fortes pluies crée une pression mildiou très forte. Jusqu’ici la couverture sanitaire était sous contrôle, mais la rémanence de nombreux produits sont arrivés à terme alors que de nombreux chemins restent impraticables », pointe la responsable du service viticulture. Les bulletins de santé du végétal font par ailleurs état d’un rapide développement du black rot, tandis que le risque oïdium est moindre, mais également bien présent. « L’impossibilité de protéger la culture dans les 15 jours à venir lors du stade sensible de la floraison expose les exploitations à une forte recrudescence de la maladie et des pertes de récolte », indiquent les représentants de la filière dans un communiqué de presse publié le 19 mai. « La capacité de nuisance du pathogène est extrême », insistent-ils.
Environ 13% du vignoble audois est concerné, et 1% du vignoble héraultais
Les trois Ministères ont donc partiellement validé la demande des Occitans, puisque seule la protection contre le mildiou à l’aide de bouillie bordelaise est autorisée. Le zonage établi par les chambres d’agriculture, et qui représente 9300 ha de l’Aude (13% du vignoble) et 900 ha de l’Hérault (1%), n’est pas contesté par le gouvernement. Ce dernier impose toutefois une « distance de sécurité qui ne peut être inférieure à 100 mètres » vis-à-vis des habitations ou lieux de fréquentation du public, des lieux abritant des animaux, des points d’eau et des espaces protégés.
« C’est la première fois que le département de l’Aude demande une dérogation depuis l’interdiction de 2015 », appuie Philippe Vergnes, président de la CA de l’Aude. Dans le communiqué, la profession a insisté sur le « caractère exceptionnel » de cette demande.
Pour consulter l'arrêté, cliquez ici.
[1] La demande de dérogation a conjointement été formulée par les CA de l’Aude et de l’Hérault, Coop de France Occitanie, le syndicat des vignerons de l’Aude, les vignerons indépendants de l’Aude et appuyée par la Préfète de la région Occitanie.