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Schmallenberg n’est pas derrière nous

L’impact du virus est assurément moins fort que ne l’a été celui de la FCO. Mais il circule à nouveau. À surveiller.

Le virus circule plus tôt qu’en 2011

Cela ne fait aucun doute. L’identification de cas aïgus démontre que le virus circule de façon active dans certaines zones, ce qui pourrait conduire à l’apparition de formes congénitales de l’infection à partir de l’automne 2012.


Rappelons que le virus de Schmallenberg peut se manifester sous deux formes. Une forme aïgue chez l’adulte (ressemblant à la grippe) qui apparaît au moment où le virus circule et qui n’est probablement pas très fréquente. Et une forme congénitale (malformations sur les foetus et veaux) qui sont la conséquence retardée d’une infection lors de la circulation du virus probablement pendant les 3e et 4e mois de gestation.


Une première infection aïgue d’un troupeau des Pyrénées-Atlantiques a été annoncée dès le 30 mai. Des cas aïgus ont également été notifiés en Suisse dans deux élevages du canton de Berne le 20 juillet. Et des cas d’infection congénitale ont été identifiés chez des agneaux jusqu’en juin en Agleterre, montrant que la circulation a pu se poursuivre tardivement au cours de l’hiver.


En France, si l’infection aïgue ne fait pas l’objet d’une surveillance organisée au plan national, des PCR sont réalisées sur les lots d’animaux partant à l’export et ne laissent planer aucun doute sur la circulation du virus cet été. Par ailleurs une enquête a été lancée en juin par la plateforme d’épidémiosurveillance via la SNGTV pour préciser le tableau clinique des formes aïgues, et avait, début août, permis d’identifier avec certitude une dizaine de troupeaux infectés pendant l’été (voir ci-dessous).


Des zones où le virus n’a quasiment pas circulé en 2011


Le virus n’a quasiment pas ou peu circulé en 2011 dans les zones où très peu de foyers (moins de 20) avec du « Schmallenberg congénital » ont été identifiés. C’est ce que montre une enquête sérologique réalisée par le réseau des GDS dans 132 élevages (dont 62 élevages bovins) sur des échantillons sanguins prélevés entre décembre 2011 et mai 2012.


Cette enquête distinguait trois zones d’intensité de foyers différentes: aucune confirmation de SBV congénital, entre 0 et 20 confirmations, plus de 20 confirmations. « On peut donc craindre, dans les zones où le nombre de foyers de SBV congénital a été nul ou très faible (l’Ouest et le Sud de la France), l’apparition de cas cliniques suite à la circulation actuelle du virus », commente Anne Touratier, de la FNGDS.


L’enquête montre par ailleurs que, dans les zones plus fortement atteintes, la proportion d’animaux séropositifs est deux fois plus élevée dans les élevages bovins que dans les élevages ovins. «Dans ces zones, les élevages bovins pourraient être en grande partie immunisés face à une circulation du virus en 2012, contrairement aux ovins (en supposant que les séropositifs soient immunisés comme c’est le cas avec le virus Akabane). Mais des élevages ovins déjà touchés pourraient à nouveau être exposés ».


Schmallenberg « congénital » : deux fois moins d’impact chez les bovins


Les résultats de l’enquête menée dans les élevages touchés par des malformations dues à Schmallenberg portent sur 215 troupeaux de 31 départements (en moyenne 80 vaches). Ils confirment les premiers résultats portant sur 63 élevages (voir Réussir Lait de juillet-août 2012, p. 64). Dans les élevages bovins touchés, 7 % des femelles ayant mis bas présentent des troubles ; le chiffre est deux fois plus faible que dans les élevages ovins.


La mortalité des vaches à problème est de 3,6 % contre 12 % pour les brebis. Et la plupart des élevages bovins sont peu touchés: 85 % d’entre eux ont seulement un ou deux veaux présentant des malformations. Seuls deux troupeaux ont été très atteints avec 10 à 14 veaux malformés. « On ne peut toutefois en conclure que les bovins sont moins sensibles que les ovins. D’autres facteurs peuvent intervenir, comme le fait que les vêlages soient plus étalés en bovins avec donc un plus faible nombre de bovins exposés pendant la période de circulation du virus. »

Une enquête en cours sur les symptômes aïgus


Les données concernant la forme « Schmallenberg aïgue » sont très peu nombreuses. Le dépouillement d’une enquête menée par la SNGTV devrait permettre, courant septembre, de préciser ces symptômes. Pour le moment (mi-août), une dizaine de cas avec des symptômes cliniques sur des vaches ont été validés (séroconversion ou analyse PCR positive). L’enquête sera limitée à 30 élevages(1).


« La maladie n’étant pas réglementée, la première analyse pour mettre en évidence la présence du virus reste à la charge des éleveurs »
, précise Eric Collin, vétérinaire en charge de l’enquête. « Il faut exclure au préalable d’autres causes type salmonellose, ehrlichiose, BVD hypervirulente…»


Les vaches malades ont toutes de la fièvre (40-41 °C) avec une chute de production pendant une dizaine de jours, mais « il pourrait y avoir des formes digestives et des formes respiratoires. Le virus pourrait aussi avoir un impact sur la reproduction, pas forcément imputable au virus lui-même mais à la fièvre. »


Deux points étonnent Eric Collin : « avec des signes aussi marqués que ceux signalés, comment se fait-il que l’année dernière on ne les ait pas vus ? » Et « ce sont toujours les mêmes signes qui sont observés chez les animaux malades d’un même troupeau. »


Autre fait marquant : « tous les troupeaux sont localisés dans des zones où il n’y a pas eu d’anomalies foetales liées à Schmallenberg. »


Même s’il reste beaucoup de questions en suspens (l’immunité est-elle durable ? Est-elle protectrice ? Le virus va-t-il rester stable ? etc), Eric Collin se dit plus préoccupé par l’apparition éventuelle d’autres maladies vectorielles comme la FCO que par Schmallenberg.


(1) une étude d’investigation sérologique et virologique est prévue quand c’est possible pour notamment contrôler la durée de virémie.

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