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Parasitisme : Trois analyses de laboratoire pour détecter les intrus

La coproscopie, le dosage de pepsinogène dans le sang et d’anticorps anti-Ostertagia dans le lait de tank sont adaptés à des situations particulières, avec des avantages et des limites liées à l’âge des animaux et à la période de l’année.

 

Les coproscopies en cours de saison de pâturage

La coproscopie consiste à dénombrer les œufs dans un échantillon de bouse prélevé sur des génisses en première voire seconde année de pâturage. « L’échantillon doit être prélevé de préférence dans le rectum d’au moins cinq animaux par lot », a expliqué Frédéric Donon, lors de son intervention au Breizh Vet’Tour 2017 dédié à la gestion du parasitisme. « La coproscopie ne permet pas de choisir les animaux à traiter en dehors d’un contexte de maladie. En revanche, quand un lot de génisses présente des signes cliniques (diarrhée…), elle permet de confirmer si c’est dû ou non au parasite », souligne Nadine Ravinet de l’Inra-Oniris. Ainsi, sur des génisses au pâturage présentant des signes cliniques digestifs, si le nombre d’œufs par gramme de bouse est moyen (quelques centaines d’œufs/g) à élevé (1 000 œufs/g), alors la suspicion de strongylose digestive est confirmée et un traitement devra être mis en place.
Quand les génisses sont infestées mais ne présentent pas de signe clinique, un impact des strongles digestifs sur la croissance reste possible. Cependant, dans ce contexte, la coproscopie n’est pas vraiment fiable pour détecter les animaux qu’il faudrait traiter pour prévenir ces baisses de croissance. De plus, en hiver, il est souvent inutile de faire des coproscopies car les parasites sont alors en « dormance ; » à un stade larvaire qui ne pond pas d’œufs. On peut donc avoir des animaux assez fortement parasités mais qui ont des coproscopies négatives. Il vaut alors mieux préférer le dosage de pepsinogène sérique.
Coût de l’ananlyse : environ 10 à 15 euros HT

Le dosage du pepsinogène à la rentrée à l’étable

Secrété par la caillette, le pepsinogène est le précurseur de la pepsine, une enzyme impliquée dans la digestion des protéines. En cas de lésion de la caillette, le pepsinogène passe dans la circulation sanguine en quantité proportionnelle à la charge parasitaire. « Le dosage du pepsinogène est intéressant à la rentrée des animaux en stabulation parce qu’il permet d’évaluer si un traitement est utile ou non et il permet aussi de voir rétrospectivement ce qui s’est passé durant la saison de pâturage. Un taux élevé indique que le contrôle parasitaire a été insuffisant et inversement un taux très bas prouve que le contrôle a été trop drastique et n’a pas permis à l’animal de développer assez d’immunité », souligne Nadine Ravinet. Concrètement, avec des valeurs élevées autour de 1500 à 2000 mUT (méthode Inra), un traitement anthelminthique, si possible sélectif, sera judicieux. En effet, « en stabulation, l’idéal est de garder quelques animaux non traités pour conserver une population refuge », insiste la scientifique. Des valeurs faibles (1000-1200 mUtyr) indiquent que le contrôle a été trop important."
Le dosage du pepsinogène est surtout pertinent pour les génisses de première année de pâturage. "Chez les animaux plus âgés, les facteurs qui provoquent des lésions au niveau de la caillette sont beaucoup plus nombreux. L’interprétation est donc plus difficile », souligne Frédéric Donon. « Pour les génisses en seconde année de pâturage, ce dosage peut être utilisé si elles ont peu pâturé ou ont été beaucoup traitées en première saison. Dans le cas contraire, les résultats sont plus compliqués à interpréter », confirme Nadine Ravinet. Le taux de pepsinogène peut varier d’un animal à l’autre pour une même charge de parasite. La vétérinaire conseille par conséquent de faire des prises de sang sur 5 à 10 génisses (en fonction de la taille du lot) ayant eu un même historique de pâturage et de traitement anthelminthique. L’interprétation des résultats doit tenir compte de la moyenne du lot mais aussi des scores individuels de chaque animal. Attention, selon les techniques d’analyse utilisées par les laboratoires, « les valeurs et les seuils d’interprétation des résultats peuvent changer » prévient Nadine Ravinet. Il est donc impératif de se renseigner auprès du laboratoire où sont envoyés les échantillons de sang.
Coût de l’analyse : environ 50 euros HT pour cinq prises de sang

Dosage des anticorps anti-Ostertagia dans le lait de tank

 

 

F.Mechekour

Cet examen peut être utilisé pour évaluer l’exposition moyenne du troupeau de vaches en lactation aux strongles digestifs pendant la saison de pâturage. Il se fait par conséquent à la rentrée à l’étable, mais des analyses faites plus précocement, par exemple en octobre, sont aussi valables. Cet examen est réalisé avec la méthode Elisa. Le résultat est exprimé en ratio de densité optique (RDO, souvent appelé DO sur le terrain). « Cet outil doit être utilisé avec beaucoup de précaution car les résultats de cette analyse sont difficiles à interpréter. Une DO élevée peut en effet indiquer qu’il y a beaucoup d’anticorps et que l’exposition du troupeau de VL a été forte. Mais cela ne veut pas forcément dire qu’il faut traiter les vaches", précise la vétérinaire. "En fait, Il ne faut jamais l’interpréter seul », prévient Nadine Ravinet. On peut compléter ce diagnostic par une évaluation du statut immunitaire des vaches. Ce dernier dépend notamment du « Temps de contact effectif (TCE) »

Si le TCE est bas (inférieur à 8 mois) et le taux d’anticorps élevé (RDO supérieur à 0,8), alors la probabilité de gain de production laitière post-traitement est plus forte, et cette probabilité sera d’autant plus forte que la part d’herbe pâturée dans la ration des vaches est importante. Les travaux menés actuellement par Nadine Ravinet vont permettre de trouver des critères pour mieux cibler les troupeaux et les vaches à traiter. C’est tout l’enjeu du traitement ciblé sélectif appliqué aux vaches.
Coût de l’analyse : environ 10 euros HT

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