Vêlage : une torsion de matrice impossible à détordre et une césarienne
Les causes d’une torsion de matrice sont floues et ses conséquences peuvent être fatales à la fois pour le veau et pour la vache.
« Allo Claudine ? Je crois que j’ai encore une torsion de matrice, mais c’est bizarre, on ne sent pas les pieds du veau. Tu pourrais venir voir ? » J’arrive à la ferme et je trouve une grande génisse prise au cornadis dans la case de vêlage.
À la fouille, surprise, je sens effectivement une torsion car ma main part en vrillant vers la gauche, mais impossible de toucher le veau, car le col est très peu dilaté et le veau bien lointain. Le plus souvent, il est possible de se faufiler entre les plis de la torsion pour attraper les pieds du veau, mais là c’est impossible d’espérer détordre ! Pas le choix, ce sera donc une césarienne. Rien ne sert d’attendre, c’est un risque pour la survie du veau.
Les signes qui doivent faire soupçonner une torsion de matrice sont presque les mêmes que sur un faux travail :
- vache à terme, souvent mieux préparée que sur du faux travail ;
- quelques efforts expulsifs mais pas ou peu d’écoulement à la vulve : le col tordu empêche l’expulsion des eaux fœtales, les poches ne sont d’ailleurs souvent pas percées ;
- aucune progression du veau : pas de bouts de pieds apparents ;
- coliques plus ou moins importantes avec une vache parfois gênée.
Détordre le problème
Une fois la torsion de matrice diagnostiquée, on peut choisir soit de la détordre, ou du moins essayer, soit parfois de partir directement en césarienne. C’est le cas notamment si le veau est inaccessible, s’il y a des jumeaux (la matrice est alors énorme et difficile à faire tourner), si la vache est couchée, fatiguée et qu’il n’y a pas de main-d’œuvre pour la rouler. On hésitera également sur les génisses qu’on a parfois laissées « traîner » pensant qu’elles se préparaient juste : elles ne se dilatent pas toujours très bien, et si le veau est encore vivant (et de valeur), la césarienne est parfois la solution.
Pour détordre la torsion, on peut choisir parmi plusieurs techniques :
- vache debout, véto debout, le bras dans la vache, qui tâche de faire tourner le veau par un mouvement de balancier, parfois aidé de l’éleveur qui pousse dans le flanc ;
- vache debout, véto debout, avec en main un gyn-stick, sorte de grand bras de levier qui va faciliter la torsion des pattes du veau et finalement sa rotation ;
- vache couchée, véto couché(e) qui tient le veau immobile, pendant que les éleveurs font tourner la vache d’un flanc sur l’autre.
Imprévisible et grave
Les causes des torsions de matrice restent floues : utérus peu maintenu par le ligament large, à-coup lors du lever, chutes, luttes entre animaux, chevauchements, etc… Il y a peu d’effet race, bien que les brunes seraient légèrement prédisposées. Par conséquent, les moyens de prévention sont très réduits.
La surveillance attentive des vaches à terme reste un impératif : sans surveillance, il est facilement possible de passer à côté d’une torsion de matrice qui peut ressembler à de légères coliques. Si l’on ne s’en préoccupe pas, les complications sont alors gravissimes : choc lors de la réduction de la torsion avec relargage de toxine dans l’organisme de la vache, nécrose de l’utérus car l’apport de sang est réduit à cause de la torsion des vaisseaux, mort du veau, qui va devenir emphysémateux – il fermente et se remplit de gaz –, ce qui peut conduire à la mort de la mère.
Comment différencier une torsion de matrice et un faux travail ?
Le seul moyen de différencier faux travail (contractions douloureuses mais hors de la mise bas véritable), torsion et début de vêlage, c’est la fouille vaginale, toujours après nettoyage de la vulve et avec un gant lubrifié. Sur du faux travail, la main rentre en restant bien dans l’axe et butte sur un col fermé avec le bouchon muqueux devant (amas de glaires très épaisses). Pour un début de vêlage, la main rentre là aussi bien dans l’axe, mais va plus profondément jusqu’à passer par un col au moins entrouvert pour toucher le veau. Pour une torsion, la main ne peut pas rester dans l’axe, elle va buter sur les plis de la matrice. Si l’on veut toucher le veau, il faut suivre ses plis qui tournent le plus souvent dans le sens inverse des aiguilles d’une montre.