Un cancer de la paupière
Le cancer de l’œil et des annexes oculaires s’invite régulièrement dans les mêmes troupeaux dont les vaches cumulent généralement plusieurs facteurs de risque : elles vieillissent (et c’est une bonne chose !), elles ont des paupières dépigmentées et elles sont exposées au soleil plus que les autres. Peut-être un virus de type verrue vient-il ajouter sa touche pour le déclencher.
Toujours est-il qu’il démarre plus souvent en fin d’été par une petite boule accrochée à une paupière ou au globe oculaire et qu’il pousse tout tranquillement en plusieurs mois jusqu’à déformer terriblement la paupière ou jusqu’à la ronger quand ce n’est pas l’œil lui-même qui disparaît dans un magma purulent. Il est vrai que pendant longtemps, la vache n’est pas affectée ni dans sa production ni dans son comportement. Somme toute, au début, vous le percevez comme un problème local sans conséquences dont on remet volontiers l’examen à plus tard. Sauf qu’après plusieurs mois, il est devenu trop tard pour envisager la chirurgie palliative qui aurait pourtant permis de prolonger la carrière de la vache et de déboucher sur une réforme sereine à défaut de guérison définitive.
N’attendez pas !
À ce stade, la solution, c’est l’abattoir. Oui dans l’état actuel de la réglementation et de l’inspection sanitaire mais avec cependant deux bémols. Lors de la réception de l’animal à l’abattoir, l’inspecteur pourrait considérer qu’en laissant patiemment évoluer ce cancer jusqu’à un stade avancé, vous avez manqué à l’obligation de soin qui s’impose à vous en cas de maladie ou de blessure des animaux et qu’il y a donc manquement au bien-être de l’animal. Après l’abattage, lors de l’inspection de la carcasse, l’inspecteur peut aussi rechercher la présence de métastases dans les ganglions de la face qui pourraient le faire opter pour la saisie totale. À trop laisser aller, la sanction tombera un jour ou l’autre et ce serait dommage. Voilà une bonne raison sans doute pour s’occuper activement de ce cancer à son tout premier stade.