[Tarentaise] Au lycée de la Motte Servolex, les génisses vêlent à 28 mois
Thierry Castellani, est responsable du troupeau du lycée agricole de la Motte Servolex en Savoie : 73 Tarines à 5894 litres 32g/l de TP et 37 g/l de TB. Une trentaine de génisses sont élevées chaque année.
Thierry Castellani, est responsable du troupeau du lycée agricole de la Motte Servolex en Savoie : 73 Tarines à 5894 litres 32g/l de TP et 37 g/l de TB. Une trentaine de génisses sont élevées chaque année.
Pourquoi avez-vous fait le choix du vêlage précoce ?
Auparavant nous étions dans un système traditionnel, où nous faisions vêler les animaux entre 33 et 36 mois. Mais, après réflexion nous nous sommes rendu compte que les pratiques d’élevage et le système de l’exploitation permettaient une croissance optimisée des génisses. Les suivis réalisés lors des travaux pratiques, avec les élèves ont d’ailleurs confirmé que nos génisses avaient des croissances précoces.
Nous avions également un problème de manque de places dans les bâtiments. Beaucoup d’animaux étaient mis en pension. C’était contraignant et coûteux. Nous devions donc trouver une solution pour libérer de la place pour les génisses. Avancer l’âge du vêlage en était une. Le fait de gagner six mois de production sur les premiers veaux, nous a permis de réduire considérablement le coût d’élevage des génisses.
Miraculée, prix de Meilleure Mamelle Jeune au Sommet de l’Elevage 2019, vêlage 29 mois - Crédit Photo : Cap'Tarentaise
Quel était votre ressenti en amont de ce changement ?
Au départ je dois avouer que j’étais plutôt septique, avec la crainte d’arrêter les croissances, d’avoir des vaches trop petites et par conséquent des productions fortement impactées.
En 2015, nous avons fait vêler pour la première fois cinq génisses à 30 mois afin de voir ce que cela pouvait donner. Suite à cela mes doutes ont été levés. Fin 2016, nous avons commencé sur un lot d'une quinzaine de génisses sur un total de 30.
Quelles ont été les principales difficultés ?
Durant l’automne 2017, la principale contrainte a été de mettre en place des suivis de croissance réguliers par pesées et l’utilisation d’un ruban pour évaluer le tour de poitrine. Bien que nous le fassions déjà avec les élèves, nous l’avons renforcé, car il a été surtout difficile de trouver une alimentation adaptée, favorisant la croissance et le développement des animaux, tout en évitant l’engraissement. Il faut également avoir conscience que lors de l’année de transition, vous avez un lot de génisses plus conséquent à vêler.
Aujourd’hui avec le recul, quel est votre ressenti ?
Aujourd’hui, les animaux qui vêlent jeunes ont un gabarit un peu plus petit que des animaux plus vieux. Mais la Tarine grandissant jusqu’à ses 5 ans, ces mêmes animaux en 2ème, 3ème veau ont finalement un gabarit équivalent. Avec le recul, on se rend compte que les premières vaches ayant vêlé jeune ont plus de huit ans et elles ne dépareillent pas dans le troupeau aussi bien au niveau des gabarits que des productions, tout en restant des animaux solides. Cela nécessite une alimentation maîtrisée et adaptée.
Quels sont les atouts du vêlage précoce en race tarine ?
Les principaux atouts du vêlage précoce sont que les animaux sont productifs plus rapidement. On constate une réelle amélioration du système mammaire, avec des mamelles moins grasses, moins volumineuses et plus solides, favorisant une bonne santé mamelle.
Le vêlage précoce favorise également la carrière de l’animal. On optimise la quantité de lait par jour de vie, ce qui est valorisant à la fois techniquement et économiquement.
Aujourd’hui feriez-vous un retour en arrière ?
Pour rien au monde, je ne reviendrais en arrière, et pour moi à partir du moment où l’animal a eu une bonne croissance il peut même vêler encore plus jeune. D’ailleurs, aujourd’hui notre moyenne d’âge au premier vêlage est de 28 mois.
Quels conseils donneriez-vous aux éleveurs souhaitant se lancer dans le vêlage précoce ?
Si j’avais un conseil à donner aux éleveurs souhaitant se lancer, c’est de ne pas hésiter ! Mais d’avoir conscience que pour une croissance adaptée à ce choix, le point primordial pour réussir, est l’alimentation des génisses et ce dès les premiers jours d’élevage.
Lire aussi : Des repères de mensuration pour du vêlage 30 mois
"Une accélération du progrès génétique "
Au niveau génétique, l’évolution la plus flagrante est que nous avons gagné quasiment une campagne sur l’utilisation des nouveaux taureaux génomiques. Alors que la plupart des éleveurs en système traditionnel, inséminent avec les génisses issues des premiers jeunes taureaux, chez nous elles vêlent. Génétiquement nous avançons donc plus rapidement.
Ceci permet également de trier les animaux ne correspondant pas à nos objectifs de sélection plus tôt. Cela représente un gain de temps et d’argent dans le choix de renouvellement du troupeau. Le plus gratifiant est aussi de se retrouver avec plus de trois générations d’une même souche. On peut ainsi observer les qualités transmises d’une génération à une autre.
Crédit photo : LA de la Motte Servolex