Une boiterie due à une lésion de Mortellaro sur une limace
Il aurait mieux valu lever le pied de cette vache plus vite. Il est essentiel de détecter et traiter les lésions de Mortellaro (ou dermatite digitée) de façon la plus précoce possible, afin d’éviter de contaminer un grand nombre d’animaux.
Il aurait mieux valu lever le pied de cette vache plus vite. Il est essentiel de détecter et traiter les lésions de Mortellaro (ou dermatite digitée) de façon la plus précoce possible, afin d’éviter de contaminer un grand nombre d’animaux.
« Bonjour, j’ai une vache avec un truc bizarre entre les onglons. C’est enflé mais pas rouge comme un panaris. Il faudrait que vous veniez y jeter un œil. » Le réflexe n°1 à avoir est de lever le pied pour voir les choses de près. Le réflexe n°2 est de ne pas sauter sur les antibiotiques sous prétexte que cela ressemble vaguement à un panaris et que c’est plus simple et plus rapide que de parer la vache.
Cette vache boite d’un postérieur depuis plusieurs jours déjà. Il n’y a aucun gonflement ou hématome visible. Le paturon n’est pas enflé mais les onglons paraissent peut-être un peu plus écartés que d’habitude et on devine une excroissance de chair entre eux. Du coup, la vache est mise dans la cage de parage. Une fois le pied en l’air, il est assez simple de comprendre où se trouve le problème. En mettant la main entre les onglons pour en mesurer la longueur, la vache manifeste une douleur assez vive. En écartant les onglons, les coupables sont là : une limace avec une lésion de Mortellaro par-dessus.
Une limace est une prolifération de chair dans l’espace interdigité. Elle n’est pas toujours douloureuse mais peut devenir gênante car comprimée à chaque pas. Elle peut être une complication de fourchet ou d’origine génétique. Toute inflammation de la peau entre les onglons (fourchet, Mortellaro, panaris) ou toute hypertension de la zone (en particulier sur des onglons trop écartés) favorisent son apparition. C’est donc plutôt une pathologie mécanique qu’infectieuse.
La Mortellaro ou dermatite digitée correspond à l’ulcération visible au milieu de la limace. Elle a souvent une allure rougeâtre avec un liséré blanc et se retrouve plus souvent en couronne (limite entre corne et peau), à l’avant ou à l’arrière de la zone interdigitale. L’origine de la dermatite digitée est une bactérie du genre Treponema. Elle est très contagieuse. On peut également la retrouver lors de dermatite mammaire entre les quartiers ou entre cuisse et mamelle.
Traitement et prévention
Cette vache a eu droit à un parage classique avec un bon dégagement du creux axial pour éviter le pincement de la limace. Il est assez rare que l’on soit obligé de la couper. Cette intervention est d’ailleurs assez douloureuse et plutôt sanglante. Pour la lésion de Mortellaro, un pansement avec une pommade type Hoof fit est appliqué. Les bombes bleues à l’oxytétracycline sont également utilisables lorsque les lésions sont plus accessibles (sauf en bio où elles comptent comme un traitement car elles contiennent un antibiotique). L’application doit alors être renouvelée deux fois par jour jusqu’à guérison des lésions. Avant tout traitement, il est préconisé de nettoyer la plaie et de la sécher.
La Mortellaro arrive dans un troupeau le plus souvent suite à l’achat d’un animal contaminé. Parfois seulement porteur et pas boiteux ! Attention également aux personnes extérieures qui viendraient avec du matériel de parage contaminé (rénette, meuleuse…). Parmi les facteurs de risque, on notera la présence de sols humides et sales ou encore de pieds encroûtés.
Une atteinte d’un grand nombre d’animaux, avec des degrés divers de gravité, est tout à fait possible. Afin de l’éviter, il faut absolument essayer de détecter et traiter les lésions de façon la plus précoce possible, en inspectant systématiquement tous les animaux régulièrement. En plus des traitements individuels, il est également possible de prévoir un traitement à l’échelle du troupeau avec des solutions à base de cuivre et zinc à pulvériser sur les pieds. Attention aux pédiluves quand un grand nombre d’animaux est à traiter, car la solution devient parfois un tas de bouses plutôt qu’un traitement !