Veau : « Les colostrums de nos vaches laitières affichent plus de 22 degrés Brix »
La collecte de colostrum, démarrée en 2021 au Gaec de La Haie Hubert dans la Manche, a conduit les éleveurs à améliorer la préparation au vêlage de leurs vaches laitières et l’allaitement des veaux à la naissance. Bilan : plus de colostrums de qualité et une mortalité des veaux divisée par deux.
La collecte de colostrum, démarrée en 2021 au Gaec de La Haie Hubert dans la Manche, a conduit les éleveurs à améliorer la préparation au vêlage de leurs vaches laitières et l’allaitement des veaux à la naissance. Bilan : plus de colostrums de qualité et une mortalité des veaux divisée par deux.
« La collecte de colostrum pour Ingredia a démarré en 2021 pour notre exploitation, relate Stéphane Paris, un des deux associés du Gaec de La haie Hubert, dans la Manche. Ne sont collectés que les colostrums au-dessus de 18 degrés Brix. Le fait de mesurer tous les colostrums au réfractomètre nous a fait prendre conscience que le délai entre le vêlage et la première traite joue de façon très importante sur la qualité du colostrum. »
Lire aussi : Six conseils pour atteindre des colostrums à plus de 20-22 degrés Brix
Collecter le colostrum plus tôt
Avant 2021, « il pouvait arriver qu’on ne trait pas rapidement la mère après le vêlage. Depuis la collecte, nous essayons d’apporter le colostrum très rapidement au petit veau et de congeler l’excédent aussitôt », expose Stéphane Paris.
Ce délai entre le vêlage et la première traite atteint au maximum 12 heures quand le vêlage a lieu le soir, car les éleveurs ne traient alors la mère que le lendemain matin. « Comme nos colostrums sont très bons, ils restent de qualité suffisante au petit matin. »
Le Gaec écarte très rarement des colostrums, car ils affichent quasiment tous plus de 22 degrés Brix. « Parfois, même à la deuxième traite, ils titrent encore plus de 22 degrés Brix et nous en congelons », ajoute Stéphane Paris. Cette très bonne qualité, le Gaec la doit sans doute à un changement important : une alimentation des vaches taries et des préparations au vêlage mieux calées.
Une vraie préparation au vêlage
« Le conseil et la formation que nous avons suivis ont pointé l’importance de la préparation au vêlage sur la qualité du colostrum, se rappelle l’éleveur. Avant, les taries étaient conduites en un seul lot. Depuis 2021, il y a un lot de taries et un lot de préparation au vêlage, trois semaines à un mois avant vêlage. »
Jusque-là, la ration des vaches taries n’était pas bien calée et elle apportait les mêmes minéraux que pour les vaches traites. Aujourd’hui, la ration des taries comporte plus de paille et moins d’ensilage de maïs. Les éleveurs apportent des minéraux et vitamines essentiels, avec une complémentation « spéciale vache tarie » : magnésium, vitamines A, D, E, cuivre, manganèse, iode, sélénium sous forme organique et inorganique, zinc.
La ration des taries est ainsi composée de 17 kg brut de maïs ensilage par vache et par jour, 4 kg brut de paille broyée, 2,5 kg de foin, 1,5 kg de correcteur azoté (tourteaux de colza et de soja) et 300 g de minéraux. Pour la préparation au vêlage, s’y ajoutent 900 g de correcteur et 300 g de minéraux.
Depuis, Stéphane Paris constate que « les vaches font moins de fièvres de lait ; il y en a au maximum une par an depuis le changement de ration. Les non-délivrances sont devenues rares. Il n’y a pas d’œdèmes mammaires ».
Avec ration complète distribuée, même au pâturage
Les vaches taries et les génisses à deux mois du vêlage sont tout le temps en bâtiment, même à la belle saison. Cela permet à l’éleveur de maîtriser cette période délicate.
« Les éleveurs qui laissent au pâturage les animaux en préparation au vêlage sont moins sécurisés, reconnaît Jean-Michel Cuminet, vétérinaire chez Littoral normand, partenaire de la collecte de colostrum avec Ingredia. Sauf s’ils apportent un peu de ration de préparation au vêlage au pâturage. Il faut veiller à ce que les prairies ne soient pas trop fournies avec une herbe trop jeune ou trop riche en légumineuses, pour éviter une augmentation de la balance anions-cations (Baca). À ce problème de déséquilibre de la Baca, s’ajoute un risque de contamination par des parasites. »
Ce n’est pas le tout d’avoir une bonne qualité de colostrum : encore faut-il ne pas la gaspiller en appliquant les bonnes pratiques pour l’administrer aux veaux.
+50 % de colostrum livré entre 2021 et 2023
Le Gaec livre du colostrum qui titre 23,5 degrés Brix en moyenne, avec peu d’écart selon les années. En revanche, suite aux adaptations réalisées dans l’élevage, plus de colostrum était au-dessus de 18 degrés Brix (seuil pour la collecte). Les volumes livrés ont donc progressé. En 2022, la collecte a apporté une recette de 1 296 € au Gaec. « La collecte organisée par Littoral normand comporte beaucoup de colostrum de qualité. En moyenne, sur les 300 élevages qui participent activement à la collecte, le prix payé est de 2,89 €/l de colostrum », souligne Benoît Colombel, de Littoral normand.
Une mortalité des veaux divisée par deux
La mortalité de 0 à 6 mois a été divisée par deux au Gaec de La Haie Hubert : seuls huit veaux sont morts en 2022 sur 144 naissances (6 %), dont un tiers après trois jours de vie. « C’est un très bon résultat comparé aux résultats moyens des éleveurs suivis par Littoral normand, qui sont d’environ 17 % pour la mortalité entre 0 et 1 an, souligne Jean-Michel Cuminet, vétérinaire conseil à Littoral normand. L’administration rapide d’un bon colostrum dans de bonnes conditions d’hygiène apporte une immunité au veau jusqu’à cinq semaines environ. »
Le saviez-vous ?
Outre les anticorps, le colostrum apporte d’autres éléments essentiels à une bonne santé et à une bonne croissance pour les semaines et mois suivant le vêlage : globules blancs « défensifs », énergie, protéines, vitamines A, D, E et oligoéléments, lactoferrine, hormones pour le métabolisme et le développement de la mamelle, des facteurs de croissance…
Fiche élevage
145 vaches
9 700 kg par vache présente et par an en 2022-2023, contre 9 400-9 500 kg les deux campagnes précédentes
31 kg/VL/j pour les primipares en 2022-2023, contre 30 kg les deux campagnes précédentes
23-24 mois d’âge au premier vêlage : un mois plus précoce qu’avant les changements de pratique