Aller au contenu principal

Un outil d’épigénotypage dans cinq ans ?

Les premiers résultats d’essais en fermes expérimentales menés dans le cadre du projet GenEpi sont prometteurs.

Hélène James, Inra. « Nous espérons établir des signatures épigénétiques qui serviront de biomarqueurs de la santé des vaches. On pourra ainsi à moyen terme leur fournir des compléments alimentaires adaptés à leurs besoins."
© Inra

Après la génomique, l’épigénétique pourrait à nouveau à moyen terme bouleverser le monde de l’élevage. C’est ce qu’a laissé entendre Hélène James, directrice de recherche à l’Inra de Jouy-en-Josas lors d’une conférence organisée au Sommet de l’élevage par La Pilardière. De quoi s’agit-il ? « Les phénotypes observés chez les animaux (la production de lait, la santé, la fertilité…) sont déterminés par le génome mais aussi par le fonctionnement du génome, a-t-elle expliqué. Il est démontré aujourd’hui qu’une strate d’informations, les marques épigénétiques, orchestrent ce fonctionnement en s’apposant sur le génome en des sites précis. » Ce sont en fait ces marques qui expliquent que toutes les cellules d’un individu ne sont pas identiques alors qu’elles possèdent le même patrimoine génétique. Pour comprendre, imaginez un livre de cuisine. Le livre, c’est le génome ; les recettes sont les gènes ; et les post-it collés sur les pages à lire sont les marques épigénétiques. « Comme les post-it, les marques épigénétiques se posent sur la molécule d’ADN, mais elles ne modifient pas sa séquence tout en permettant une sélection de l’information génétique. »

Les marques épigénétiques modifient l’expression du potentiel génétique

Si cet épigénome suscite tant d’intérêt pour l’élevage, c’est qu’il a la particularité d’être sensible aux variations de l’environnement : « il représente à court et à long termes un mode d’archivage privilégié des impacts environnementaux (nutrition, stress…) ». Et donc en agissant sur l’environnement, vous pouvez modifier ces marques épigénétiques donc le fonctionnement du génome et ainsi améliorer l’expression du potentiel génétique des vaches. Ces modifications de l’expression des gènes liées à l’environnement peuvent même être transmises à leurs descendants !

D’où l’idée portée par le projet GenEpi — un projet collaboratif entre La Pilardière, XR-REpro et plusieurs équipes de l’Inra — de mettre au point à moyen terme un outil d’épigénotypage permettant de mieux définir l’état d’une vache laitière. De la même manière que le génotypage permet de connaître le génome d’une vache, un outil d’épigénotypage permettrait de connaître son épigénome et d’apporter des mesures correctives « personnalisées » pour améliorer l’expression de son potentiel génétique : par exemple des compléments alimentaires ciblés en fonction de ses besoins.

Des premières pistes de position de marques épigénétiques

On en n’est pas encore là. Mais un essai a été mis en place dans deux fermes expérimentales de l’Inra dans le cadre du projet GenEpi, basé sur la distribution d’un aliment minéral vitaminé visant l’amélioration de la santé des vaches (1), avec à chaque fois un lot contrôle et un lot supplémenté avec ce minéral. L’objectif était de déterminer les effets non seulement sur la santé/performance des vaches en début de lactation, mais aussi sur leur épigénome dans les cellules du sang. La distribution du produit a démarré quatre semaines avant la mise bas et des prélèvements sanguins ont été effectués à 15 et 60 jours après le vêlage. « Pour cela nous avons développé des analyses de la méthylation de l’ADN qui est un des composants de l’épigénome. Ce travail permet d’identifier les variations de l’épigénome », précise la chercheuse. Les premiers résultats ont permis d’identifier plus de 4 700 positions dans le génome avec un différentiel de méthylation d’au moins 20 % entre le lot contrôle et le lot supplémenté. « Ces modifications épigénétiques étaient généralement associées à des gènes du métabolisme et donc font sens par rapport au produit testé. Et au niveau des données phénotypiques, un effet améliorateur a été observé sur le poids corporel, la note d’état IV 1re IA et les conditions de vêlage sans modifier la production laitière. » Ces premières pistes de position de marques épigénétiques restent à valider avant de les mettre à l’épreuve dans des essais terrain. C’est un premier pas vers le développement d’un outil moléculaire d’épigénotypage. Il pourrait voir le jour, selon la chercheuse, dans cinq ans.

(1) Genial minéral issu de la nutrigénomique commercialisé par La Pilardière et XR-Repro.

Les plus lus

<em class="placeholder">Nicolas Legentil, éleveur normand et co-président de l’AOP FMB Grand Ouest et Normandie</em>
« J’ai deux acheteurs, Lactalis et Savencia, deux tanks mais seul le camion Eurial me collecte dans le Calvados »

Bloqué dans son développement par un contrat avec Lactalis pénalisant tout dépassement, Nicolas Legentil, éleveur laitier dans…

<em class="placeholder">Bertrand et Hervé Lecaplain,entourés de Romain Gaslard et Benjamin Gramont : « Nous avons voulu que la transmission se fasse dans un esprit gagnant-gagnant, aussi bien ...</em>
« Notre envie de transmettre notre élevage laitier à des jeunes nous mène depuis dix ans »

Au Gaec de la Rihouerie, dans la Manche, la transmission de l’exploitation à des tiers a été savamment anticipée. Un projet de…

<em class="placeholder">Alice Nothhelfer, vétérinaire consultante</em>
Abreuvement : « Le manque d’eau freine la production dans neuf élevages sur dix »
L’incidence d’un apport d’eau insuffisant sur les performances et la santé des vaches reste souvent peu palpable en élevage.…
<em class="placeholder">Jean Mollon, éleveur, et Anthony Plantard, salarié </em>
Attractivité : quand les laiteries aident les éleveurs à partir en vacances

Les laiteries basques Etxaldia et Onetik ont constitué des groupements d’employeurs et aident financièrement une soixantaine…

<em class="placeholder">salle de traite</em>
Temps de travail : des semaines de 50 heures pour les élevages laitiers en moyenne en Bretagne

Dans une étude sur le temps de travail, des systèmes laitiers conventionnels et biologiques bretons ont été analysés sous l’…

<em class="placeholder">éleveurs laitiers dans une stabulation </em>
« La création d’un GFA a permis de limiter le coût de l’installation d’un hors-cadre familial »

Le Gaec de Taute dans la Manche s’est fait accompagner en termes financier et juridique pour transmettre l'exploitation et…

Publicité
Titre
Je m'abonne
Body
A partir de 96€/an
Liste à puce
Accédez à tous les articles du site Réussir lait
Profitez de l’ensemble des cotations de la filière Réussir lait
Consultez les revues Réussir lait au format numérique, sur tous les supports
Ne manquez aucune information grâce aux newsletters de la filière laitière