Vu par le véto
Une vache qui n’aurait pas dû mourir
est apparu.
« Lorsque je vois cette vache pour la première fois, je suis perplexe. Son histoire commence il y a huit jours. Elle vêle sans difficulté et deux jours plus tard elle est retrouvée par terre avec une fièvre vitulaire plutôt sévère.
Luc veut lui injecter dans la veine jugulaire gauche un soluté calcique mais n’y parvient pas et il se résout à faire appel au véto qui la perfuse à droite.
La vache qui reçoit aussi du calcium par voie orale finit par se lever le lendemain. Mais depuis cet épisode, elle n’est pas au mieux de sa forme. Maintenant elle a 40° de fièvre, bave un peu, le coeur et la respiration rapides.
J’écarte la survenue d’une mammite, d’une métrite, d’une péritonite, je sonde l’activité hépatique… et je conclus qu’elle a peut être avalé de travers le calcium oral et qu’elle couve une mauvaise pneumonie contre laquelle j’institue un traitement antibiotique. Trois jours plus tard, elle n’est pas mieux malgré la chute de la fièvre.
UNE GANGRÈNE LOCALE
Je constate qu’autour de la zone d’injection calcique loupée, s’est développé un oedème. Il y a même un peu de gaz sous la peau et, signe très inquiétant, la patte avant gauche est gagnée par un oedème. Cette fois c’est sûr ; elle souffre d’une infection gangréneuse qui part de l’endroit de l’injection et s’attaque à la veine jugulaire malgré les antibiotiques.
Cette vache meurt trois jours plus tard. Les muscles voisins de la veine jugulaire, emballés par un oedème jaunâtre, ont un aspect cuit et la veine dont la paroi est très enflammée contient aussi un gros caillot.
À l’évidence, l’aiguille à usage unique dont Luc s’est servi a vu plus d’une vache ; elle a ramassé des souillures et a été stockée sans précautions. Plantée dans les muscles et la veine, elle crée un hématome qui se mélange au soluté calcique irritant et elle inocule les bactéries de la gangrène qui n’ont plus qu’à… Quel dommage de ne pas avoir utilisé une aiguille stérile ! »