Quels effets du pâturage sur la santé des vaches ?
Les indicateurs de santé sont-ils différents dans les exploitations qui pratiquent le pâturage ? Telle est la question sur laquelle a planché la Févec, sur la base de données de santé concrètes recueillies sur 102 élevages.
Les indicateurs de santé sont-ils différents dans les exploitations qui pratiquent le pâturage ? Telle est la question sur laquelle a planché la Févec, sur la base de données de santé concrètes recueillies sur 102 élevages.
Le pâturage améliore la santé des vaches, ce n’est pas un scoop me direz-vous… Mais, plus original, une récente étude a cherché à mesurer plus concrètement les impacts bénéfiques du pâturage sur la santé des vaches, en s’appuyant sur des données factuelles relevées en élevage, telles que la consommation de médicaments et les interventions vétérinaires pour telle ou telle pathologie. Ce travail a été réalisé par la Fédération des éleveurs et vétérinaires en convention (Févec) en région Rhône-Alpes. Dans le cadre du suivi sanitaire de ses élevages adhérents, la Févec dispose effectivement d’une base de données contenant différentes variables concernant chaque élevage, ainsi que leur activité vétérinaire (visites, nombre, nature des actes vétérinaires…) et la situation sanitaire (consommations de médicaments, fréquence des pathologies…). L’étude porte sur les données 2018 de 102 élevages de la Loire et du Rhône, dont 24 en bio.
« Nous avons d’abord mis au point un indicateur synthétique permettant de qualifier objectivement le système d’exploitation en fonction de la part d’herbe pâturée dans l’alimentation des vaches laitières ", expose Philippe Sulpice, de la Févec. Les quantités journalières de matière sèche pâturée ont été estimées selon la règle retenue dans les suivis Patu’RA(1), à partir de la complémentation en fourrage à l’auge.
Qualifier la part de pâturage annuel dans l'alimentation
« Nous avons ensuite estimé la quantité d’herbe période par période, à partir des informations fournies par les éleveurs. » Cinq catégories de classement, allant du zéro pâturage au pâturage très développé (plus de 43 % d’herbe pâturée dans la ration de base annuelle totale), ont été établies.
Quels résultats observe-t-on ? Certaines interventions vétérinaires, notamment les actes liés au digestif et au métabolique, ainsi que la consommation globale en médicaments décroissent avec l’indice de pâturage. En particulier pour les médicaments à visée curative, les traitements pour l’infécondité et les diarrhées néonatales. La fréquence des boiteries sévères des onglons baisse également, même s’il est difficile d’attribuer cette diminution au seul effet du pâturage. Par contre, il n’y a pas d’effet en ce qui concerne le traitement des mammites.
Une première approche qui nécessite un travail complémentaire
Ce premier travail exploratoire donne quelques tendances, qui demandent à être confirmées dans la durée pour se prémunir de l’effet année, et sur un effectif plus grand. « La mise en évidence des effets bénéfiques du pâturage sur les indicateurs sanitaires des élevages est complexe, reconnaît Philippe Sulpice. Elle nécessite un ajustement sur de nombreux facteurs explicatifs de la situation sanitaire des élevages afin de s’affranchir des différents biais possibles. »
Émeline Bignon
Une meilleure longévité
La longévité moyenne, mesurée à travers le rang moyen de lactation des troupeaux, progresse avec l’indice de pâturage (2,7 en zéro pâturage et 3,5 chez les plus pâturants). La mortalité périnatale se réduit. Elle est quasiment de 11 % dans le groupe en zéro pâturage et quasi nulle dans le groupe qui pâture le plus. Parmi les pathologies multifactorielles évaluées dans le bilan sanitaire annuel, seule la fréquence des boiteries sévères (ayant fait l’objet d’un traitement curatif) décroît avec l’indice de pâturage.